Sorti en 2004, Saw a non seulement marqué le cinéma d’horreur avec son concept innovant et son budget modeste, mais il a aussi donné naissance à une franchise durable qui continue d'intriguer les spectateurs près de vingt ans après. En s’inspirant de contraintes budgétaires pour créer un huis clos intense, James Wan et Leigh Whannell ont prouvé qu’une idée forte pouvait captiver le public sans effets spéciaux coûteux.
Saw : deux étudiants passionnés d'horreur
Le film Saw sorti le 29 octobre 2004 aux États-Unis (et en mars 2005 en France) est le fruit de l’imagination de deux jeunes Australiens : James Wan, un réalisateur en devenir, et Leigh Whannell, un scénariste et acteur.
À l’époque, ils étaient étudiants en cinéma et rêvaient de percer à Hollywood. Leur budget limité a influencé leur approche dès le départ : plutôt que de miser sur des décors multiples ou des effets spéciaux coûteux, ils ont imaginé un concept minimaliste, mais percutant. Ils ont conçu une histoire qui se déroule presque entièrement dans une salle de bains abandonnée, où deux personnages se réveillent enchaînés, piégés dans un jeu sadique orchestré par un tueur mystérieux, Jigsaw.
Pour rendre leur projet attractif aux producteurs, Wan et Whannell ont d'abord créé un court métrage inspiré du script de Saw, dans lequel Leigh Whannell a joué lui-même l’un des personnages principaux. Ce court métrage a servi de démonstration pour montrer la puissance de leur concept et a attiré l’attention de producteurs à Hollywood.
Le court-métrage est visible en version remasterisée sur YouTube.
1 million de dollars de budget et 18 jours de tournage
Après avoir suscité l'intérêt, le projet a finalement été accepté par Lionsgate, un studio connu pour son soutien aux films d’horreur à petit budget. Lionsgate a alloué un budget d’environ 1,2 million de dollars pour le tournage, une somme modeste, même pour un film d'horreur.
En raison des contraintes budgétaires, James Wan et son équipe ont tourné Saw en seulement 18 jours dans un studio en Californie, avec une équipe restreinte.
À sa sortie en 2004, Saw a été accueilli par des critiques mitigées, mais il a immédiatement captivé le public par son concept unique et son twist choquant. Le bouche-à-oreille a rapidement transformé Saw en un succès commercial, et le film a généré plus de 100 millions de dollars au box-office mondial, une réussite incroyable pour un film indépendant au budget limité.
Au-delà de son succès financier, le film a eu un impact profond sur l'industrie du cinéma d'horreur, particulièrement sur le cinéma indépendant, et a inspiré une nouvelle génération de réalisateurs à explorer des concepts originaux avec des moyens limités.
Un modèle pour le cinéma d'horreur indépendant
Le succès de Saw a montré qu'il n'était pas nécessaire d’avoir des moyens extravagants pour captiver le public, tant qu'il y avait une idée forte et un concept accrocheur. L’intrigue repose sur une idée simple, mais innovante : un tueur, Jigsaw, qui ne tue pas directement ses victimes, mais les pousse à prendre des décisions fatidiques pour leur propre survie, en les plaçant dans des situations cauchemardesques où elles doivent affronter leurs démons.
Pour de nombreux jeunes cinéastes, Saw est devenu un modèle à suivre, montrant qu’une atmosphère oppressante et un bon scénario peuvent compenser un manque de moyens techniques et visuels. Comme Le projet Blair Witch sorti cinq ans avant qui a lancé le concept de found footage, le film a ouvert la voie à une vague de productions d’horreur à budget réduit qui ont cherché à effrayer le public en jouant davantage sur la psychologie et l’atmosphère que sur les effets spéciaux.
Le succès de Saw a aidé à populariser le concept de "high-concept horror", où l’originalité de l’idée prend le pas sur les ressources utilisées. Ce modèle a prouvé qu’un film pouvait devenir un phénomène en reposant sur une idée forte, plutôt que sur des effets spectaculaires. Cette approche a permis l’émergence de films comme Get Out de Jordan Peele ou encore It Follows de David Robert Mitchell.
Dans Saw, la claustrophobie de la salle de bain où se retrouvent les deux protagonistes et l’ingéniosité de Jigsaw dans la mise en scène de ses pièges ont remplacé les décors et les effets d’un blockbuster traditionnel. Cette capacité à captiver le public avec des moyens simples, mais efficaces, a ouvert de nouvelles perspectives pour les réalisateurs d’horreur à petit budget.
Après Saw, des producteurs et studios comme Blumhouse Productions ont vu le potentiel des films d’horreur à petit budget et ont commencé à investir dans des projets similaires, permettant ainsi la naissance de franchises comme Insidious, Sinister, ou encore The Purge. Le modèle de Blumhouse repose d'ailleurs en partie sur la philosophie de Saw : investir des budgets limités dans des films au concept original, avec la possibilité de créer des franchises durables si le succès est au rendez-vous.
Le début d'une saga qui dure encore aujourd'hui
Depuis la sortie du premier Saw en 2004, la franchise s’est étendue bien au-delà des attentes initiales de ses créateurs, en devenant l’une des sagas d’horreur les plus durables de l’histoire du cinéma et aussi l'une des plus lucratives (plus d'un milliard de recettes au box-office mondial).
En 2023, la sortie de Saw X a marqué le dixième volet officiel de la franchise, prouvant que l’univers de Jigsaw continue d’attirer les spectateurs près de deux décennies après le lancement du premier film. Un onzième film est d'ailleurs prévu pour 2025, toujours avec Tobin Bell au casting.
Après le succès de Saw, James Wan et Leigh Whannell, se sont imposés comme deux figures incontournables du cinéma d’horreur. Après Saw, James Wan a continué à repousser les limites du genre avec des films comme Insidious et Conjuring, tout en s'imposant comme un réalisateur capable de gérer des énormes machines, comme avec Aquaman ou Fast & Furious 7.