L'actrice Sharon Stone, icône hollywoodienne des années 90, estime être devenue "l'actrice invisible" et n'avoir obtenu aucun rôle intéressant depuis sa performance dans "Casino" de Martin Scorsese, sorti en France en 1996.
Sharon Stone règle ses comptes
Tout le monde connaît Sharon Stone, et tout le monde connaît les rôles inoubliables qu'elle a tenus. Si déjà elle se faisait remarquer - sans certes beaucoup "jouer" - dans les années 80, c'est sous la direction de Paul Verhoeven qu'elle devient une icône et une actrice de cinéma reconnue, avec Total Recall en 1990 puis Basic Instinct en 1992. Deux rôles où elle tient tête à deux grandes stars masculine de l'époque, respectivement Arnold Schwarzenegger et Michael Douglas, et qui font d'elle une superstar.
La consécration arrive en 1995, quand elle incarne, face à Robert De Niro, la prostituée Ginger McKenna dans Casino de Martin Scorsese, soit peut-être le plus grand rôle féminin dans la filmographie du cinéaste, avant que Lily Gladstone ne rebatte les cartes dans Killers of the Flower Moon. Pour cette performance, qui fait de l'ombre à celles de Robert De Niro et Joe Pesci, Sharon Stone reçoit le Golden Globe de la meilleure actrice. Et Casino est nommé une seule fois à la 68e cérémonie des Oscars, grâce à son actrice qui concourt dans la catégorie Meilleure actrice.
"Tu ne vas pas gagner l'Oscar"
Cependant, sous ses airs de triomphe, cette consécration va comme prendre la forme d'une malédiction. En effet, si elle continue d'apparaître à l'écran, c'est dans des projets bien moins prestigieux. Sharon Stone elle-même le dit, allant jusqu'à déclarer lors d'une conversation avec le journaliste Louis Theroux n'avoir obtenu "aucun bon rôle depuis Casino". Elle s'explique, remontant à l'avertissement donné par Francis Ford Coppola en amont des Oscars 1996.
Francis a posé sa main sur mon épaule et m'a dit : "Je dois te parler. Tu ne vas pas gagner l'Oscar". Je l'ai regardé et j'ai dit "Ah bon ?", je pensais que j'allais me mettre à pleurer, et Francis a dit :
"Je veux que tu aies envie de pleurer maintenant, je ne veux pas que tu pleures pendant la cérémonie, voilà pourquoi je te le dis, et je sais que ça a l'air méchant. Mais je n'ai pas gagné pour "Le Parrain" et Marty n'a pas gagné pour "Raging Bull", et tu ne gagneras pas pour "Casino". Et c'est parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'on fait. Ils ne veulent pas nous laisser gagner parce qu'ils ne veulent pas qu'on change le système. Ce n'est pas le niveau de films qu'ils veulent. Ta performance résistera au temps. Et quand tu perdras, Marty et moi on sera là, et tu perdras avec nous. Et quand tu perdras, on te serrera fort."
Et à partir de là, je n'ai plus jamais eu un bon rôle de tout le reste de ma vie.
"Je déteste ça"
Louis Theroux, imaginant que Sharon Stone puisse être dans l'exagération, lui fait part de son incrédulité, déclarant qu'il est sûr qu'elle a depuis eu de bons rôles dans de bons films. L'actrice persiste :
Non, et vous savez quoi ? Je déteste ça. C'est facile de dire : "elle est froide", ou "je ne l'aime pas", ou "elle est difficile", ou "elle doit être malade", ou "elle est trop vieille", ou "elle est difficile à caster", ou "on ne sait pas quoi faire avec elle". Et puis : "qu'est-ce qui se passe si elle sort une nouvelle grande performance et qu'elle est nommée à la place de Robert De Niro ? Ce n'est pas ce qu'on veut."
Est-ce que quelqu'un m'a remarqué dans "Lovelace" ? C'était une bonne performance. Quelqu'un l'a remarqué ? Non. Est-ce que vous voyez une reconnaissance pour tout ce que j'ai fait depuis ? Non. Je suis l'actrice invisible. Je déteste ça. Je pourrais jouer Hamlet à poil... Je déteste ça. Il n'y a rien.