Le temps d'une scène, Mickey Rourke livre une performance poignante face à Jack Nicholson dans "The Pledge". Lorsqu'il tourne le thriller de Sean Penn, l'acteur est au fond du trou...
The Pledge : une enquête bouleversante
Six ans après l'avoir dirigé dans Crossing Guard, Sean Penn offre un nouveau rôle puissant à Jack Nicholson dans The Pledge. Dans ce thriller sorti en 2001, le comédien prête ses traits à Jerry Black, un policier sur le point de partir à la retraite, qui accepte de venir en aide à un collègue sur une dernière enquête.
Il se lance sur les traces du meurtrier et violeur d'une fillette de huit ans, dont le corps a été retrouvé dans les montagnes du Nevada. Alors que ses partenaires lui suggèrent de renoncer, Jerry fait une promesse solennelle à Margaret Larsen (Patricia Clarkson), la mère de la victime. Le policier lui jure de retrouver le tueur.
Sam Shepard, Aaron Eckhart, Robin Wright, Helen Mirren, Tom Noonan, Benicio del Toro, Vanessa Redgrave, Harry Dean Stanton et Mickey Rourke complètent la distribution phénoménale de The Pledge. Des années avant son retour en grâce avec Sin City et surtout The Wrestler, ce dernier apparaît dans l'une des scènes les plus touchantes et mémorables de sa carrière.
Un père brisé
Au début de son enquête, Jerry Black rend visite à Jim Olstad, père d'une petite fille portée disparue depuis 3 ans. Dans le fumoir d'un hôpital, Mickey Rourke affiche un regard désespéré. Face à un Jack Nicholson désemparé, il laisse exploser son chagrin en évoquant des souvenirs, exprime sa culpabilité et demande où est son enfant.
Deux minutes bouleversantes où Mickey Rourke vole la vedette à son brillant partenaire, qui s'efface pour lui laisser la scène. En 2009, Christopher Walken interroge le comédien pour le magazine Interview et lui assure qu'il est "incroyable" dans The Pledge. L'acteur lui répond que sa carrière était pourtant au point mort lorsqu'il a tourné cette scène :
Quand j'ai fait le film de Sean Penn, je crois que je vivais dans une chambre à 500 dollars par mois. Quelqu'un m'a appelé ou m'a croisé et m'a demandé si je voulais venir travailler pendant une journée. Ça m'a aidé à avancer un peu. Mais ce n'est qu'au moment de Sin City (sorti en 2005, ndlr) que je suis revenu dans la partie.
Un acteur au fond du trou
Dans les années 1990, Mickey Rourke délaisse les plateaux de tournage pour tenter de se consacrer à la boxe. Il refuse notamment le rôle de Butch Coolidge dans Pulp Fiction. Le comédien se croit alors au sommet et pense qu'il ne pourra pas chuter, comme il le confie à Thierry Ardisson lors de la promotion de Sin City :
J'avais tout et j'ai tout foiré. C'est un désastre total. À l'époque, je ne me rendais pas compte que c'était de ma faute. Je croyais que c'était la faute des autres, que c'était eux qui m'en voulaient. (...) J'avais la grosse tête, je me prenais pour un génie. On gagne beaucoup d'argent, tout le monde vous lèche les bottes, on commence à croire qu'on est quelqu'un de particulier. On pense qu'on ne va jamais se retrouver par terre. Et quand on y est, on ne pense pas que ça va durer 12-13 ans.
Après douze matchs, un médecin oblige Mickey Rourke à arrêter la boxe. Il a recours à la chirurgie esthétique et se retrouve à "vivre seul dans une pièce" pendant dix ans, comme il l'affirme au magazine Elle en 2009. Il apparaît dans des films indépendants comme Buffalo '66 et Animal Factory, et commence à remonter la pente au début des années 2000 grâce à des seconds rôles dans Get Carter, où il combat Sylvester Stallone, et The Pledge. L'acteur ajoute à ce sujet :
J’allais au sport, je regardais la télé… J’ai tout vendu. Seules deux personnes me sont restées fidèles dans le métier : Sylvester Stallone et Sean Penn.