Si évidemment Sean Connery ne pouvait pas apparaître en tant que James Bond dans "Rock", Michael Bay a tout de même nourri son film de clins d'oeil. Avec quelques lignes de dialogues glissées ça et là et un dernier plan magique sur l'inoubliable interprète de 007, le réalisateur réussit un hommage subtil et émouvant.
Rock : quand Michael Bay recrute Sean Connery
Il n'aura échappé à personne que John Patrick Mason, personnage interprété par l'immense Sean Connery dans le film Rock de Michael Bay, entretient mille similitudes avec le grand rôle de la carrière de l'acteur écossais décédé le 31 octobre 2020 : James Bond. À cette triste occasion, le cinéaste avait d'ailleurs rendu un bel hommage à l'acteur. Mais son film de 1996 en était déjà un, riche de plusieurs références à l'agent 007.
S'il apparaît presque tard dans le film, autour de la 25e minute, John Patrick Mason est d'abord introduit par une discussion entre le directeur du FBI Womack (John Spencer) et le président de la Cour suprême (Philip Baker Hall). Puis encore entre Womack et l'agent spécial du FBI Paxton (William Forsythe), où sont détaillés ses faits d'armes. Une manière de préparer avec force son entrée et de lui conférer un statut légendaire.
Ancien agent des SAS (ex-services de renseignements anglais) - premier indice -, celui-ci est détenu depuis des décennies pour avoir dérobé et dissimulé de précieux microfilms contenant tous les secrets, ou presque, du gouvernement américain. Seul homme à s'être échappé d'Alcatraz, le FBI va avoir besoin de lui pour déloger le général Hummel et ses hommes d'Alcatraz. Tiré de sa cellule, la barbe mal taillée et les cheveux très longs, il va vite retrouver de sa superbe et un beau costume, façon Bond évidemment.
De multiples références à James Bond
Utiliser Sean Connery dans un film d'action et dans la peau d'un ancien agent secret anglais est déjà, en soi, une inévitable et explicite référence à 007. Sean Connery a en effet tenu le rôle de James Bond officiellement six fois. De James Bond contre Dr. No en 1962 à Les Diamants sont éternels en 1971, et une ultime et septième fois dans le non-officiel Jamais plus jamais en 1983. De l'avis quasi unanime, il est le meilleur interprète du personnage. Et dès sa rencontre avec l'agent du FBI Stanley Goodspeed (Nicolas Cage), avec qui il va faire équipe dans Rock, il reprend ainsi une réplique qu'il donnait dans Les Diamants sont éternels : "But of course you are" (à 0'14 dans les deux extraits ci-dessous).
Bien plus tard, alors qu'ils viennent de s'échapper de la morgue d'Alcatraz, on les retrouve dans les canalisations. Stanley Goodspeed demande à John Patrick Mason comment il s'y prend pour tuer aussi facilement. Celui-ci lui répond alors, avec un flegme tout britannique :
J'ai été formé par les meilleurs. Les services secrets anglais. Mais à la réflexion j'aurais préféré être poète. Ou fermier.
Une ultime référence dans la mise en scène de la séquence finale
Caractériser ainsi le personnage et lui fournir des lignes de dialogue qui font les clins d'oeil à James Bond est une chose, mais offrir une référence dans la mise en scène et le cadrage d'un plan en est une autre. Et c'est là que Michael Bay fait très fort. En effet, à la fin du film, alors qu'ils ont rempli leur mission et que John Patrick Mason vient (encore) de sauver Stanley Goodspeed, l'ancien James Bond s'éloigne pour disparaître une bonne fois pour toutes.
Il apparaît alors dans un cadre rectangulaire, un plan à la géométrie différente mais finalement semblable dans son intention au fameux "Gunbarrel shot", signature des séquences d'ouverture des films 007.
Un dernier plan, duquel il disparaît dans les secondes qui suivent, laissant Stanley Goodspeed seul pour poursuivre l'aventure, comme Sean Connery quitterait définitivement son rôle d'action hero pour laisser sa place à d'autres. D'autres comme Nicolas Cage par exemple, qui enchaînera l'année suivante avec Les Ailes de l'enfer et Volte/Face. Un plan pour rendre hommage à l'acteur et à la légende du cinéma qu'était ainsi Sean Connery.
Pour les fans de Rock, on ne saurait qu'enfin trop recommander ce thread ci-dessous de Robert Hospyan, scénariste et critique, qui s'est livré à un beau travail d'analyse du film.