"Solo : A Star Wars Story" est un film qui ne s'est pas fait une place dans le cœur des fans. Plusieurs problèmes sont intervenus durant la création, y compris le remplacement de Phil Lord et Chris Miller par Ron Howard. Retour sur une production qui n'a pas été de tout repos.
Solo : le dernier film estampillé A Star Wars Story
Quand on sort de la mythique trilogie originale vue par les fans comme un objet saint, Star Wars au cinéma n'a pas connu un prolongement de vie de tout repos. Au moment où George Lucas se lance dans la prélogie, il doit composer avec le comportement outré d'une partie de sa communauté n'appréciant pas du tout ce qu'il est en train de faire. Des années après la conclusion de cette seconde trilogie, il vend Lucasfilm à Disney, qui là aussi ne réussit pas à provoquer une unanimité.
La firme a également l'idée de poncer la marque avec des projets secondaires. On ne parle pas encore de tout ce qui va se mettre en place sur Disney+, mais des spin-offs sur grand écran : les A Star Wars Story. L'objectif était de faire patienter entre les opus de la dernière trilogie. Solo passe après un imparfait mais attachant Rogue One, en ayant la dangereuse idée de raconter la jeunesse d'Han Solo. Figure légendaire de la galaxie, il a toujours été incarné à merveille par Harrison Ford. Le risque, ici, est de confier le rôle à quelqu'un d'autre : Alden Ehrenreich. Le scénario se déroule plusieurs années avant que le personnage ne se joigne aux Skywalker. Solo n'a même pas encore le Faucon Millenium et on assistera à sa rencontre avec Chewbacca. Dans une sorte de western galactique mêlant action, aventure et humour, le film n'a pas que des mauvaises idées mais il peine à convaincre lors de sa sortie dans les salles.
Une production chaotique
Quand le projet n'était qu'à ses débuts, il n'y avait pas de raison de s'alarmer. Lucasfilm avait engagé Phil Lord et Chris Miller à la réalisation. L'excellent duo était en pleine ascension à Hollywood et on imaginait leur style correspondre au charismatique Han Solo. À l'écriture, Lawrence Kasdan est choisi. On lui doit les scripts de L'Empire contre-attaque, Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force. Quelqu'un qui connaît bien l'univers, ça inspire toujours confiance. Aidé par son fils, Jonathan Kasdan, il endosse la responsabilité de créer la première aventure du personnage. Le casting se monte, le tournage commence et, premier hic : les réalisateurs sont débarqués par Kathleen Kennedy. Elle expliquera qu'une collaboration n'était plus possible à cause de trop lourds différents artistiques. Lord et Miller ne se sont pas trop attardés sur le sujet par la suite, sans chercher à créer un drama.
On aurait aimé savoir à quoi ressemblait leur film, quelle était leur approche, ce qui ne plaisait pas à Kathleen Kennedy. Quelques rapports anonymes disaient qu'ils avaient des méthodes de travail peu adaptées aux exigences d'un tel projet. Ils auraient, notamment, la main lourde sur l'improvisation, en donnant une grande liberté aux acteurs. D'après The Hollywood Reporter, Kathleen Kennedy aurait demandé à Lawrence Kasdan d'aider le duo à aller dans la bonne direction. Chose qui ne convenait pas aux réalisateurs, désireux de mener la barque comme ils l'entendaient.
Ron Howard est appelé à la rescousse pour corriger le tir et pondre un résultat qui soit en phase avec les attentes de Lucasfilm. On parle de quelqu'un d'expérimenté, qui sait travailler dans un cadre prédéterminé. Alors que le tournage devait s'achever pendant l'été 2017, le processus a pris du retard. Quatre mois supplémentaires ont été ajoutés pour tout mettre en boîte. En plus de devoir finir le film, Ron Howard est forcé de reshooter une grande partie du travail de Lord/Miller pour supprimer au maximum les intentions qu'ils avaient commencé à imprimer. Il aurait au total tourné environ 70% des prises de vue visibles dans le film, sans pour autant que l'intrigue soit grandement modifiée. Ajoutons à ça que l'acteur Alden Ehrenreich est très loin d'être au niveau attendu. Les producteurs se rendant compte qu'il touche vite à ses limites, un assistant est engagé pour le coacher. Pour résumer, pas grand chose ne va et, de l'extérieur, on sent le naufrage arriver. Même si les reshoots ne sont pas rares à Hollywood, tout le monde voyait que la situation était loin d'inspirer confiance.
Au final, difficile de savoir ce qui a été gardé du duo initial parce qu'en l'état, Solo n'est pas une catastrophe où l'on sent des dissonances. Le film se tient, ne fait pas honte à la franchise, sans pour autant marquer les esprits. Au box-office mondial il ne récolte que 393 millions de dollars. Un score qui serait largement convenable si la production n'avait pas coûté plus de 250 millions de dollars (somme à laquelle on doit ajouter les frais du marketing).