Sophie Marceau a vécu un enfer pendant le tournage de "Police" de Maurice Pialat. Outre les humiliations d'un cinéaste autoritaire connu pour ses colères, la comédienne a été victime du "comportement inadmissible" de Gérard Depardieu, de ses attouchements ou encore de gifles assénées à répétition pour qu'une séquence gagne en réalisme.
Police : un tournage infernal pour Sophie Marceau
En 1985, après avoir triomphé dans La Boum et sa suite, Sophie Marceau est à l'affiche du polar Police de Maurice Pialat. Un film dans lequel elle donne de nouveau la réplique à Gérard Depardieu après Fort Saganne. Alors âgée de 18 ans, la comédienne vit un véritable enfer sur le tournage, subissant entre autres les attouchements de son partenaire ainsi que les humiliations et les provocations du cinéaste.
Lors d'un entretien accordé à Society en 2015, trente ans après la sortie du long-métrage, l'actrice qualifie Gérard Depardieu de "prédateur", ajoutant qu'il "faut qu'il bouffe tout et tout le monde". Réagissant aux propos de Sophie Marceau, le comédien déclare auprès de Gala la même année (via Vanity Fair) :
Elle était très jeune quand on a tourné ce film avec Pialat. C’est vrai qu’à l’époque j’étais un peu prédateur. Et un peu con aussi.
Mis en examen pour viols depuis décembre 2020 et accusé de violences sexuelles et sexistes par treize femmes ayant témoigné auprès de Mediapart, l'acteur fait aujourd'hui l'objet d'une longue enquête publiée par Le Monde, intitulée Le cas Depardieu - La chute d'un ogre et signée Raphaëlle Bacqué et Samuel Blumenfeld. Dans la troisième partie de cette série, les deux journalistes reviennent sur la relation unique et la collaboration entre Maurice Pialat et Gérard Depardieu, qui ont tourné ensemble Loulou (1980), Police (1985), Sous le soleil de Satan (1987) et Le Garçu (1995).
Des attouchements et des gifles jusqu'à en pleurer
Au cours de leur deuxième collaboration, le comédien tient à jouer les médiateurs avec l'équipe. Mais Gérard Depardieu déborde, saluant par exemple l'une des membres en lui faisant "pouet pouet" sur le sein devant tout le monde. Maurice Pialat est fidèle à sa réputation et se montre très dur, lançant notamment à Richard Anconina qu'il est "à chier" et qu'il n'a "jamais vu un acteur aussi nul". Face à ce "duo infernal" et à une époque où "le réalisateur et l'acteur principal peuvent se permettre, sans que personne ne dise rien dans ce monde ultra-hiérarchisé du cinéma, des comportements jugés ailleurs comme inadmissibles" selon ses mots, Sophie Marceau tente de se faire discrète. Mais cela ne suffit pas à la préserver.
Avant le tournage d'une séquence où ils apparaissent très proches, Gérard Depardieu ingurgite des escargots et impose son haleine fétide à sa partenaire. Pour que la vérité transparaisse à l'écran, Maurice Pialat demande au comédien de véritablement gifler Sophie Marceau. Après de nombreuses claques, la jeune actrice finit en larmes. Pour les scènes intimes, Gérard Depardieu la touche avec "insistance" et de manière totalement injustifiée, ses mains étant sous les draps et n'apparaissant pas à l'écran. Aujourd'hui, Sophie Marceau déclare :
Il n'a jamais osé me toucher devant l'équipe, sinon il aurait reçu mon poing dans la gueule. Mais avec les pauvres habilleuses...
Pendant la promotion de Police, Sophie Marceau dénonce les violences survenues durant le tournage mais ses propos indiffèrent. Maurice Pialat, lui, continue d'humilier la comédienne. Il la traite de "grosse conne" auprès Libération et la qualifie de "personne la plus détestable qu'(il a) rencontrée depuis qu'(il fait) du cinéma" lors d'un passage sur France Culture le 8 septembre 1985, trois jours après la sortie du long-métrage.