Incompris par une partie de la presse à sa sortie, "Starship Troopers" est une charge antimilitariste et antifasciste jubilatoire signée Paul Verhoeven. L'une des scènes qui résume le mieux les intentions du réalisateur est celle de la douche collective.
Starship Troopers : en guerre contre les Arachnides
Après l'échec critique et commercial de Showgirls, Paul Verhoeven revient à la science-fiction, genre avec lequel il a fait une percée à Hollywood avec RoboCop et Total Recall. Sorti en 1998, Starship Troopers se déroule au XXIVe siècle, une époque où les pays de la Terre forment un gouvernement mondial un brin autoritaire, baptisé la Fédération. Alors que les humains cherchent à conquérir de nouvelles planètes et communiquent avec des espèces extraterrestres, ils entrent en guerre avec l'une d'elles, les Arachnides.
Le long-métrage raconte le combat sanglant de Johnny Rico (Casper Van Dien), Carmen Ibanez (Denise Richards), Dizzy Flores (Dina Meyer), Ace Levy (Jake Busey) et Carl Jenkins (Neil Patrick Harris) contre ces gigantesques bestioles. Michael Ironside et Clancy Brown complètent la distribution de ce blockbuster fustigé par une partie de la presse à sa sortie.
La réponse de Paul Verhoeven
Si certains journalistes perçoivent l'ironie du film ainsi que sa critique de l'impérialisme belliqueux américain, d'autres accusent le Hollandais Violent et le scénariste Edward Neumeier d'être des néo-nazis et de faire l'apologie du Troisième Reich. Alors qu'il dénonce en réalité le fascisme en reproduisant notamment la mise en scène de propagande de la réalisatrice Leni Riefenstahl, le cinéaste est contraint d'expliquer qu'il a subi l'occupation allemande durant sa jeunesse. Lors d'une interview accordée à TCM Cinéma, Paul Verhoeven déclare :
Ayant vécu sous l'occupation allemande, je pouvais difficilement être un adepte du fascisme. D'un autre côté, j'ai étudié le fascisme allemand donc je suis très familier avec l'iconographie nazie. J'ai donc utilisé des symboles fascistes pour interpeller le public et lui montrer un film avec des héros, mais des héros plus fascistes qu'on le voudrait. (...) Je me suis toujours dit que ce film était une réponse au film de Leni Riefenstahl : Le Triomphe de la vérité.
La scène culte de la douche collective
L'un des nombreux moments de Starship Troopers qui résume les intentions du réalisateur est celui de la douche collective. Cette scène survient alors que Johnny Rico vient de rejoindre l'Infanterie mobile. Lors de cette réunion dénudée, des femmes et des hommes dévoilent en se savonnant les raisons qui les ont poussés à s'engager. Tandis que Johnny refuse d'évoquer sa rupture avec Carmen (Denise Richards), son amie secrètement amoureuse de lui Dizzy (Dina Meyer) lance qu'il est ici à cause d'une fille, provoquant l'hilarité générale.
Interrogé par le magazine Empire en 2014, Paul Verhoeven déclare à propos de cette scène :
Je voulais exprimer l'idée que ces individus prétendument élevés n'ont pas de libido. Ils se parlent de la guerre et de leur carrière sans se regarder. Cela suggère qu'ils sont fascistes.
N'étant pas sûrs du message de cette scène, des acteurs ont demandé au cinéaste à son chef opérateur Jost Vacano de se déshabiller entièrement pour la tourner à leurs côtés :
Un membre de la distribution a dit qu'ils ne se déshabilleraient que si nous le faisions. Eh bien, mon directeur de la photographie est né dans une colonie de nudistes et je n'ai aucun problème à me déshabiller, alors nous l'avons fait. C'est étrange, mais les Américains sont plus contrariés par la nudité que par l'ultra-violence. Je suis constamment étonné de cela. Je veux dire, je n'ai vu aucune scène de sexe dans un film américain qui ne soit pas complètement ennuyeuse. C'est plus compliqué pour un sein nu de passer la censure que pour un corps criblé de balles.