En 2023, après le grand succès de "The Father", Florian Zeller réalise "The Son", avec un père incarné par Hugh Jackman confronté à la grave dépression de son fils adolescent. Un drame dont la fin est un choc aussi cruel que surprenant.
Florian Zeller sur sa lancée
En 2021, le passage de l'écrivain et dramaturge Florian Zeller au cinéma avec le drame The Father a été un événement . Multi-récompensée, l'adaptation de sa propre pièce de théâtre Le Père, avec un formidable Anthony Hopkins qui glisse dans la démence, a été rapidement suivie par The Son. Une proposition très semblable puisqu'elle est l'adaptation de son autre pièce Le Fils, avec aussi un casting international de luxe comptant notamment Hugh Jackman, Vanessa Kirby et Laura Dern, pour incarner ici l'exploration d'une autre maladie mentale : la dépression adolescente.
Douloureux mélodrame, The Son a une narration plus directe et frontale que celle de The Father, qui nourrissait sa mise en scène et son écriture avec les troubles et la confusion du personnage principal. Dans The Son, on suit Peter (Hugh Jackman), père du jeune Nicholas (Zen McGrath) qu'il a eu avec Kate (Laura Dern), dont il est séparé. Nicholas est profondément dépressif, mais ni lui ni ses parents ne trouvent de prises pour y remédier, et le drame se déroule de manière linéaire pour eux comme pour le spectateur. À une exception près, de taille, qui concerne la dernière séquence du film. (SPOILERS)
Un changement de narration surprenant
La fin de The Son est dramatique et cruelle. Alors que la situation semble au tout dernier moment s'améliorer, Nicholas se tire une balle dans la tête. Ses parents appellent les secours et tentent de le maintenir en vie. Flashback, ellipse. Plus tard, Peter et Beth (Vanessa Kirby) attendent quelqu'un pour déjeuner. Alors que Beth part donner le bain à Theo, leur tout jeune enfant, il va seul à la fenêtre. Et c'est à ce moment précis que Florian Zeller met en scène une séquence imaginaire.
Dans cette séquence, Nicholas sonne à la porte, et son père le prend dans ses bras. Il va bien, il a une petite amie, il a écrit son histoire dans un livre et il va être publié. Au terme d'un échange émouvant, Nicholas dit qu'il va aller voir Theo. Il fait quelques pas et se retourne vers son père, sans un mot, et le sourire de Nicholas s'efface progressivement. La caméra revient sur Peter, le visage tordu de tristesse, seul dans son salon. Nicholas, malheureusement mort, n'a jamais été là, Peter et c'est Beth qui tire Peter, détruit par la la perte de son fils, de cet hallucination cauchemardesque.
"Je tenais à faire la fin ainsi"
Après une narration parfaitement fiable depuis le tout début de The Son, Florian Zeller crée donc un choc en intégrant une douloureuse rêverie dans son récit, qui jusque-là captait l'attention par sa véracité. Nous lui avions posé la question de ce choix lors de la sortie du film au cinéma :
The Son est une ligne droite vers sa destination. Mais pour la fin, il y a un élargissement vers des possibles. Je me suis beaucoup posé la question de la forme qu’elle devait prendre. Je me suis interrogé sur les émotions violentes que ça pouvait créer.
Mais je tenais à faire la fin ainsi, parce que le but de "The Son" est de dire que si c’est bien une tragédie, peut-être que celle-ci était évitable. Si les bons mots avaient été choisis, si les bonnes conversations avaient été engagées, si l’aide nécessaire avait été sollicitée au bon moment. Je pense profondément que c’est une tragédie évitable.