En 2010, le cinéaste Roman Polanski met en scène l'excellent "The Ghost Writer". Thriller captivant, le récit raconte le destin d'un écrivain engagé pour terminer les mémoires d'un ancien Premier ministre britannique : Adam Lang. Découvrez de qui est inspiré ce politicien incarné par Pierce Brosnan.
The Ghost Writer : un polar passionnant
Est-ce réellement nécessaire de présenter Roman Polanski ? Cinéaste de renom à qui l'on doit des grands classiques comme Rosemary's Baby (1968), Chinatown (1974), Le Pianiste (2002) ou encore Carnage (2011), Roman Polanski est également connu pour ses déboires avec la justice américaine. En 2010, il met en scène The Ghost Writer, un thriller/polar palpitant emmené par Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Tom Wilkinson ou encore Olivia Williams.
L'histoire raconte le destin de The Ghost (Ewan McGregor), un prête-plume dont on ne connaît pas le nom, employé par le politicien Adam Lang (Pierce Brosnan), pour l'aider à finaliser ses mémoires. L'écrivain est alors convié dans la maison secondaire de cet ancien Premier ministre britannique, qui a élu domicile sur une petite île anglaise. Isolé de tout, l'auteur va pouvoir se lancer pleinement dans son écriture. Mais ce dernier va alors déterrer de terribles secrets qui vont mettre sa vie en danger.
The Ghost Writer a rencontré un succès critique impressionnant. Le long-métrage a fait l'unanimité auprès de la presse. Celle-ci dépeint un thriller à l'atmosphère angoissante, porté par un scénario intelligemment ficelé. Le film captive son public jusqu'à un twist final passionnant. The Ghost Writer a même été nommé à 8 reprises aux César et est reparti avec 4 statuettes : Meilleure réalisation, Meilleur montage, Meilleure adaptation et Meilleure musique pour Alexandre Desplat.
Malheureusement, le succès n'a pas suivi du côté du box-office. Pour un budget de 45 millions de dollars, The Ghost Writer comptabilise seulement 60 millions de dollars de recettes.
Une histoire inspirée d'un véritable politicien ?
Avant d'être un film, The Ghost Writer est un roman de Robert Harris intitulé L'Homme sans ombre. Publié en 2007, ce roman cherche à dépeindre les déviances politiques britanniques. Il faut dire que Robert Harris, également scénariste sur The Ghost Writer, a eu accès aux secrets les plus fous du gouvernement britannique. En effet, avant d'être romancier, il était journaliste politique. Il expliquait ainsi :
J'ai glané beaucoup d'informations de l'intérieur du système. J'ai eu accès à des dossiers auxquels aucun journaliste n'avait accès à l'époque. Enfin, j'ai pu me renseigner sur la manière dont certains se comportent sous la pression. La manière dont on vit quand on est sous protection rapprochée en permanence. Sur le rapport au pouvoir, et sur l'excitation et l'adrénaline que cela procure.
Rapidement, beaucoup d'analystes et de lecteurs ont pointé du doigt un parallèle entre Adam Lang et Tony Blair, l'ancien Premier ministre anglais. Robert Harris était notamment un proche de Tony Blair pendant sa campagne juste avant son élection en 1997. De plus, L'Homme sans ombre est rapidement assimilé comme étant une critique à l'encontre du système politique de l'époque de Tony Blair. Ce dernier est effectivement accusé d'avoir été au service du gouvernement américain pendant son mandat. Toutes ses décisions allaient dans le sens des États-Unis et favorisaient l'impérialisme américain. Enfin, autre parallèle, dans The Ghost Writer, on peut apercevoir des manifestants qui dressent fièrement des affiches avec le mot liar (menteur). Un mot qui a été utilisé par les détracteurs de Tony Blair via l’anagramme Tony B.Liar. Pourtant, Robert Harris niait toute connexion avec Tony Blair :
Cela fait plusieurs années que j'ai le projet de L'Homme de l'ombre. Cela remonte sans doute à une quinzaine d'années avant que Tony Blair ne devienne Premier ministre. Ce qui m'intéressait vraiment, c'était l'idée d'un mensonge imaginé par un ancien dirigeant politique face à un homme censé rédiger ses mémoires.
Reste que L'Homme sans ombre ; qu'il soit une accusation directe ou non à l'encontre de Tony Blair ; demeure incontestablement un brûlot contre la politique britannique de ces dernières années. Et, par conséquence, il en va de même avec The Ghost Writer.