Dustin Hoffman livre l’une de ses interprétations les plus réussies dans "Rain Man". Pourtant, durant le tournage du drame de Barry Levinson où il donne la réplique à Tom Cruise, l’acteur était persuadé du contraire...
Rain Man : un tandem inoubliable
Plus gros succès au box-office mondial de l’année 1988 avec près de 355 millions de dollars de recettes, devançant ainsi Qui veut la peau de Roger Rabbit ? et Un prince à New York, Rain Man fait un triomphe aux Oscars l’année suivante. L’équipe repart de la cérémonie avec les trophées de Meilleur film, Meilleur scénario original, Meilleur réalisateur pour Barry Levinson et Meilleur acteur pour Dustin Hoffman.
Quasiment absent des écrans durant cette décennie après le succès de Tootsie, le comédien trouve l’un de ses rôles les plus célèbres grâce au long-métrage. La star prête ses traits à Raymond Babbitt, un autiste résidant dans une pension psychiatrique de Cincinnati dont son frère Charlie (Tom Cruise) n’apprend l’existence qu’après la mort de leur père, avec lequel il était brouillé depuis ses 16 ans.
Égoïste et égocentrique, ce jeune revendeur de voitures de luxe est profondément déçu lorsqu’il découvre que Raymond a hérité de la totalité de la fortune de leur paternel, à savoir trois millions de dollars. Sur un coup de tête et dans l’espoir de récupérer sa part du gâteau, le cadet décide donc "d’enlever" l’aîné de l’établissement dans lequel il séjourne depuis plus de 20 ans, chamboulant ainsi tous ses repères. Débute alors une traversée des États-Unis à bord d’une vieille Buick pour rejoindre Los Angeles. Un voyage qui permet aux deux frères d’apprendre à se connaître et s’apprivoiser.
Une longue gestation
Né d’une idée du scénariste Barry Morrow, Rain Man arrive dans les mains de Dustin Hoffman grâce à son agent Michael Ovitz. Le comédien se voit proposer le rôle de Charlie, mais n’est intéressé que par celui de Raymond, qu'il obtient. Connu pour demander des réécritures sur ses films, l’acteur met à rude épreuve la patience de Martin Brest, le réalisateur de Midnight Run et Le Flic de Beverly Hills, qui abandonne le projet.
Steven Spielberg lui succède, mais préfère finalement se consacrer à Indiana Jones et la Dernière Croisade à la demande de son ami George Lucas. Arrive ensuite Sydney Pollack, qui choisit quant à lui de se retirer en comprenant qu’il ne pourra imposer sa vision du script face à Dustin Hoffman. Déjà contacté alors qu’il planche sur Good Morning Vietnam, Barry Levinson accepte finalement de mettre en scène le long-métrage après deux ans de gestation.
Un acteur en plein doute
Lorsque le tournage débute enfin, Dustin Hoffman semble ne plus y croire. La star est même convaincue qu’il pourrait s’agir de sa pire interprétation. À deux doigts de jeter l’éponge, elle aurait même lancé à Barry Levinson trois semaines après le début des prises de vues, citée par IMDb :
Prends Richard Dreyfuss, trouve quelqu’un Barry, parce que c’est la pire œuvre de ma vie.
Le comédien a pourtant peaufiné sa préparation, en s’entretenant longuement avec Kim Peek, l’homme atteint du syndrome du savant qui a inspiré le personnage de Raymond Babbitt. Comme le raconte Thierry Chèze dans Les Films mythiques, il échange avec d’autres autistes, mais aussi avec des médecins.
Dustin Hoffman parvient à surmonter ses doutes pour livrer une performance unanimement saluée. Lors de la promotion française du film en 1989, l’acteur assure à Michèle Halberstadt pour Première :
Quand on analysera ma carrière, on se souviendra de moi pour deux rôles : Ratso Rizzo (le personnage de Macadam Cowboy, ndlr) et Rain Man. (…) Raymond est quelqu’un de renfermé, d’irascible, qui ne recherche pas l’affection et qui ne sait pas apprécier celle qu’on lui offre. Quelqu’un qu’on met du temps à aimer. (…) Avant tout, j’ai voulu le jouer parce que je savais qu’à travers lui, j’allais vivre une expérience humaine unique.
Au cours de cet entretien, le comédien se montre sans doute trop dur avec ses compositions. Ses rôles dans Le Lauréat, Little Big Man, Les Chiens de paille ou encore Marathon Man, pour ne citer qu’eux, sont également devenus cultes.