Porté par William Holden, "Stalag 17" fut un succès pour Billy Wilder, mais également le sujet d'un conflit entre le réalisateur et le studio Paramount. Après ce long-métrage, le cinéaste alla travailler pour la concurrence.
Stalag 17 : un film de guerre par un maître de la comédie
Billy Wilder est un des plus importants cinéastes de l'histoire hollywoodienne, plus précisément des années 1950 et 1960. Son nom est souvent associé à de grandes comédies comme Sept Ans de réflexion (1955) ou Certains l'aiment chaud (1959) avec Marilyn Monroe. Il a aussi dirigé Audrey Hepburn dans Sabrina (1954) et Ariane (1957). Mais Billy Wilder s'est illustré dans bien d'autres genres. En atteste le film noir Boulevard du crépuscule (1950), considéré comme un classique du cinéma. Ou encore Stalag 17 (1953), qui lui permet de s'illustrer dans le film de guerre, tout en restant fidèle à son style.
Le film se déroule en décembre 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, au sein d'un camp de prisonniers de guerre allemand, nommé le Stalag 17. Plusieurs centaines de soldats américains y sont enfermés. Et un groupe d'entre eux va tenter de s'échapper. Cependant, avant d'y arriver, il leur faudra trouver le traître parmi eux, qui collabore avec les gardiens allemands.
Tiré de la pièce de théâtre éponyme de Donald Bevan et Edmund Trzcinski, le film est un drame humain plein de suspense, mais qui contient aussi des moments de comédie. Et si Billy Wilder trouve le bon équilibre entre ces genres, ses acteurs sont également au niveau. On y retrouve l'excellent William Holden, qui interprète JJ Sefton, sur qui les soupçons vont porter en premier lieu. Don Taylor, Robert Strauss, Harvey Lembeck, Richard Erdman ou encore Peter Graves l'accompagnent, tandis que le réalisateur Otto Preminger y incarne Oberst von Scherbach, le gardien du camp.
Le triomphe de William Holden, et la colère de Billy Wilder
Lors de sa sortie, Stalag 17 a été très apprécié, aussi bien par la critique que le public. Et aujourd'hui encore, le film est très bien considéré. Sur Rotten Tomatoes, le long-métrage affiche une note de 91% pour la presse et de 93% pour le public. Sa note sur IMDB est également très élevée avec un solide 8/10. De plus, lors de la 26e cérémonie des Oscars, en 1954, Billy Wilder et Robert Strauss furent nommés à l'Oscar du Meilleur réalisateur, et à celui du Meilleur acteur dans un second rôle. De son côté, William Holden fut récompensé de l'Oscar du Meilleur acteur. En allant récupérer son prix, l'acteur se contenta d'un "Merci" en guise de discours.
On pourrait imaginer que ce succès aurait renforcé les liens entre Billy Wilder et le studio Paramount, producteur et distributeur de Stalag 17. C'est pourtant tout l'inverse, comme le rappelait Le Nouvel Obs. En effet, l'idée de situer l'intrigue du film en Allemagne ne plaisait pas vraiment. Un producteur proposa de la transposer dans un camp polonais, ce qui aurait aidé pour s'assurer un succès sur le marché d'Allemagne de l'Ouest. Ce qui provoqua la colère de Billy Wilder, dont "une partie de sa famille était morte gazée".
Cet événement marqua la fin de sa collaboration avec Paramount. Il ne prolongea pas son contrat avec le studio et préféra partir chez la concurrence, United Artists, pour tourner Certains l'aiment chaud. De plus, malgré le succès de Stalag 17, il ne toucha pas grand-chose des bénéfices. Le studio utilisa l'échec commercial de son film précédent, Le Gouffre aux chimères (1951). L'argent perdu à l'époque devant être remboursé par Billy Wilder avec sa part des bénéfices de son film de guerre. Pas de cadeau à Hollywood...