Très courtisé par les studios hollywoodiens dans les années 80, Terry Gilliam se voit proposer la réalisation d'un film qui mêle prises de vues réelles et animation : "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?". Mais le réalisateur passe à son tour, pour s'en mordre les doigts ensuite...
Terry Gilliam, une longue liste de rendez-vous manqués
Le cinéaste anglais Terry Gilliam est aussi connu pour les films qu'il a faits que pour les projets qu'il n'a pas concrétisés. On lui doit notamment Monty Python : Sacré Graal, Brazil et L'Armée des douze singes, ou encore Las Vegas Parano et L'Imaginarium du docteur Parnassus. Et puis il y a les non-aboutis, comme par exemple l'adaptation de Watchmen en 1996, et la même année The Defective Detective, qui devait rassembler Nicolas Cage, Bruce Willis et Cameron Diaz. Surtout, il y a les films qu'il a refusés, dont certains réalisés par d'autres ont été des très grands succès.
Parmi ces projets déclinés par Terry Gilliam, on compte ainsi La Famille Addams, finalement mis en scène par Barry Sonnenfeld en 1991. Quelques années plus tard, il refuse la proposition de réaliser Forrest Gump, et celle de Braveheart... Il était aussi le premier choix de J.K. Rowling et des producteurs pour le premier film Harry Potter, ce que les studios Warner Bros. ont refusé, lui préférant Chris Columbus. Peu enclin à la méthode industrielle appliquée à la franchise, et aussi par rancune, il refuse à la fin des années 2000 l'offre pour réaliser Harry Potter et le Prince de sang-mêlé.
Mais il y a un film en particulier que Terry Gilliam a refusé, et pour lequel il a admis ensuite avoir regretté cette décision : le film culte mêlant prises de vues réelles et animation Qui veut la peau de Roger Rabbit ?
Le réalisateur refuse par "paresse"
À l'origine, l'adaptation du roman policier de Gary K. Wolf publié en 1981 semble être le projet parfait pour Terry Gilliam. En effet, celui-ci a débuté sa carrière comme illustrateur, caricaturiste et dessinateur. Particulièrement doué - il travaille notamment au milieu des années 60 avec René Goscinny pour le magazine Pilote -, ses talents de dessinateur l'amènent à travailler dans différentes publications en Angleterre, avant de devenir animateur pour les émissions et séries des comédiens avec qui il formera la troupe des Monty Python. Il devient alors, en plus de sa fonction d'animateur, acteur, scénariste et réalisateur.
Sa carrière solo l'éloigne des Monty Python et il réalise dans les années 80 Bandits, bandits, Brazil, Les Aventures du baron de Münchausen. Alors, quand arrive la proposition de réaliser Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, l'animateur devenu réalisateur refuse. Il l'expliquait ainsi en 1996 au magazine Empire, évoquant le volume de travail et son nouveau rapport à l'animation :
J'ai refusé celui-ci, mais ça n'a pas porté à conséquence (pour les studios, ndlr), parce qu'il n'y avait encore à ce moment que le livre, et je ne voulais pas revenir à l'animation. J'ai simplement lu le roman et dit : "C'est beaucoup trop de travail". Ça a été une pure paresse de ma part.
Terry Gilliam dit regretter cette décision, et on peut le comprendre. Même si Qui veut la peau de Roger Rabbit ? aurait été un film forcément différent que celui qu'on connaît, réalisé par Robert Zemeckis et produit par Steven Spielberg, son association entre le divertissement familial et le film noir correspondait parfaitement à l'univers du réalisateur, aussi créatif et inventif que sombre et pessimiste.