Speak No Evil : pourquoi le réalisateur du film original critique la version américaine

Speak No Evil : pourquoi le réalisateur du film original critique la version américaine

Si vous pensez que "Speak No Evil" avec James McAvoy fait peur, vous n'êtes pas prêts pour le film danois dont il est adapté. En effet, le film américain opère un changement fondamental pour la conclusion de cette histoire horrifique, un changement que le réalisateur du "Speak No Evil" danois a ouvertement critiqué. (SPOILERS)

Speak No Evil, le succès d'horreur de la rentrée

Actuellement au cinéma, Speak No Evil de James Watkins offre à James McAvoy l'occasion d'une performance mémorable. Produit par Blumhouse, ce film d'horreur qui s'amuse avec les codes du home invasion en les retournant est un succès critique et commercial, ayant en une semaine dans les salles déjà rapporté plus de 26 millions de dollars de recettes pour un budget de production de 15 millions.

Une famille américaine passe le week-end dans la propriété de rêve d'une charmante famille britannique rencontrée en vacances. Mais ce séjour qui s’annonçait idyllique se transforme rapidement en atroce cauchemar...

Si l'idée de Speak No Evil est excellente, elle n'est pas cependant pas une idée originale de James Watkins. En effet, celui-ci a adapté son scénario et son film depuis le film danois du même nom, sorti en 2022. Le film américain est très fidèle au film danois, à une importante exception près : sa conclusion. Et celle-ci n'a pas du tout plu à Christian Tafdrup, réalisateur du Speak No Evil danois.

Une fin bien trop sombre pour les américains (SPOILERS)

Il est d'abord amusant de voir combien le film américain reprend quasiment mot pour mot et plan pour plan le film danois. En vacances en Toscane, Bjorn (Morten Burian), Louise (Sidsel Siem Koch) et leur filles Agnes se lient d'amitié avec Patrick (Fedja van Huêt), Karin (Karina Smulders) et leur fils Abel. Ce dernier souffre apparemment d'une déformation de la langue qui l'empêche de parler normalement. De retour chez eux, Bjorn et Louise reçoivent une invitation à venir passer un week-end chez Patrick et Karin en Hollande. Ils s'y rendent, et le malaise s'installe progressivement : Patrick se montre passif-agressif et violente Abel, pendant que Karin se montre elle très directive et désagréable avec Agnes. Quelque chose ne tourne pas rond chez eux mais, lorsque Bjorn s'en rend compte, il est trop tard...

Speak No Evil
Speak No Evil ©Swift Distribution

La différence fondamentale - et massive - entre les deux films est qu'à la fin du Speak No Evil de 2024, Ben (Scoot McNairy) et Louise (Mackenzie Davis) arrivent à se défaire du piège tendu par Paddy (James McAvoy) et Ciara (Aisling Franciosi) et s'échappent avec Agnes et Ant (Abel dans la version danoise). Dans Speak No Evil de 2022, le film original, la fin est tout à l'inverse de ce happy end puisque - et on n'en dira pas plus - ni Bjorn ni Louise ne survivent...

"Je ne comprends pas ce truc qu'ont les américains"

Ainsi, James Watkins et Blumhouse ne se sont pas contentés de changer les nationalités des personnages et les lieux de l'histoire, mais ont bien inventé une toute autre fin. Et on peut comprendre pourquoi puisque la fin du Speak No Evil de Christian Tafdrup est particulièrement sombre, violente et désespérée. Ce dernier a ainsi déclaré dans une interview à Far Out à propos de la fin du film américain :

Je ne comprends ce truc qu'ont les américains, mais ils sont portés vers les histoires héroïques, avec le bien qui doit triompher du mal, et cette version du film cultive ça. Je pense qu'ils ont fait une version très divertissante, efficace et bien interprétée de mon film. Mais aussi une version moins "dangereuse". Ils ont fait un "happy ending", et c'est très enraciné dans leur culture que l'Amérique doit être capable de gérer n'importe quelle situation.

Ainsi, pour ceux qui ont le coeur bien accroché et envie d'aller au-delà du spectacle proposé par le Speak No Evil américain, on recommande fortement le film original danois qui, plutôt que le soulagement à la fin de l'histoire, se clôt sur un traumatisme dont on ne se débarrasse pas facilement...