"Saw" est l'un de ces films qui ont coûté peu d'argent et qui sont des véritables cartons au box-office. Comment James Wan et Leigh Whannell sont-ils arrivés à monter ce petit miracle qui a lancé une saga à rallonge. Retour sur la mise au monde d'un petit classique du cinéma d'horreur.
Le miracle Saw
Dans son morceau fleuve "Notes pour plus tard", Orelsan lance un message à la nouvelle génération et dit "Si tu veux faire des films, t'as juste besoin d'un truc qui filme/Dire "j'ai pas d'matos ou pas d'contacts", c'est un truc de victime". Des mots qui peuvent motiver les apprentis réalisateurs ne sachant pas comment se lancer dans ce milieu compliqué. L'exemple de James Wan avec Saw appuie les propos du rappeur. Ce petit film d'horreur tout modeste a rapporté environ dix fois la somme investie. Rendez-vous compte, pour une mise de 1.2 million de dollars, c'est 103 millions qui ont été remportés au box-office mondial. Une rentabilité après laquelle n'importe quel producteur court.
L'histoire de ce polar tient sur un argument malin et diabolique. Un tueur confronte ses victimes à des dilemmes insoutenables, avec souvent une conclusion dramatique à l'arrivée. C'est le cas de deux hommes qui se réveillent enchaînés dans une salle de bains. Ils ne savent pas comment ils sont arrivés dans cette situation. Pour s'en sortir, le diabolique Jigsaw leur laisse quelques heures pour que l'un tue l'autre. Seul moyen pour s'en sortir, sinon les deux y passeront. En parallèle, la police enquête sur une série de meurtres complexes.
James Wan, à la réalisation, a signé une carte de visite qui lui ouvre en grand les portes d'Hollywood. Un long-métrage inaugural qui l'a conduit à être l'un des maîtres du cinéma d'horreur contemporain. Tout n'était pas gagné d'avance quand on remonte aux origines de Saw. Le réalisateur rencontre Leigh Whannell lors de ses études en Australie. Les deux hommes partagent une attirance commune pour le cinéma de genre. On le sait, les écoles permettent de se créer un réseau, au-delà de délivrer du savoir. Quand ils en sortent avec leur diplôme en poche, les deux garçons veulent passer à la pratique. Comment y arriver sans matériel ni budget ? Qui accepterait de les financers alors qu'ils ne représentent rien dans l'industrie ?
Des jeunes loups avec des idées
La découverte de Projet Blair Witch va être un déclic pour le tandem. Si Daniel Myrick et Eduardo Sánchez ont pu sortir un tel classique avec trois francs et six sous (60 000 dollars, en réalité), pourquoi ne pourraient-ils pas eux aussi ? Leur vient l'idée miraculeuse de Saw, un film pensé comme un huis clos sordide. L'unité de lieu permet de ne pas s'égarer et de maximiser un budget faible. Budget qu'ils ne trouvent pas après avoir proposé le projet à des producteurs. En clair, personne ne veut d'eux. Direction Hollywood pour ces deux Australiens, qui démarchent d'autres producteurs avec un court-métrage servant à présenter l'idée, le pitch, l'univers visuel... L'idée de génie est là. James Wan va réaliser ce petit film de quelques minutes avec leurs économies, une caméra 16mm et Leigh Whannell dans le rôle principal. Ce Saw condensé reprend le piège à loup inversé auquel a droit Amanda dans le long-métrage.
Leur coup de poker fonctionne et ils décrochent un budget d'1.2 millions de dollars pour tourner une version plus longue. L'intrigue s'en retrouve agrémentée de plein d'éléments. Le méchant Jigsaw fait son apparition (la poupée était déjà introduite), les policiers sont plus présents avec une enquête globale, d'autres pièges sont inventés. Quant à Leigh Whannell, il gardera son rôle devant la caméra. La suite, vous la connaissez. Une saga débute et nous n'avons pas encore fini d'en entendre parler avec le film Spirale : l'héritage de Jigsaw.
On a souvent mis en avant James Wan avec la réussite de Saw mais cette expérience a été le début d'une collaboration avec Leigh Whannell. Les deux hommes ne se quittent plus quand il s'agit d'horreur, avec un changement dans leurs rapports quand James Wan proposa à son ami de diriger Insidious : Chapitre 3, sa première réalisation. Il a aujourd'hui rattrapé son compère avec l'excellent Invisible Man. Son ascension n'est pas terminée : il devrait signer le remake de The Wolfman, avec Ryan Gosling, pour le compte d'Universal.