"Sur la route de Madison" est sans nul doute l'un des plus beaux films d'amour du XXe siècle. Mais pour convaincre Meryl Streep de rejoindre le projet, Clint Eastwood a dû surmonter bien des embûches : une preuve d'amour qui a finalement permis à la comédienne d'interpréter l'un des rôles les plus forts de sa prestigieuse carrière.
La genèse
Certains duos d'acteurs semblent destinés à se rencontrer et faire des étincelles ensemble. En 1995, la magie opère à la sortie du sublime Sur la route de Madison. Réalisé par Clint Eastwood, ce film romantique culte marque sa rencontre avec l'une des plus grandes actrices de notre temps, Meryl Streep. Personne ne pouvait savoir ce que donnerait le couple à l'écran. D'un côté, une comédienne de talent au naturel désarmant. De l'autre, un habitué des westerns à la gâchette cinématographique facile. Pire encore, le projet a failli ne jamais voir le jour...
Tout commence lorsque Steven Spielberg, décidément toujours dans les bons coups, approche Eastwood au sujet du film. Pour ceux qui ne l'auraient pas vu, l'histoire débute quand Michael et sa sœur Caroline reviennent dans la ferme de leur enfance régler la succession de leur mère, Francesca. Ils vont alors découvrir tout un pan de la vie de cette dernière dont personne n'a jamais rien su, dont sa passionnelle liaison avec un photographe de passage...
Envers et contre tous
Le réalisateur de Jurassic Park détient donc les droits de l'ouvrage - écrit par Robert James Waller - et compte bien l'adapter. La proposition séduit l'acteur, qui accepte. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu : Spielberg décide finalement de confier la réalisation de l'oeuvre à l'australien Bruce Beresford. A l'actif de ce dernier, le classique Miss Daisy et son chauffeur. Le cinéaste a des idées très arrêtées concernant ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas dans le film. Plus que tout, il souhaite que le personnage de Francesca soit campé par une comédienne européenne. A l'inverse, l'ancien Inspecteur Harry ne jure que par Meryl Streep. Le nom d'Isabelle Rossellini est cité, mais Eastwood n'a pas dit son dernier mot...
Le comédien ne lâche rien et son entêtement paie : Beresford abandonne le projet. Eastwood peut dès lors récupérer le bébé et offrir le rôle à Meryl Streep. Seul problème : cette dernière n'en veut pas. L'actrice a ainsi laissé entendre à de nombreuses reprises que le rôle ne l'intéressait nullement. Elle n'a même pas aimé le livre, trop mièvre à son goût. C'est la douche froide pour Clint Eastwood, persuadé qu'elle seule peut - et doit - camper ce personnage.
Une cour en bonne et due forme
Mais comment convaincre la comédienne ? Tous deux ne se sont croisés qu'une fois... Qu'à cela ne tienne, le Californien parvient à dénicher le numéro de l'actrice. Comment ? Grâce à la coopération d'une bonne amie à elle, une certaine Carrie Fisher (Star Wars)... Meryl Streep le fait quelque peu mariner, puis finit par accepter le rôle après lecture du scénario.
Dès le début du tournage, l'alchimie est parfaite : pour preuve, le film est tourné en moins de temps que prévu tant l'ensemble est fluide et efficace. Clint Eastwood, figure "virile" et à l'occasion sexiste, commence doucement à tomber le masque. Le film, magnifique et juste, en témoigne. La suite, on la connaît : des critiques dithyrambiques, une nomination aux Oscar pour Meryl Streep. Mais plus que tout, le début d'une belle amitié entre deux légendes du septième art, en dépit de leurs différences : on se rappelle quand l'actrice voulait toucher deux mots à Eastwood car il avait exprimé son soutien à Trump...