Présenté au Festival de Cannes Hors Compétition, "Rumours" en a fait rire plus d'un. Une comédie satirique sur les dirigeants du monde, portée par un beau casting, dont Cate Blanchett et Denis Ménochet.
Rumours : panique au G7
Il fallait bien de quoi se détendre un peu le samedi 18 mai au 77e Festival de Cannes, alors qu'étaient présentés en Compétition le film chinois Caught by the Tides de Jia Zhangke, et le nouveau Jacques Audiard, Emilia Perez. Pour cela, la comédie satirique Rumours (Hors compétition) n'a pas fait défaut. Réalisé par Galen Johnson, Evan Johnson et Guy Maddin, le film a provoqué l'hilarité des personnes présentes dans la salle, lors de la projection presse. Et ce, dès l'affichage des interprètes et de leurs rôles respectifs, ainsi que du texte introductif donnant une idée de la tournure du long-métrage.
C'est en effet en s'inspirant des dirigeants des sept nations composant le G7 et de leurs réunions annuelles pour gérer les crises, que les cinéastes ont imaginé leur comédie. Pour incarner ces dirigeants, leur casting s'avère parfait. Avec Cate Blanchett en représentante de l'Allemagne, Denis Ménochet en président français, ou encore Charles Dance en président des États-Unis. Avec eux s'ajoutent Roy Dupuis (Canada), Nikki Amuka-Bird (Royaume-Uni), Takehiro Hira (Japon) et Rolando Ravello (Italie). L'ironie faite sur les véritables leaders est évidente rien qu'avec ces choix d'interprètes, tous excellents.
Une satire fantastique
Ce petit groupe se retrouve donc pour discuter d'une déclaration préliminaire sur une crise mondiale. Mais encore faudrait-il identifier cette crise... C'est d'abord au cours d'un repas que les dirigeants se mettent à brasser de l'air, utilisant toute forme de rhétorique pour donner l'impression d'avancer. La qualité d'écriture est indéniable dans Rumours, car il n'est pas si aisé de mettre en scène des conversations construites sur du vide. Tout le concept du film repose sur cet art de parler pour ne rien dire. Un concept qui a ses limites malgré tout sur un long-métrage de 2 heures, qui aurait mérité d'être resserré. Mais qu'importe, car encore une fois, on ne compte plus les passages hilarants.
Que ce soit en poussant les clichés des traits de caractères de chacun : le Français barbant qui se croit plus intelligent que tout le monde, le Canadien bellâtre et trop sensible, l'Italien constamment à la ramasse, ou encore le vieil Américain en fin de parcours et nostalgique. En parodiant des codes de différents genres de cinéma : le polar paranoïaque en noir et blanc, le soap opéra avec saxo ringard en fond sonore ou encore le cinéma fantastique des années 80. Ou en mettant les protagonistes dans une situation volontairement ridicule : après le réveil de momies vieilles de 2000 ans, les dirigeants sont livrés à eux-mêmes au milieu d'une forêt.
Rumours moque donc l'inaction des grandes nations face aux crises mondiales, et leur habilité à tourner les choses en leur faveur grâce à de beaux discours. On pense à la crise climatique actuelle, mais cela s'applique à bien d'autres, tandis que le long-métrage évoque des précédents sommets. Le tout avec de belles propositions de mise en scène, tantôt envoutantes, tantôt orgasmiques, à l'image de sa conclusion aussi délirante qu'inquiétante quand on pense à la faculté de nos leaders à apaiser les foules par le panache plus que par les actes.
Rumours était présent au 77e Festival de Cannes Hors Compétition. Le film sortira prochainement.