Pour son second long-métrage, "Subway", Luc Besson a dirigé Christophe Lambert et Isabelle Adjani dans le fin fond du métro parisien. Un tournage compliqué et pour lequel le réalisateur a dû ruser.
Subway : premier succès de Luc Besson
Deuxième long-métrage de Luc Besson, Subway (1985) met en scène Fred (Christophe Lambert), un homme poursuivit après avoir volé des documents compromettants. Il se cache alors dans le métro parisien et découvre ainsi tout un univers avec des voleurs, des musiciens ou encore un homme en roller après lequel court inlassablement l'inspecteur Batman (Jean-Pierre Bacri). Et pendant son parcourt, Fred va se rapprocher d'Héléna (Isabelle Adjani), l'épouse de l'homme qui s'est fait cambrioler.
Si Luc Besson envisageait dans un premier temps Sting et Charlotte Rampling au casting, le refus de ces derniers l'amena à se rabattre sur Christophe Lambert et Isabelle Adjani (dont il avait réalisé le clip Pull marine). Un choix payant puisque Subway fut nommé ensuite à 13 reprises aux César 1986, dont ceux du meilleur film et de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani, tandis que Christophe Lambert remporta celui du meilleur acteur. Les décors et le son ont également été récompensés durant cette cérémonie. Mérité quand on sait le travail qu'ont eu les équipes durant le tournage qui ne fut pas une mince affaire.
En effet, Luc Besson s'est lancé dans un projet compliqué en voulant tourner la grande majorité de Subway dans le métro parisien, comme il le raconte dans son autobiographie Enfant terrible. Un tournage qui dura 19 semaines, après une année pour assimiler le réseau, et à des horaires imposés par la RATP : de 9h à 16h et de 1h à 5h du matin. De plus, la société de transport demanda au réalisateur d'effectuer de nombreuses réécritures avant de lui donner les autorisations pour tourner. Ce qui n'empêcha pas Luc Besson de ne pas tout respecter en tournant certains passages de manière illégale.
Des restrictions de la RATP non respectées
L'entreprise était donc complexe, et nul doute que Luc Besson se serait passé des coupes budgétaires de Gaumont (passant le budget du film de 22 à 14 millions de francs) et d'un premier jour de tournage désastreux marqué par une blessure de Christophe Lambert. En effet, pour une scène où l'acteur est au volant d'une voiture, il freina trop tard et heurta une barrière où se trouvait Luc Besson avec sa caméra. Plus de peur que de mal heureusement, mais tout de même une cicatrice sur le front pour Christophe Lambert après s'être cogné contre le pare-brise. Un élément que le réalisateur a dû alors intégrer au film.
Après cela, le tournage se déroula dans plusieurs stations de métro et de RER comme Auber, Opéra, Châtelet, Nation ou encore Concorde. Mais comme évoqué précédemment, et comme Luc Besson l'explique dans le making-of de Subway (vidéo en fin d'article), il lui a fallu parfois faire preuve d'audace pour aller tourner dans des zones qui étaient interdites.
En fait, je passais par toutes les portes qui étaient ouvertes. Et je regardais, je passais et j'allais voir ce qu'il y avait. J'y suis plus allé à l'opportunité qu'autre chose.
"On était obligé de voler des plans"
Allant au-delà des autorisations fournies par la RATP, le réalisateur et son équipe ont également dû tourner des plans en cachette pour éviter que des passants ne s'en rende compte et viennent tout gâcher.
On était obligé de voler des plans, pour pas que les gens nous regardent, qu'ils regardent la caméra et qu'on vienne en pleine prise demander un autographe à Isabelle Adjani ou Christophe Lambert.
Enfin, le cinéaste a connu avec Subway des difficultés d'ordre technique. Car tourner dans le métro impliquait de s'adapter pour déplacer le matériel ou placer la caméra. C'est ce qu'on voit toujours dans le making-of du film avec le transport des caméras dans le fin fond du métro et des zones à peine accessibles. De quoi poser de vrais problèmes et ajouter de la fatigue aux équipes, comme l'explique Luc Besson, qui a également dû inventer de nouveaux outils pour placer sa caméra là où il le souhaitait.
Au final, toutes ces difficultés ont permis à Luc Besson de connaître son premier succès. Car outre ses nominations au César pour trois récompenses, Subway a été un grand succès en salles avec plus de 2,9 millions d'entrées à l'époque. Pas mal pour un cinéaste alors âgé de 25 ans qui signait là son second long-métrage.