La production de "Tango & Cash" n'a pas été une partie de plaisir. Renvoi de plusieurs membres de l'équipe, réécritures constantes, menaces... Retour sur quelques rebondissements du tournage du film d'action avec Sylvester Stallone et Kurt Russell.
Tango & Cash : very good cops
"Ils sont flics... Ils sont rivaux... Et ça les tue de bosser ensemble." Comment ne pas succomber à une telle accroche, pleine de promesses ? Après Eddie Murphy et Nick Nolte dans 48 Heures, après Mel Gibson et Danny Glover dans L'Arme fatale, Sylvester Stallone et Kurt Russell participent à l'heure de gloire du buddy movie américain avec Tango & Cash, long-métrage signé Andreï Konchalovsky (Runaway Train) et sorti en 1990.
Le premier prête ses traits à Ray Tango. Le second incarne Gabriel Cash. Alors que les deux lieutenants aux styles opposés se disputent le titre de Meilleur flic de Los Angeles, leur efficacité pour combattre le crime met les nerfs du trafiquant Yves Perret (Jack Palance) à rude épreuve. Ce dernier ne ménage pas ses efforts pour tenter de les éliminer. Avec l'aide de son homme de main Requin (Brion James), le caïd parvient à les prendre au piège et à les faire inculper, pensant les avoir mis à l'ombre pour de bon.
C'était sans compter sur la ténacité de ces deux cadors du LAPD, encore plus doués lorsqu'ils unissent leurs forces. Avec le soutien de quelques alliés dont Kiki (Teri Hatcher), la soeur de Tango, le tandem va tout mettre en oeuvre pour faire tomber Perret dans cette comédie d'action remplie de trognes incontournables, à commencer par celles de James Hong, Edward Bunker ou encore Robert Z'Dar, le terrifiant Matt Cordell de Maniac Cop.
Un tournage compliqué
Si à l'arrivée, Kurt Russell et Sylvester Stallone forment sans doute l'un des plus beaux duos de l'histoire du cinéma dans un film inoubliable, la production de Tango & Cash est marquée par de nombreuses embûches. À l'origine, l'interprète de Rocky Balboa doit donner la réplique à un autre comédien ayant multiplié les expérimentations capillaires à cette époque, Patrick Swayze. Néanmoins, comme le rappelle Rockyrama, ce dernier se désiste pour tourner Road House. Jon Peters fait ensuite appel à Kurt Russell, qui accepte après avoir refusé quelques années plus tôt le rôle de Martin Riggs dans L'Arme fatale.
Ce n'est qu'un problème de réglé pour le producteur. Le tournage débute alors que le scénariste Randy Feldman n'a pas terminé son script. Sylvester Stallone se charge donc d'écrire la plupart des dialogues. L'acteur décide par ailleurs de renvoyer le directeur de photographie Barry Sonnenfeld, futur metteur en scène de La Famille Addams et de Men in Black, n'étant pas satisfait par son travail. Donald E. Thorin, qui vient de collaborer avec la star sur Haute sécurité, autre projet où Sly doit en découdre derrière les barreaux.
"La pire production sur laquelle j'ai pu travailler"
Durant toute la durée du tournage, les réécritures sont constantes, au même titre que les problèmes d'ego. Andreï Konchalovsky a une vision particulière pour le film, qu'il ne parvient pas à imposer, comme le raconte le scénariste Randy Feldman, cité par Rockyrama :
Il voulait vraiment déconstruire l’image iconique de Sylvester Stallone. Durant la scène de l’évasion, il voulait le faire grimper une gigantesque structure phallique, par exemple. Il y avait tout un sous-texte subversif dans sa vision du film, et il n’a pas pu la mener à terme.
Un parti pris qui s'oppose aux envies de Jon Peters, qui vire le cinéaste et confie la réalisation à Albert Magnoli. Le producteur va par ailleurs jusqu'à menacer le scénariste Randy Feldman pour qu'il écrive ce mémorable moment de gêne où Kurt Russell se travestit à la sortie d'une boîte de nuit. Producteur exécutif, Larry J. Franco déclarera à propos de cette expérience :
Tango & Cash est de loin la pire production sur laquelle j’ai pu travailler. Et pourtant, j’ai travaillé sur Apocalypse Now !