"Sans rien savoir d'elle" (1969) sort enfin en salles en France. Un drame romantique superbe de Luigi Comencini, porté par Paola Pitagora et Philippe Leroy, et accompagné par la musique d'Ennio Morricone.
Sans rien savoir d'elle, un beau film méconnu de Luigi Comencini
Cinq ans après La ragazza (1964), Luigi Comencini proposa avec Sans rien savoir d'elle (1969), titré Senza sapere niente di lei en VO, un autre superbe portrait de femme. Dans le premier sité, Claudia Cardinale était éblouissante. Ici, c'est Paola Pitagora qui captive. Celle-là même qui quelques années plus tôt se révélait dans le premier long-métrage de Marco Bellocchio, Les Poings dans les poches (1965). Dans Sans rien savoir d'elle, l'actrice interprète Cinzia, recherchée par un enquêteur. Sa mère venant de mourir juste avant l'expiration de son assurance vie, des doutes persistent sur les conditions de la mort de la vieille dame. Et alors que le reste de sa famille se montre pressante pour encaisser l'héritage, Cinzia reste introuvable. Nanni, l'enquêteur, va néanmoins parvenir à remonter une piste et découvrir une femme attachante, fragile et instable.
Une romance impossible portée par Paola Pitagora
Tout au long de sa carrière, Luigi Comencini a su œuvrer dans différents genres, et on retrouve dans Sans rien savoir d'elle cette habilité à passer du film d'enquête à une romance, en apparence légère et quasi érotique, qui ne pourra que virer au drame - Nanni commettant une faute professionnelle en devenant acteur de la vie romantique de Cinzia, tel le personnage de James Stewart dans Vertigo (1958). Dès la filature de Cinzia, la qualité de la mise en scène de Comencini se ressent. Le cinéaste capte notamment le visage de Paola Pitagora au milieu d'une foule d'hommes, et il fait d'elle une créature isolée au milieu d'un brouhaha visuel, ainsi que dans les rues italiennes qui si larges grâce à l'utilisation du Cinémascope.
On retrouve enfin cette isolation de Cinzia lors de la première rencontre entre les deux personnages. Dans la voiture de Nanni, le visage de Cinzia restant en partie hors du cadre de Luigi Comencini pour maintenir le mystère autour d'elle. Ainsi, tandis que l'enquête de Nanni devient secondaire, le caractère complexe de Cinzia se révèle, et elle en vient à bouleverser lors d'une tentative de suicide choquante. Après avoir mis en valeur la beauté de Paola Pitagora, dont chaque regard frappe le spectateur, Comencini prend la romance à contre-pied en faisant baigner son film dans le sang. Une scène symbolique de la passion qui anime Cinzia et Nanni, en dépit de leurs différences, et mise à mal par l'univers extérieur - la famille de Cinzia et les questions d'héritage.
Resté jusqu'à présent inédit en France, Sans rien savoir d'elle sort enfin en salles. À ne pas manquer, à partir du 4 décembre.