Tim Burton est revenu sur sa carrière et sur sa relation avec l’acteur Johnny Depp. Le duo collabora ensemble à huit reprises sur une période de 32 ans.
Johnny Depp vu par Tim Burton
Johnny Depp et Tim Burton ont longtemps été associés. Dès 1991, l'acteur collabore avec le réalisateur pour Edward aux mains d’argent. De cette œuvre fantastique et gothique, suivra une variété de rôles. Johnny Depp devient ainsi réalisateur dans Ed Wood (1995), enquêteur dans Sleepy Hollow (2000) ou encore meurtrier dans Sweeney Todd (2008). Le comédien est également apparu devant la caméra de Burton pour Les Noces funèbres (2005), Charlie et la chocolaterie (2005), Alice aux Pays des Merveilles (2010) et Dark Shadows (2012).
Dans une interview pour Deadline, Tim Burton est revenu sur sa relation avec Johnny Depp, qui commença donc dès le casting d’Edward aux mains d’argent, en 1990 :
Je l’ai rencontré pour la première fois quand j’ai fait Edward aux mains d’argent. Il était un peu comme moi, une sorte de banlieusard, de “white trash”. Nous nous sommes connectés à un certain niveau.
Le réalisateur évoque donc une connexion artistique et créatrice avec Johnny Depp, et qu’il n’a pas hésité à exploiter jusqu’en 2012, date de leur dernière collaboration Dark Shadows. Puis, Tim Burton explique qu’à l’inverse de certaines stars de cinéma qui jouent avant tout leur propre rôle, Johnny Depp était apte à incarner différents personnages.
Ce n'était même pas une compréhension verbale, c'était juste quelqu'un qui me plaisait pour créer des personnages, qui était intéressé par le jeu pour l'art et pas tellement pour le business. C'était quelqu'un qui pouvait jouer “Scissorhands” ou Edward (dans Edward Wood) et toutes ces choses différentes. (...) C’est toujours excitant de voir quelqu’un jouer différentes choses plutôt que toujours la même d’un film à l’autre, et sa transition entre les films m’a toujours excité.
Une époque changeante
Malgré la récurrence de ce partenariat entre réalisateur et acteur (chose dont il est coutumier, notamment avec Helena Bonham Carter, Christopher Lee ou encore Eva Green) Tim Burton s’exprime également sur différentes périodes transitoires qui ont, pour lui, marqué le monde du cinéma.
Tandis qu’il débute en tant qu’animateur dans les studios Disney, il enchaîne rapidement avec Hollywood qu’il ne quittera plus. Bien que son univers atypique ne colle pas vraiment avec l’image du géant américain, il obtient dans les années 70 une toute nouvelle liberté.
Dans les années 70, il y avait beaucoup plus d’expérimentation et de liberté. C’était un temps où les gens comme Scorsese pouvaient faire des films au style plus indépendant. Ce qui s’est passé c’est qu’une fois que l’idée des blockbusters est arrivée, il y a eu un intérêt plus vif pour le business.
À l’inverse, le cinéaste regrette l’évolution d’Hollywood. En effet, les studios se dirigent vers l’ère du numérique et optent pour une industrialisation toujours plus mondialisée, basée sur la rentabilité :
C’est devenu beaucoup plus difficile. Je suis là depuis longtemps. Les studios étaient autrefois dirigés par des gens qui faisaient des films, ou du moins qui avaient une connexion avec eux, mais ils ont par la suite été repris par des businessman et des avocats, des personnes qui ne comprennent pas vraiment ou qui n’ont pas d’attrait pour les films.
La pandémie est arrivée au même moment où les studios voulaient transitionner vers le streaming. J’ai eu le sentiment que les films étaient dans une étrange phase transitoire, où les gens ne savaient pas quoi faire, quoi créer, et que les studios stagnaient.
Malgré cela, Tim Burton reste positif et garde espoir, voyant "des signes prometteurs" et se disant prêt à retourner dans l'industrie. C’est d’ailleurs ce que le réalisateur a fait grâce à la série Mercredi, spin-off de l'œuvre culte La Famille Addams, qui sortira sur Netflix ce mercredi 23 novembre.