Alors qu'il traverse une période compliquée, James Cameron se lance simultanément dans l'écriture des scripts de "Rambo II : La Mission" et "Aliens, le retour". Son travail sur le premier est complètement modifié par Sylvester Stallone, qui transforme l'intrigue et l'évolution du personnage culte, raison pour laquelle le réalisateur préfère ne pas être associé à cette suite.
Rambo 2 : cette fois il y va pour gagner
Sorti trois ans après le premier volet de la franchise, Rambo II : La Mission fait prendre un virage caricatural au personnage culte incarné par Sylvester Stallone. Dans cette suite avec laquelle George Pan Cosmatos (Cobra, Leviathan) succède à Ted Kotcheff à la réalisation, le protagoniste n'est plus le vétéran traumatisé qui cherchait à fuir les ennuis dans la petite ville de Hope. Lorsque le colonel Trautman (Richard Crenna) fait appel au soldat alors qu'il effectue une peine de travaux forcés, ce dernier voit l'occasion de prendre sa revanche.
Sa mission : récolter des preuves de la présence de prisonniers américains au Vietnam. Et comme l'annonce l'affiche française originale "aucun homme, aucune loi, aucune guerre ne peuvent l'arrêter". John Rambo retourne au front, cette fois-ci "pour gagner", armé d'un bazooka et d'un arc tirant des flèches explosives. Sur place, le héros fait effectivement un massacre, affrontant notamment des ennemis russes mais aussi certains supérieurs hiérarchiques bien décidés à ne pas l'extraire de la zone de combat.
Julia Nickson, Charles Napier, Martin Kove et Steven Berkoff complètent la distribution du film, pour lequel les producteurs Mario Kassar et Andrew Vajna font appel à un jeune réalisateur et scénariste du nom de James Cameron pour écrire le script, après une première version de Kevin Jarre. À l'époque, le futur metteur en scène sort de l'expérience chaotique Piranha 2 : Les Tueurs volants, traverse une période de disette et cherche à concrétiser Terminator.
Deux projets écrits simultanément
James Cameron se lance donc dans l'écriture de Rambo II et d'Aliens, le retour. Dans le documentaire The Inspiration and Designs for Aliens, dévoilé en partie par Entertainment Weekly, le cinéaste se souvient :
Je me suis retrouvé avec deux contrats d'écriture le même jour. L'un était Rambo II : La Mission et l'autre Alien 2. (...) J'ai donc pris les deux emplois et j'ai eu une période de trois mois pour écrire Rambo et ce qui est devenu Aliens, le retour. Donc ce que j'ai fait, c'est que j'ai pris un bureau pour chaque scénario. J'en ai mis un dans la chambre et un dans le salon.
Une façon pour le jeune scénariste de s'organiser, de ne pas mélanger ses notes et de créer deux environnements de travail distincts. James Cameron écoute également des musiques différentes lorsqu'il passe d'un projet à l'autre. Lorsqu'il bloque sur l'un, le réalisateur se rabat sur l'autre pour ne pas perdre de temps. Et après cette période d'écriture intensive, le cinéaste voit malheureusement la plupart de ses idées pour Rambo II passer à la trappe.
Un scénario entièrement remanié par Sylvester Stallone
Dans le script de James Cameron, Rambo se trouve au départ dans un établissement psychiatrique. Isolé, il est traité avec crainte et dégoût par le personnel de l'institution. Une situation qui rappelle celle de Sarah Connor (Linda Hamilton) dans Terminator 2 : Le Jugement dernier. Comme beaucoup de ses propositions, cette introduction est modifiée par Sylvester Stallone. Le futur réalisateur de Titanic veut conserver l'esprit d'origine de Rambo et ne souhaite en aucun cas transformer le vétéran en héros belliqueux et revanchard. Cité par Allociné, il explique au magazine Mad Movies Classic pour le numéro Rambo, du premier au dernier sang :
Je suis arrivé assez tard sur le projet, mais je l'ai accepté parce qu'à l'époque, j'étais assez fasciné par le Viêtnam. À mes yeux c'était une guerre qui avait un côté étrange, presque surréaliste. (...) (Il n'était) pas question que le héros se mette à massacrer des gens parce qu'ils portent le mauvais uniforme.
"S'il prétend le contraire, il ment"
Le cinéaste déplore dans la foulée que "c'est exactement le film qu'ils ont fait". Sylvester Stallone ne garde que les scènes d'action, évacuant toute la portée morale du script de James Cameron. Assurant qu'il avait fait "un personnage plus réaliste" et "hanté", le réalisateur "préfère ne pas être trop associé" au long-métrage, ajoutant :
Le résultat final ne représente pas ce que j'avais écrit. Mon script était lui aussi assez brutal, mais pas de façon aussi immorale que dans le film. Ça aura au moins eu le mérite de m'apprendre qu'il peut être dangereux d'écrire quelque chose sur lequel on a plus aucun contrôle une fois qu'on l'a terminé, et je n'ai jamais refait la même erreur.
Auteur de l'ouvrage à l'origine de la franchise, David Morrell affirme quant à lui que le travail de James Cameron était "un lingot d'or" et s'en sert pour sa novélisation. Quant à Sly, il prétend que ses modifications dépassent largement l'aspect politique et que "la version de Cameron était bien plus sommaire". Il précise :
S'il prétend le contraire, il ment.