Avec "The Impossible", J.A. Bayona revient sur le tsunami de décembre 2004 survenu dans l’océan Indien, qui a coûté la vie à 230 000 personnes. Pour aborder l’une des plus grosses catastrophes naturelles du XXIe siècle, le réalisateur s’est basé sur le point de vue d’une famille espagnole qui était au cœur des événements.
The Impossible : un drame bouleversant signé J.A. Bayona
En 2004, Maria, Henry et leurs trois garçons s’envolent pour la Thaïlande pour les fêtes de Noël. Le 26 décembre, la famille résidant dans un complexe hôtelier de Khao Lak fait partie des millions de victimes du tsunami provoqué par un séisme de magnitude 9,3.
Pour son premier film tourné en langue anglaise, avant Quelques minutes après minuit et Jurassic World : Fallen Kingdom, J.A. Bayona se penche sur l’une des plus grosses catastrophes naturelles du XXIe siècle. Œuvre puissante, The Impossible délivre un propos universel en se focalisant sur une poignée d’individus, qui révèlent le meilleur dans les pires moments.
Porté par les prestations fortes de Naomi Watts, d’Ewan McGregor et du jeune Tom Holland, le long-métrage rend compte de l’enfer vécu en adoptant le point de vue des membres de la famille, tout en témoignant de l’ampleur du drame. Une expérience totalement immersive et parfois insoutenable, qui confirme le talent du cinéaste espagnol.
Après L’Orphelinat, J.A. Bayona triomphe une nouvelle fois aux Goya - l’équivalent des César - avec The Impossible. Il repart de la cérémonie avec le trophée du Meilleur réalisateur, tandis que son équipe est notamment récompensée par celui des Meilleurs effets spéciaux. Naomi Watts est quant à elle nommée à l’Oscar de la Meilleure actrice pour sa performance.
Une famille séparée dans la catastrophe
Afin de rester juste et de ne pas verser dans une surenchère émotionnelle putassière, J.A. Bayona a sollicité le regard de survivants du tsunami, à commencer par celui des membres de la famille de María Belón. The Impossible s’inspire du calvaire que cette médecin espagnole, son mari Quique et leurs fils Lucas, Tomas et Simon ont enduré, qui a touché douze pays et coûté la vie à 230 000 personnes.
Lorsqu’elle est frappée par la vague, María Belón observe ses deux plus jeunes garçons en train de jouer dans la piscine de l'hôtel. Interrogée par le Mirror en 2017, elle raconte :
Nous ne pouvions pas voir la vague. Nous avons d’abord entendu un horrible grondement. Je regardais autour de moi en pensant que c’était peut-être juste mon imagination. (…) J’étais face à la mer et j’ai vu un énorme mur noir. Je ne pensais pas que c’était la mer. (…) J'ai hurlé en direction de mon mari et de mes enfants. (…) L'instant d'après, ils ont tous disparu sous l'eau.
Selon son diagnostic médical, María Belón aurait passé plus de trois minutes à se débattre sous l’eau, sévèrement blessée par de nombreux chocs. Quand elle réussit à s’accrocher à un arbre, la survivante est totalement déboussolée mais parvient à reprendre ses esprits en apercevant son fils Lucas à une quinzaine de mètres. Après de longues minutes d’agonie, Quique parvient quant à lui à retrouver Tomas, puis Simon.
L’importance d’être fidèle à la réalité
Des événements auxquels J.A. Bayona a voulu rester fidèle. Interrogé par Première durant la promotion du film en 2012, le cinéaste explique :
90% de ce que vous voyez à l’écran est vrai. Nous avons changé quelques éléments afin de donner à l’histoire une portée universelle. Nous ne précisons jamais la nationalité des personnages. Nous l’avons appelé The Impossible parce que la plupart de ce qui arrive paraît impossible.
Après le tsunami, María Belón passe plus d’un an à l’hôpital, entre Singapour et l’Espagne. Pendant plusieurs années, elle et sa famille ne témoignent pas sur la catastrophe qu’ils ont vécue, avant de participer à une émission de radio consacrée au tsunami. Contactée par J.A. Bayona, elle contribue ensuite à l’écriture de The Impossible.
Selon The Oprah Magazine, María Belón vit actuellement à Barcelone, travaille toujours en tant que médecin et est également conférencière, prenant la parole pour les survivants du tsunami. Quique Álvarez vient en aide aux réfugiés qui tentent d’arriver sur l’île de Lesbos, en Grèce, par le biais de l’association Proactiva Open Arms. Leurs enfants sont aussi engagés dans des activités humanitaires. Lucas, l’aîné, est par ailleurs devenu médecin et s’est démarqué en luttant contre le coronavirus à Londres, d’après El País.