Direction C8 ce soir pour (re)découvrir "Soleil rouge", le western étonnant de Terrence Young qui réunit Alain Delon, Charles Bronson, Ursula Andress et Toshirô Mifune.
Soleil rouge : une réunion de stars
Au sein de la très riche filmographie d'Alain Delon, on trouve quelques films assez étonnants sur le papier. Soleil rouge (1971) en est un. Alors qu'il enchaîne les succès en France depuis des années, l'acteur se retrouve au casting de ce western qui met en scène une belle brochette de stars. Avec l'Américain Charles Bronson, l'actrice d'origine Suisse Ursula Andress et le Japonais Toshirô Mifune, c'est un casting international qui se retrouve dans cette co-production franco-italo-espagnol. Et chacun renvoi une image bien particulière.
Charles Bronson n'est pas encore le justicier des années 1970, mais un habitué des films de guerre et occasionnellement des westerns, comme avec Il était une fois dans l'Ouest (1968). Ursula Andress est évidemment la première James Bond Girl. Elle retrouva avec Soleil rouge le réalisateur Terrence Young qui l'avait dirigée dans James Bond 007 contre Dr No (1962). Le cinéaste réalisa également Bons baisers de Russie (1963) et Opération Tonnerre (1965), donnant ainsi sa patte à la période Sean Connery. Enfin, Toshirô Mifune était alors connu pour ses films avec Akira Kurosawa (ils en tourneront 15 ensemble). C'est aussi lui qui, quelques années plus tard, porta Shogun (1980), bien avant la version de Disney+ qui a cartonné dernièrement.
"Un joyeux minestrone cinématographique" et un record
Faire co-exister toutes ces personnalités aurait pu être difficile. Mais Terrence Young n'étant pas un novice, il est parvenu à proposer une œuvre originale capable de mélanger les genres. Soleil rouge se déroule en 1870. Un ambassadeur japonais, accompagné de deux Samouraïs, se rend alors à Washington pour remettre au président des États-Unis un sabre de grande valeur de la part de l'Empereur du Japon. Évidemment, le train où se trouve la délégation est attaquée par des criminels menés par Link (Charles Bronson) et Gauche (Alain Delon). Si leur objectif premier est de récupérer de l'or, ils décident finalement de s'emparer aussi du sabre. Du moins Gauche, qui n'hésite pas à trahir Link et à le blesser.
C'est alors Kuroda, l'un des deux Samouraïs, qui soigne ce dernier pour qu'il l'aide à retrouver Gauche et à récupérer le sabre. S'ils n'y parviennent pas sous 7 jours, il devra se faire hara-kiri. Pour tenter de retrouver Gauche, ils s'en vont retrouver sa fiancée, Christina (Ursula Andress) et l'enlèvent. Et alors qu'ils sont sur le point de mettre la main sur le criminel, le petit groupe se retrouve attaqué par des Comanches.
Soleil rouge reprend ainsi des thématiques classiques du western (la trahison et la vengeance), évoque les films de Samouraïs (la question de l'honneur) et utilise tout le décorum qui va avec ces deux genres, ne minimisant pas la violence. Le résultat est assez surprenant, "un joyeux minestrone cinématographique, qui entremêle les fusillades et les attaques d'Indiens issues des récits de l'Ouest avec la chorégraphie des films de sabre nippons" écrivait à son sujet Jean-François Rauger. La proposition a en tout cas convaincu une partie du public. Au moins au Japon, puisque le film a battu un record de fréquentation à Tokyo à l'époque, se retrouvant programmé dans les salles durant 35 semaines consécutives. En France, Soleil rouge cumula plus de 3,3 millions d'entrées, soit le 7e plus gros succès de 1971.