Géniaaaaaaaaaaal ! Pascal Mérigeau avait raison. En 2007, il nous balançait en plein dans la face, son livre d’humeur Cinéma : Autopsie d’un meurtre. Rendez-vous avec l’amertume d’un critique lucide, qui signait « A Force de ne pas dire que les films sont mauvais, on finit pas les trouver bons ». L’année d’après, Bienvenue chez les Ch'tis fait plus de 20 millions d’entrées, Dany Boon encaisse 0,30 centimes par tickets et se retrouve n°1 du cinéma français chez l’hebdo L’Express. C’est lui qui fait vivre l’exception culturelle française ! La suite, Bienvenue chez les Corses, une bombe, ça ne peut être que ça.
En introduction, Pascal Mérigeau fait le point sur les films au top du box-office depuis les années 1970 et son constat est affligeant : plus le film recèle de qualités, moins il fait d’entrées. Non, certains blockbusters sont de qualité, certains films indépendants ne sont pas à voir, admettons, mais la pression commerciale oriente le spectateur vers un film unique. Un exemple, cette semaine, il faut voir Indiana Jones et le royaume du crane de cristal, difficile de le louper il est placardé partout. A tel point que tous les distributeurs s’écrasent, 2 films lui font face et une reprise. Triste sort.
Il prévoyait que le choix se réduirait à Spiderman 6 contre Les Bronzés 8. Petit à petit, on n’en prend le chemin, les petits films sont de plus en plus difficiles à financer, ils restent petits. Les bouses obtiennent 78 millions de dollars de budgets, les producteurs font confiance aux comiques ou aux clippeurs. Le palmable Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin peut craindre le pire aussi parce que les critiques (Internet en particulier) attribuent plus d’étoiles à Steven Spielberg qu’à Catherine Deneuve. Et bim, ça s’appelle se tirer une balle dans le pied, un constat qui ne changera pas grand-chose.
Sony Pictures a donné le feu vert pour la mise en production des épisodes 4, 5 et 6 de Spiderman l’année dernière. Le studio précise aujourd’hui que les épisodes 4 et 5 (Spider-Man 4) seront tournés ensemble. James Vanderbilt, scénariste de Zodiac est prié d’écrire un arc narratif qui liera les deux épisodes. Ainsi, l’entonnoir des sorties vous conviera tout droit au numéro 4, il se terminera comme un cheveu sur la soupe et n’offrira d’autres solutions que de voir – pas regarder - le cinquième épisode. Remarquablement bien ficelé, ça ressemble à la campagne marketing Matrix Reloaded, on n’y verra que du feu. « Il y a quoi au théâtre sinon ? »
Sam Raimi, Tobey Maguire et Kirsten Dunst ne la jouent pas très sport, ils ont oublié le fameux « on ne change pas une équipe qui gagne » et mettent leurs toiles filantes au placard. On les en remercie et là voilà la bonne nouvelle, dire non de la sorte à la trilogie et voir des millions de dollars s’envoler pour tenter de s’offrir de vrais rôles dans de vrais films (le juste honorable Cloverfield par exemple nous suffirait), c’est respectable parce que ça va dans le sens d’un vrai retour du cinéma. Oula !
En attendant, longue vie à Indiana et bon courage monsieur Desplechin.
F.B. (Le 21 Mai 2008 – Avec Relax News).