Durant la post-production de "Reservoir Dogs", son premier film, Quentin Tarantino a dû batailler contre Harvey Weinstein pour conserver une séquence phare au montage.
Reservoir Dogs : le premier coup de maître de Quentin Tarantino
Aidé par le vétéran Harvey Keitel qui accepte de coproduire le projet, Quentin Tarantino signe son premier long-métrage en 1992 avec Reservoir Dogs. Un film de braquage où l'on ne voit jamais le braquage...
Reservoir Dogs débute dans un café où plusieurs criminels réunis avant leur coup débattent de Like a Virgin de Madonna et de l'utilité de laisser des pourboires. Mr. White (Harvey Keitel), Mr. Pink (Steve Buscemi), Mr. Orange (Tim Roth), Mr. Blonde (Michael Madsen), Mr. Brown (Quentin Tarantino), Mr. Blue (Edward Bunker), l'organisateur Joe Cabot (Lawrence Tierney) ainsi que son fils Nice Guy Eddie (Chris Penn) se mettent ensuite en route pour effectuer le casse, qui vire au drame.
Après un véritable bain de sang, les survivants se retrouvent au point de ralliement, dans un entrepôt vide où ils tentent de comprendre comment la situation a pu dégénérer. Ils comprennent qu'ils pourraient bien avoir été trahis par une taupe infiltrée au sein du groupe, et commencent à se suspecter les uns les autres.
Harvey Weinstein voulait supprimer la scène de torture
Premier film de Quentin Tarantino, Reservoir Dogs est également sa première collaboration avec Harvey Weinstein. Le producteur est chargé de distribuer le long-métrage par le biais de sa société Miramax. Le mogul condamné à 23 ans de prison en 2020 après avoir été reconnu coupable de viol et d'agression sexuelle insiste pour que le réalisateur supprime une scène-clé du thriller. Il s'agit du moment culte durant lequel Mr. Blonde se lance dans une danse sur le morceau Stuck in the Middle with You de Stealers Wheel avant de torturer un policier, en lui coupant l'oreille à la lame de rasoir.
Lors de son passage dans le podcast The Joe Rogan Experience en juin 2021, Quentin Tarantino se souvient, cité par IndieWire :
Son raisonnement était le suivant : "Écoute Quentin, c'est un film que tout le monde peut regarder. Mais avec cette scène de torture, tu vas éloigner les femmes ; elles ne voudront pas voir ça. Donc tu mets vraiment ton film dans une petite case. Mais sans cette scène, n'importe qui peut aller voir ce film et tout le monde l'appréciera".
Il ajoute :
En (rejetant les souhaits de Weinstein), c'est en quelque sorte à ce moment-là que je suis devenu moi, parce qu'Harvey avait l'habitude de gagner ce genre de débats.
Le cinéaste a finalement gagné l'affrontement en rappelant au producteur que Reservoir Dogs avait déjà été présenté dans plusieurs festivals, et qu'il serait donc étrange de supprimer cette séquence. Un choix judicieux, puisque la scène en question s'est depuis imposée comme l'un des passages phares du film.