Dans "Sang froid", Liam Neeson incarne un père meurtri qui se lance dans une croisade vengeresse après le meurtre de son fils. Durant la promotion du long-métrage, le comédien crée la polémique et est accusé de racisme après s’être confié sur un épisode de sa vie survenu environ 40 ans plus tôt, au cours duquel il a failli céder à des pulsions de violence.
Sang froid : vengeance polaire
Avec Sang froid, sorti en 2019, Hans Petter Moland propose un remake américain de son film Refroidis. Le cinéaste offre à Liam Neeson un rôle de justicier atypique. Le comédien incarne Nels Coxman, "citoyen de l’année" de la station de ski de Kehoe, dans le Colorado. L’existence tranquille de ce conducteur de chasse-neige et de sa compagne Grace (Laura Dern) bascule lorsque leur fils succombe à une overdose d’héroïne.
Sur le point de mettre fin à ses jours, Nels apprend que son fils a en réalité été assassiné par les membres d’un cartel dirigé par un caïd surnommé Viking (Tom Bateman). Il se lance dans une quête vengeresse et provoque une escalade de violence entre deux gangs rivaux.
Emmy Rossum, John Doman, William Forsythe, Domenick Lombardozzi et Julia Jones complètent la distribution de ce polar, où les morts s’enchaînent sur des touches d’humour noir réjouissantes. Hans Petter Moland parvient à développer une multitude de personnages. Pour cela, il n’hésite pas à relayer le héros au second plan. Fragile et hésitant, Liam Neeson trouve ici un rôle qui s’éloigne des archétypes infaillibles du cinéma d’action qu’il a interprétés depuis Taken.
Des propos qui créent la polémique
Dans Sang froid, Nels Coxman hésite avant de faire justice lui-même et se retrouve très vite dans un engrenage infernal. Ce quidam s’enfonce dans une spirale meurtrière qu’il n’aurait jamais soupçonnée à la suite d’un terrible drame. Un protagoniste dont le manque d’assurance est à mille lieues du Hannibal de L’Agence tous risques et de ses plans sans accroc, ou des "compétences particulières" de Bryan Mills.
Au cours de la promotion du long-métrage, Liam Neeson évoque le fait qu’une personne puisse basculer dans la violence après la perte d’un proche. Lors d’une interview pour The Independent, l’acteur assure avoir lui-même été animé par un sentiment de vengeance, après avoir appris qu’une amie avait été victime d’un viol. Il raconte alors :
J'ai demandé : savait-elle qui a fait ça ? Non. De quelle couleur ils étaient ? Elle a répondu que c'était une personne noire. J'ai honte de le dire, j'ai parcouru les rues avec une matraque, en espérant être approché par quelqu'un. J'ai fait ça pendant peut-être une semaine, en espérant qu'un 'bâtard noir' sortirait d'un pub pour me chercher des noises. Comme ça j'aurais pu…
Le comédien ajoute :
Le tuer. C'est horrible, horrible, quand j'y repense, d'avoir fait ça.
La star conclut que la violence n’engendre que la violence, et "plus de meurtres". Des propos qui suscitent une vague d’indignation.
"Je ne suis pas raciste"
De passage peu de temps après dans l’émission Good Morning America, Liam Neeson clarifie ses déclarations. Il assure notamment :
Je ne suis pas raciste. C’était il y a près de quarante ans.
Il affirme qu’il aurait "ressenti la même chose" peu importe la nationalité de l’agresseur de son amie. Dans la foulée, d’autres comédiens s’expriment sur la polémique. C’est par exemple le cas de Whoopi Goldberg. Elle prend la défense de son confrère à la télévision en arguant, citée par Europe 1 :
Les gens déambulent parfois avec de la rage. C'est ce qui est arrivé. Est-il rempli de haine ? Non. Je le connais depuis un certain temps. Je pense que je m'en serais rendu compte, j'ai été entouré de beaucoup de vrais haineux. (...) Vous ne pouvez pas être surpris que quelqu'un dont un proche est attaqué soit énervé et veuille sortir et attaquer.
De son côté, Terry Crews déclare que Liam Neeson a avant tout voulu expliquer comment il s'est senti "tiraillé".