Retour sur un film de guerre sombre qui tranche avec ce qu'on voit dans les trois trilogies. Pour donner du réalisme à certaines scènes, la production n'a pas hésité à faire appel à de vrais soldats !
Quand Lucasfilm et Disney s'entendent pour relancer la franchise Star Wars avec une troisième trilogie, une autre idée germe. Pour approvisionner le public entre les épisodes, des spin-offs sous-titrés A Star Wars Story devaient prendre les créneaux libres. Avec ce plan, le studio s'assurait une omniprésence dans les salles. Mais rien n'a fonctionné comme prévu. Les gros problèmes rencontrés lors de la conception et la sortie de Solo ont enrayé la machine. Avant ce préquel sur la jeunesse d'un des héros les plus connus de la galaxie Star Wars, Gareth Edwards avait fait Rogue One.
Le film profite d'un trou entre les épisodes 3 et 4 pour raconter comment un groupe de rebelles arrive à s'emparer des plans de l'Étoile de la Mort. Une mission totalement suicidaire, qui permet au réalisateur de Godzilla de composer un objet différent de ce qu'on voit d'habitude dans Star Wars. Le ton, ici, est plus sombre. Nous sommes dans le pur film de guerre, avec des grosses scènes de bataille, sans que des jedi ne viennent frimer avec leur sabre laser.
Quand l'armée se fait une place sur le tournage de Rogue One
Et pour que Rogue One dégage une impression de réalisme, l'équipe du film n'a pas eu meilleure idée que d'aller chercher de vrais soldats pour qu'ils participent au tournage. Non pas à titre consultatif mais pour les faire jouer ! Évidemment, il ne s'agissait pas de leur filer des répliques ou qu'ils s'accaparent des plans. L'armée britannique a donc été sollicitée mais il fallait d'abord trouver des volontaires. Une fois que ça a été fait, une quarantaine de soldats professionnels se sont rendus sur le plateau de Rogue One avec, cependant, quelques ordres bien précis. S'ils ont été briefés sur comment ils devaient se comporter dans le feu de l'action, la production a fait en sorte de restreindre leur liberté. Par exemple, impossible pour eux d'avoir leur téléphone afin de ne pas pendre des photos qui pourraient fuiter sur le net. On leur avait aussi interdit de côtoyer les stars entre les prises et, pour tout cadenasser, chacun a été obligé de signer une clause de confidentialité lui interdisant de dévoiler ce qu'il avait fait.
Pas question de prendre cette opportunité comme un moyen de s'amuser, la production de Rogue One ne voulait pas rigoler. Mais imposer des limites à des soldats ne va pas contre leur nature. Au contraire, de par leur entraînement et leur formation, ils sont formatés pour respecter les règles. Ceci dit, ces conditions comprises, l'expérience devait valoir le détour. Star Wars est une licence ancrée dans l'imaginaire collectif. C'est presque un rêve de gosse de se retrouver dans cette situation. Dans un milieu qui peut s'avérer compliqué, on imagine que cette petite parenthèse doit être une bouffée d'air frais pour les élus.
Cette anecdote rend Rogue One encore plus sympathique qu'il ne l'est déjà. Gareth Edwards ne trahit pas son style. On sent, comme dans Godzilla et Monsters, qu'il aime positionner sa caméra à la hauteur de ses personnages pour saisir l'ampleur de la situation. La mise en scène nous place au centre de l'action pour nous en faire sentir la dureté. Chose qui n'est pas toujours palpable dans les films Star Wars, malgré le fait que ce ne soit pas un frein au plaisir. Jusque dans son final tragique, la violence est, de manière inédite, plus difficile à digérer pour le spectateur. En résulte un spin-off qui est loin de faire déshonneur à la marque et qui fait ce qu'il a à faire, avec une humilité rafraîchissante.