Ed Zwick, l'un des producteurs du célèbre long-métrage "Shakespeare in Love", revient sur l'attitude de la comédienne Julia Roberts, initialement castée dans le rôle principal.
Shakespeare in Love : romance d'une nuit d'été
Sorti en 1999, Shakespeare in Love réalisé par John Madden se déroule en 1593. On y rencontre un jeune dramaturge sans le sou, William Shakespeare (Joseph Fiennes). Malgré son talent, ce dernier croule sous les dettes et doit rendre sans tarder une nouvelle pièce à Henslowe, son commanditaire. William lui promet un nouveau projet : Romeo et Ethel, la fille du pirate, dont il n'a en réalité pas plus de matière que le titre.
En parallèle, on découvre Lady Viola (Gwyneth Paltrow) grande admiratrice du jeune auteur. Elle rêve de devenir comédienne, mais la profession est exclusivement masculine. Faisant fi des convenances, elle se grime alors en homme et décroche le rôle principal masculin. Shakespeare ne tarde pas à comprendre la supercherie, et ne peut s'empêcher de tomber fou amoureux de son interprète...
Pour un budget de 25 millions de dollars, Shakespeare in Love en a rapporté plus de 289 au box-office mondial. En plus de ce succès financier, le long-métrage a également été nommé à treize reprises aux Oscars et a remporté sept prix dont ceux de Meilleur film, Meilleure actrice pour Gwyneth Paltrow, Meilleure actrice dans un second rôle pour Judi Dench et Meilleur scénario original pour Marc Norman et Tom Stoppard. Un raz de marée pour ce film produit par Harvey Weinstein qui n'a pas manqué d'éveiller des soupçons...
Daniel à tout prix
Ed Zwick, producteur du film de John Madden, a récemment rédigé un essai pour Air Mail, dans lequel il revient sur la préparation du film. Il commence par y révéler que les studios Universal n'ont daigné investir dans Shakespeare in Love que lorsque Julia Roberts a montré de l'intérêt pour la partition de Lady Viola, au début des années 1990. L'actrice, âgée de vingt-quatre ans à l'époque, a donc rejoint le projet.
Il fallait ensuite trouver son partenaire de jeu, et la jeune femme avait une idée fixe en tête : Daniel Day-Lewis. Malheureusement, ce dernier était d'ores et déjà engagé sur un autre projet, Au nom du père. Après l'avoir annoncé à Julia Roberts, très déçue, les auditions ont repris avec un certain Ralph Fiennes. Seulement, sa partenaire de jeu s'est montrée très fermée durant leurs essais comme s'est remémoré le producteur :
Je ne dis pas qu'elle sabotait délibérément, mais c'était tout de même désastreux.
Par la suite, aucun des comédiens, de Hugh Grant, Rupert Graves à Colin Firth en passant par Sean Bean et Jeremy Northam ne trouvèrent grâce aux yeux de la star.
Un départ en trombe
Finalement, l'espoir revient pour Shakespeare in Love quand Julia Roberts accepte de donner la réplique à Paul McGann. Mais, alors que la jeune femme arrive, "radieuse", dans son costume, c'est le drame.
Quelque chose a cloché quand elle a commencé à parler.
Selon Ed Zwick, le souci venait de la comédienne, qui n'avait visiblement pas travaillé son accent. Le producteur confie regretter de lui avoir laissé sentir son "propre malaise" et d'avoir "sous-estimé son manque de confiance en elle". Selon lui, la pression sur les épaules de la nouvelle coqueluche d'Hollywood était trop forte. Le lendemain matin, Roberts rentrait aux Etats-Unis et quittait le projet.
Tom Pollock, dirigeant à l'époque des studios Universal, a annoncé au producteur avoir déjà dépensé six millions de dollars sur le film. Zwick révèle lui avoir assuré qu'il parviendrait à convaincre l'actrice de revenir, mais l'histoire en a décidé autrement. Finalement, ce sont Joseph Fiennes et Gwyneth Paltrow qui ont obtenu les rôles principaux, des années plus tard.
Au sujet de sa relation avec Roberts, Ed Zwick se montre on ne peut plus clair :
Je n'ai plus jamais parlé à Julia.
Sur une note positive, le producteur assure ne pas en vouloir à la star. Il insiste sur le fait qu'elle était jeune et effrayée. De son propre aveu, lui-même n'en menait pas large en tant que jeune producteur sur cet ambitieux projet.