Showgirls : comment le film sulfureux a brisé la carrière d'Elizabeth Berkley

Showgirls : comment le film sulfureux a brisé la carrière d'Elizabeth Berkley

À sa sortie, le sulfureux "Showgirls" est massacré par la critique et boudé par le public, avant d'être réhabilité vingt ans plus tard. Un accueil glacial qui a eu un impact néfaste sur la carrière d'Elizabeth Berkley, rejetée d'Hollywood pendant des années.

Showgirls : very bad trip

Après le succès du thriller Basic Instinct, Paul Verhoeven poursuit son expérience hollywoodienne et refait équipe avec le scénariste Joe Eszterhas pour un autre film sulfureux. Sorti en 1996 en France, Showgirls débute avec l'arrivée de Nomi Malone (Elizabeth Berkley) à Las Vegas, où elle rêve de faire carrière en tant que danseuse.

Elle découvre très vite un univers cruel et pervers, où la compétition est rude et où les vedettes sont rares. Nomi réussit malgré tout à se hisser en haut de l'affiche. Pour cela elle n'hésite pas à faire mal à ses concurrentes, et notamment à sa principale rivale Cristal Connors (Gina Gershon), la star du club Cheetah.

Showgirls
Showgirls ©Pathé

Kyle MacLachlan, Glenn Plummer, Gina Ravera et Robert Davi complètent la distribution de ce long-métrage volontairement outrancier et de mauvais goût, massacré par la critique et boudé par le public à sa sortie. Vingt ans plus tard, le film est réhabilité, la presse mettant davantage en avant la critique de l'industrie du spectacle, Paul Verhoeven se servant de Las Vegas pour fustiger le cirque hollywoodien.

Interrogé par Les Inrockuptibles en 2016, le cinéaste se souvient de l'accueil désastreux réservé à Showgirls :

En effet, tout le monde semblait avoir un problème avec le film. Les critiques n’étaient pas seulement négatives. C’était une flambée d’agressivité et de haine. On en parlait comme du plus mauvais film jamais montré. Beaucoup étaient choqués par la nudité, trouvaient la façon de l’exhiber indécente, obscène. (...) Évidemment, je savais que le film était féroce, dérangeant, antipathique. Je ne peux pas dire que j’étais entièrement surpris. Mais la violence des réactions a dépassé toutes mes attentes.

Une carrière qui s'effondre

Le réalisateur est également choqué par les nombreuses critiques sur la performance d'Elizabeth Berkley. En plus d'être nommée dans deux catégories aux Razzie Awards en 1996, "Pire actrice" et "Pire nouvelle star", la comédienne est à nouveau nommée en 2000 pour le titre de "Pire actrice du siècle".

Showgirls
Nomi Malone (Elizabeth Berkley) - Showgirls ©Pathé

Le long-métrage a ruiné la carrière d'Elizabeth Berkley. En dépit de rôles mineurs dans L'Enfer du dimanche et Le Sortilège du scorpion de Jade, l'actrice tourne par la suite dans de nombreux films oubliables voire pitoyables comme The Shipment et Donnie Darko 2 : L'Héritage du sang, en plus de son passage fugace dans des séries comme The L World et Les Experts : Miami.

Entre 2020 et 2021, elle apparaît cependant dans les deux saisons du revival de Sauvés par le gong, où elle incarne à nouveau Jessie Spano. Elle sera par ailleurs bientôt à l'affiche de The Idol, la nouvelle série de Sam Levinson (Euphoria) avec Lily Rose-Depp et The Weeknd.

"Hollywood a tourné le dos" à Elizabeth Berkley

Lors d'un entretien accordé au New York Daily News en 2015, Paul Verhoeven confie à propos de l'impact de Showgirls sur la carrière d'Elizabeth Berkley :

Showgirls a sans doute ruiné la carrière d'Elizabeth Berkley. Le film a rendu ma vie plus compliquée, mais pas autant que celle d'Elizabeth. Hollywood lui a tourné le dos. Si quelqu'un doit être blâmé, c'est moi parce que je pensais que c'était intéressant de dépeindre quelqu'un comme ça. J'espérais que la fin du film expliquerait pourquoi Nomi avait agi de cette manière, quand on apprend qu'elle a été condamnée plusieurs fois à cause de la drogue. J'ai demandé à Elizabeth de jouer comme ça, d'être brusque et d'agir de cette façon, mais les gens n'ont cessé de l'attaquer là-dessus.

De son côté, la comédienne déclare à People en 2020 :

Ça m'a transformée. (...) Bien sûr, c'était décevant que le film ne fonctionne pas, mais il y a eu tellement de cruauté autour. J'ai été tyrannisée. Et je comprenais pas pourquoi on me blâmait. Le travail d'un acteur est de respecter la vision du réalisateur. Et j'ai fait tout ce que j'étais censée faire. Aucune personne associée au film n'a pris la parole pour me protéger. J'ai été mise de côté et je suis devenue un paria dans l'industrie pour laquelle j'avais travaillé si dur.