Pour son nouveau long-métrage, le troisième après Saint Ange et Martyrs, le réalisateur français Pascal Laugier s'est exilé aux Etats-Unis pour réaliser The Secret, un film à mi chemin entre drame et thriller.
Il y avait longtemps que le scénario de The Tall Man (son titre original) traînait dans les tiroirs du réalisateur mais il n'avait pas, faute de moyens, pu le réaliser. Il a dû attendre sa rencontre avec Clément Miserez, producteur, séduit par Martyrs pour démarrer la réalisation de The Secret, dont le pitch fait froid dans le dos...
"Dans une ancienne ville minière maintenant vouée au désoeuvrement et à la misère, des enfants disparaissent régulièrement sans laisser de traces. Les rumeurs locales évoquent une créature mystérieuse, le "Tall Man", sinistrement vêtu de noir qui rôderait aux alentours. Un soir, Julia (Jessica Biel) assiste à l'enlèvement de son fils par ce qui semble être cet individu, et se lance à sa poursuite."
La première partie du film se déroule comme un thriller, Laugier exploite tous les codes du genre : froideur du décor, paysages angoissants, scènes de nuit, steady cam, musique anxiogène. Le décor est planté, le spectateur ne s'attend pas à ce qui va suivre.
Au fur et à mesure que l'histoire avance, les certitudes quant aux intentions des personnages deviennent floues, on ne sait plus très bien qui est victime, qui est coupable, Laugier installe peu à peu son twist final, sans à-coups, tout en finesse ce qui rend la dernière partie du film on ne peut plus renversante.
Jessica Biel étonne par la justesse de son interprétation et est responsable en grande partie de la réussite de ce film. A noter également la très belle performance de la jeune Jodelle Ferland dans le rôle de Jenny, l'adolescente muette.
Attention, si vous n'avez pas encore vu le film, ne lisez pas ce qui va suivre !
Pour les spectateurs qui connaissent les précédents films de Pascal Laugier, en particulier Martyrs, la fin de The Secret est à la hauteur de nos espérances. Le thriller pseudo horrifique tourne au drame social, à l'image de la société en crise dans laquelle nous vivons et pose des questions essentielles, que chaque être humain est un jour en passe de se poser.
Est ce que, certaines personnes, peuvent entreprendre des actes punis par la loi sous prétexte qu'elles agissent pour le bien d'autrui ? C'est la question qui s'est posée en 2007 lors de l'affaire de "L'arche de Zoé", lorsque des humanitaires avaient embarqués 103 enfants tchadiens dans le but de les faire adopter par des Européens, ils avaient alors été condamnés pour enlèvement.
Le twist final est ici similaire, puisque les enfants enlevés ont en fait été transportés dans la ville voisine, Seattle, afin d'y être adoptés, clandestinement, par des familles aisées qui représentent bonheur et réussite pour les enfants. En tout cas pour la principale accusée, Julia, qui, en réalité, enlevait les enfants, les gardait un temps chez elle pour les "préparer" avant de les remettre à son mari, le "Tall Man" qui lui les faisait passer, en douce, vers Seattle. L'accusée est persuadée que son action a sauvé ces enfants de la misère et n'hésite pas à s'accuser du meurtre de ces derniers pour protéger ses complices qui eux, continueront leur action.
Laugier ne donne aucun élément de réponse à ces questions laissant le spectateur libre de s'interroger, à l'image du visage de Jenny, adoptée à son tour, qui, dans le dernier plan du film, regarde le spectateur dans les yeux et l'interroge : "C'est sans doute mieux ainsi. Non ?"
C'est précisément cette question qui continue de nous hanter, longtemps, après le générique de fin…
Le DVD
Niveau bonus, le minimum syndical! Un making-of d'1h, très intéressant, dans lequel Pascal Laugier évoque la genèse de son film, ses inspirations, ses modèles mais aussi la façon dont il dirige ses acteurs et son équipe. Ce making of est aussi l'occasion de faire connaissance avec Jessica Biel, très engagée dans son rôle.
Chloé Valmary (14 Janvier 2013)