Le tournage du western "Sierra Torride" n'a pas été simple pour Shirley MacLaine. La comédienne a notamment souffert de violents coups de soleil et d'une double pneumonie, et a par ailleurs eu des rapports assez houleux avec le réalisateur Don Siegel.
Sierra Torride : un western comique et plein d'action
Avant Les Proies, L'Inspecteur Harry et L'Évadé d'Alcatraz, Clint Eastwood et Don Siegel se retrouvent sur Sierra Torride. Sorti en 1970, ce western marque la deuxième collaboration entre le comédien et le réalisateur après Un shérif à New York.
Le film se déroule pendant l'intervention française au Mexique au XIXe siècle. Alors que trois bandits sont sur le point de la violer, une religieuse prénommée Sara (Shirley MacLaine) est sauvée par Hogan (Clint Eastwood), un mercenaire.
La supposée sœur Sara décide ensuite d'aider Hogan dans sa mission : découvrir les faiblesses d'un fort tenu par les Français. Dynamite, coups de feu et romance sont au programme de ce western bourré d'humour, qui bénéficie de l'alchimie entre ses deux personnages principaux et de la partition d'Ennio Morricone. Si l'ambiance est assez légère dans le long-métrage, elle ne l'est vraiment pas pendant le tournage.
Une production mouvementée
Durant la production, Don Siegel et Clint Eastwood - également producteur exécutif par le biais de sa société Malpaso - doivent supporter Martin Rackin, qu'ils n'estiment pas beaucoup. Présenté comme "une version presque parodique du magnat hollywoodien - avec chaînes en or, bronzage de cabine et discours virulent" par le biographe Richard Schickel, ce producteur essaie de modifier l'histoire pensée par Budd Boetticher, spécialiste du western ayant travaillé à plusieurs reprises avec Randolph Scott.
Il souhaite par ailleurs minimiser les frais au maximum, ce qui finit par irriter le réalisateur et sa tête d'affiche. Avant d'imposer sa vision au montage final, Martin Rackin privilégie aussi les tournages en extérieur au Mexique, ce qui a des conséquences néfastes sur la santé de Shirley MacLaine.
À l'origine, le rôle de Sara est conçu pour Elizabeth Taylor, mais elle est finalement renvoyée du projet. Si la raison officielle derrière cette décision n'est pas connue, le biographe Patrick McGilligan affirme dans son ouvrage Clint Eastwood : Une légende qu'il se pourrait qu'elle vienne de Martin Rackin. Ce dernier aurait refusé que les prises de vues aient lieu en Espagne, ce qu'espérait la comédienne afin d'être aux côtés de son époux Richard Burton.
De grosses tensions entre Shirley MacLaine et Don Siegel
Shirley MacLaine hérite donc du personnage et lorsque le tournage débute en février 1969, Don Siegel n'arrive pas à s'entendre avec l'interprète de Sara, estimant qu'elle a trop de caractère. Cité par l'Express, il assure à son sujet :
C'est difficile d'éprouver de la gentillesse pour elle. Elle est trop peu féminine et a trop de couilles. Elle est très, très dure.
Le réalisateur reproche également à l'actrice d'être un "oiseau de nuit" et d'arriver régulièrement en retard sur le plateau. Après une énième dispute (auxquelles Clint Eastwood préfère ne pas se mêler), Shirley MacLaine quitte un jour la production furieuse. Don Siegel fait de même et se prépare à faire sa valise lorsqu'il entend frapper à sa chambre d'hôtel. La comédienne lui présente alors ses excuses et les choses s'arrangent entre eux, comme l'écrit le cinéaste dans ses mémoires :
À partir de ce moment-là, elle est devenue douce comme un agneau.
En plus de devoir accepter le tempérament de Don Siegel, Shirley MacLaine doit jouer dans des conditions compliquées, subissant la chaleur mexicaine harassante dans sa tenue de nonne. Pour l'aider à tenir le coup, un homme est embauché et a pour consigne de la suivre avec une ombrelle. Ce qui n'empêche pas l'actrice d'attraper des coups de soleil sévères ainsi qu'une double pneumonie. Des soucis qui renforcent l'atmosphère tendue du tournage, diamétralement opposée à l'ambiance décontractée du film.