Pour fêter comme il se doit les 40 ans de "Scarface", retour sur ce film culte très mal accueilli à sa sortie avant de devenir une référence. Le film est actuellement disponible sur Netflix.
Scarface, 40 ans après
Voilà 40 ans que Scarface est sorti en salles en France, le 7 mars 1984. Et pourtant, le film (actuellement disponible sur Netflix) n'a aujourd'hui pas pris une ride. Mieux, voilà des années que le chef-d'œuvre de Brian De Palma est considéré comme un film culte, malgré des retours désastreux à sa sortie originale. Il faut dire que le cinéaste a souvent vu ses œuvres être mal interprétées et mal accueillies, avant d'être réhabilitées par la suite. Scarface n'y a pas fait exception et a même valu au cinéaste une nomination au Razzie Award du Pire réalisateur. Cela aurait pu être pire pour le film, qui a également échappé de peu à une classification X aux États-Unis, ce qui l'aurait encore plus enterré au box-office.
À la place, Scarface s'en est tiré avec une interdiction aux moins de 17 ans. Son succès ne s'est ensuite pas fait en salles, ni auprès d'une partie de la presse de l'époque qui s'est insurgée devant la violence du long-métrage. Pour rappel, dans ce remake du film d'Howard Hawks, on suit Tony Montana, un immigré cubain qui débarque à Miami. Ne voulant plus se contenter de petits boulots mal payés, il va d'abord faire le sale boulot de criminels avant de grimper les échelons et de devenir le patron de tout un empire construit sur le trafique de drogues.
Un public choqué puis admiratif
Avec un tel sujet, et Brian De Palma aux commandes, Scarface n'est évidemment pas avare en scènes violentes. Il y a par exemple la séquence de la tronçonneuse qui en a choqué plus d'un, tout comme les innombrables fuck que lâche Al Pacino tout au long du film. Le plus mémorable restant celui de la fusillade finale, dirigée par Steven Spielberg, et à la fin de laquelle Tony se lâche : You want to fuck with me, you fuck with the best !
Scarface a néanmoins gagné en popularité au fil des ans. Devenant une œuvre de la culture populaire, le film est une référence dans le rap et le hip hop. Et Tony Montana est même devenu une sorte d'emblème pour certains petits truands qui y ont vu un modèle à suivre. Brian De Palma évoquait d'ailleurs ce phénomène lors de ses entretiens avec Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud :
Chaque fois que je me rends en Floride je peux mesure l'impact du film sur les mentalités. (...) Aujourd'hui ça grouille d'hispanos en chemises à fleurs, la drogue est partout, exactement comme dans Scarface. Je suis retourné à Miami une fois et on m'a emmené dans une discothèque. On se serait cru au Babylone Club. Il y avait des saladiers pleins de cocaïne, des gangsters dans tous les coins. Je suis l'idole de ces types vous savez.
Culte à tous les niveaux
Pourtant, Brian De Palma ne fait en aucun cas l'éloge de ce criminel. Au contraire, le cinéaste indique constamment que Tony fait les mauvais choix qui mèneront à sa perte. Comme en allant séduire Elvira (Michelle Pfeiffer), pourtant en couple avec un plus gros bandit que lui. Et après cela, ce sera une descente aux enfers pour Tony qui blessera ses proches et perdra ses êtres les plus chers avant de s'écrouler avec son empire. Reste que pour certains issus de l'immigration, voir ce réfugié cubain grandir de la sorte était comme une lueur d'espoir. Cette population s'y retrouvant dans la symbolique et dans le sentiment de rejet initial du personnage.
Enfin, notons que pour Scarface, la VF et le doublage d'Al Pacino par Sylvain Joubert ont été grandement appréciés. Une version qui a participé, là aussi, à rendre le film mémorable en France. Le long-métrage marqua les esprits par ses images et ses dialogues, sans oublier sa bande-originale qui mêle chansons pop et les compositions instrumentales de Giorgio Moroder.