Tom Cruise peut se targuer d'avoir collaboré avec certains des plus grands réalisateurs de l'industrie hollywoodienne, de Stanley Kubrick à Paul Thomas Anderson, en passant par Michael Mann, Steven Spielberg et Brian De Palma. À l'occasion des soixante ans de l'acteur, retour sur nos dix rôles favoris de la superstar.
1 - Ethan Hunt - saga Mission: Impossible (1996, 2000, 2006, 2011, 2015, 2018)
En 1996, Brian De Palma adapte une fameuse série télévisée d'espionnage et introduit Ethan Hunt au cinéma. Membre de l'agence Mission Impossible, le héros assiste avec impuissance à la mort de tous ses partenaires lors d'une mission à Prague. Nerveux, charismatique et rusé, ce personnage s'étoffe au fil des ans sous la direction des cinéastes John Woo, J.J. Abrams, Brad Bird et Christopher McQuarrie, qui signe la mise en scène et les scripts depuis le cinquième opus.
Des réalisateurs qui mettent leur esthétique singulière, leur génie narratif ou leurs talents d'écriture au service de Tom Cruise, qui effectue des cascades toujours plus folles. Capable d'escalader les falaises de l'Utah comme la Burj Khalifa, de se cramponner à un avion en plein décollage ou de s'accrocher à un Boeing en plein looping, l'acteur s'investit pour faire de cette franchise l'une des rares à ne pas renoncer à des effets pratiques au profit du numérique.
Extrêmement généreux dans l'action, il n'oublie pas pour autant de faire évoluer son personnage et ses acolytes emblématiques incarnés par Ving Rhames, Rebecca Ferguson ou encore Simon Pegg. Condamné à n'être qu'un fantôme obligé de sacrifier son histoire d'amour avec Julia (Michelle Monaghan), Ethan Hunt se réfugie dans l'adrénaline et ne cesse de mettre sa vie en jeu avec un flegme remarquable. Ce protagoniste iconique du cinéma d'action sera de retour le 12 juillet 2023 dans Mission: Impossible - Dead Reckoning Partie 1.
2 - Pete "Maverick" Mitchell - saga Top Gun (1986, 2022)
Tom Cruise devient une star internationale en 1986 grâce à Top Gun. Dans ce blockbuster mis en scène par le grand Tony Scott, l'acteur interprète Pete "Maverick" Mitchell, l'élite des pilotes de ligne admis et mis à l'épreuve dans la plus prestigieuse école de l'aéronautique navale américaine. Alors qu'il tombe fou amoureux de son instructrice Charlie (Kelly McGillis), le jeune chien fou veut évidemment prouver qu'il est le meilleur.
L'acteur développe sa propre mythologie avec le premier opus, montre qu'il est plus rapide et qu'il vole au-dessus des autres acteurs de sa génération. 36 ans plus tard, le comédien tente de prouver qu'il peut aller à l'encontre du temps avec Top Gun : Maverick. Dans cette suite orchestrée par Joseph Kosinski, le Dorian Gray hollywoodien (il s'est déjà penché sur la question avec l'excellent Entretien avec un vampire) ne s'est pas assagi mais apporte son savoir aux nouvelles recrues et tente de leur passer le flambeau. Avant de les sauver et de rappeler que personne ne peut tenir la barre d'un grand spectacle aussi bien que lui...
3 - Vincent - Collateral (2004)
Michael Mann offre à Tom Cruise son plus beau rôle de crapule en 2004 avec Collateral. Celui de Vincent, tueur à gages qui débarque un soir à Los Angeles pour exécuter cinq contrats en une nuit avant de repartir à l'aube. Pour le conduire dans les gigantesques artères de la ville, il fait appel à Max (Jamie Foxx) en lui faisant croire qu'il travaille dans l'immobilier.
Rencontre entre deux individus aux antipodes et entre leurs philosophies opposées, le long-métrage est une virée dont la tension ne lâche plus le spectateur une fois que Max a découvert le véritable métier de Vincent. L'impassibilité de Tom Cruise face à la panique de Jamie Foxx vaut à elle seule le visionnage du film, au même titre que la rage et l'efficacité qu'il déploie lors d'un affrontement avec un gang dans une scène en boîte de nuit, ou que la confrontation finale entre les deux protagonistes. Un thriller nocturne brillant, avec lequel la star trouve son rôle le plus inquiétant.
4 - John Anderton - Minority Report (2002)
Tom Cruise se lance dans une course effrénée pour s'empêcher de commettre un meurtre dans Minority Report, qui marque sa rencontre avec Steven Spielberg. Adaptation de la nouvelle éponyme de Philip K. Dick, ce thriller se déroule en 2054 à Washington. Une époque où il est désormais possible d'empêcher les crimes à venir grâce aux précogs, trois êtres humains mutants capables de voir l'avenir.
Depuis plusieurs années, les homicides ont été éradiqués grâce aux interventions de "Précrime" et de son chef John Anderton, qui les empêchent en intervenant quelques minutes avant qu'ils se produisent grâce aux visions des Précogs. Un jour, il découvre qu'il est le futur coupable d'un meurtre, qu'il commettra dans 36 heures. Pris en chasse par ses collègues, il prend la fuite et se met à enquêter sur l'identité de sa victime.
Torturé et n'arrivant pas à surmonter la mort de son fils, ce personnage permet à Tom Cruise d'interpréter le héros d'un film noir tentant de déjouer une machination et pris au coeur d'un suspense hitchcockien. Un genre auquel Tom Cruise s'est déjà frotté avec La Firme, mais auquel il apporte une intensité rare dans l'univers futuriste de Minority Report.
5 - Frank T.J. Mackey - Magnolia (2000)
Tom Cruise dans la peau d'un gourou viril qui motive ses semblables à la recherche de leur masculinité et leur donne toutes ses techniques pour séduire le sexe opposé ? Sur le papier, le concept paraît presque trop beau pour être vrai, mais Paul Thomas Anderson l'a fait.
Comme lorsqu'il sautille sur le canapé d'Oprah Winfrey, l'acteur sait parfaitement devenir insupportable d'arrogance et de fausseté, associées ici à de la misogynie. Mais quand le spectateur découvre les raisons de ce comportement exécrable et voit ses larmes, il ne peut que pleurer avec le pauvre Frank T.J. Mackey. Sa mise à nu dans Magnolia donne lieu à l'un des plus beaux règlements de comptes du cinéma, qui débute comme un cri de colère avant de se transformer en déclaration d'amour bouleversante. Une performance magistrale.
6 - Charlie Babbitt - Rain Man (1989)
L'interprétation de Dustin Hoffman est souvent présentée comme l'atout principal de Rain Man, signé Barry Levinson. Pourtant, face au comédien récompensé par un Oscar pour sa performance, Tom Cruise ne démérite pas. Plus en retrait, peut-être moins excessif, il est particulièrement émouvant dans le rôle de Charlie Babbitt, un concessionnaire égocentrique qui découvre l'existence de son frère autiste Raymond.
Afin de récupérer l'héritage après la mort de leur père, Charlie "kidnappe" Raymond. Ils entament un voyage vers la Californie durant lequel ils se rapprochent, alors que de vieux souvenirs refont surface. Un périple au cours duquel Charlie fend l'armure, son interprète passant de la confiance excessive à des regards désarmants.
7 - Ron Kovic - Né un 4 juillet (1990)
Tom Cruise est nommé pour la première fois aux Oscars pour Né un 4 juillet (il le sera ensuite pour Jerry Maguire et Magnolia). Le long-métrage d'Oliver Stone retrace le parcours de Ron Kovic, qui s'est porté volontaire pour la guerre du Vietnam. Paralysé à vie après avoir été touché à la moëlle épinière, il est particulièrement déçu par le traitement réservé aux vétérans.
L'ancien militaire milite ensuite pour la paix. Un long-métrage étalé sur plusieurs années, dans lequel Tom Cruise se métamorphose et s'efface complètement derrière ce protagoniste brisé porté par ses convictions, à mille lieues des rôles qui l'ont révélé.
8 - Les Grossman - Tonnerre sous les tropiques (2008)
Avec le personnage de Les Grossman, Ben Stiller permet à Tom Cruise de faire l'un des caméos les plus mémorables et les plus hilarants de l'histoire du septième art dans Tonnerre sous les tropiques. Producteur accro au Coca Light et prêt à exploser à n'importe quel moment, inspiré en partie d'Harvey Weinstein, cet homme d'affaires tyrannise le réalisateur Damien Cockburn (Steve Coogan), qui a déjà bien du mal à gérer son casting de stars sur le tournage de son film sur la guerre du Vietnam. L'interprétation fabuleuse de Tom Cruise se passe de tout commentaire, au même titre que son déhanché sur le titre Get Back de Ludacris :
9 - Jerry Maguire - Jerry Maguire (1997)
Agent de sportifs ultra efficace, ultra réputé, ultra beau et ultra riche, Jerry Maguire mène une vie de rêve. Mais un jour, alors qu'il se retrouve face à une crise de conscience provoquée par la lassitude d'évoluer dans un monde factice, Jerry rédige une longue note sur son métier. Des confidences touchantes mais très mal vues par le reste de la profession, qui provoquent son licenciement.
Après avoir tout perdu, Jerry va tenter de remonter la pente avec les deux seules personnes qui lui sont restées fidèles : sa collègue Dorothy (Renée Zellweger) et le footballeur Rod Tidwell (Cuba Gooding Jr.). Tom Cruise livre une performance habitée d'un perdant au grand cœur dans cette comédie dramatique de Cameron Crowe, qui bénéficie des talents de scénariste et de la sincérité du réalisateur, qui emporte le spectateur dans cette histoire remplie d'échecs mais toujours positive. Quatre ans plus tard, l'acteur et le cinéaste se retrouvent sur le joli Vanilla Sky, remake d'Ouvre les yeux qui met en avant un personnage assez similaire.
10 - Ray Ferrier - La Guerre des mondes (2005)
Deuxième et dernière collaboration entre Steven Spielberg et Tom Cruise, La Guerre des mondes est l'un des projets les plus désabusés de son réalisateur. Il permet au comédien d'incarner l'un de ses personnages les moins glorieux. L'acteur prête ses traits à Ray Ferrier, un docker du New Jersey divorcé et qui n'est pas très présent pour ses enfants Rachel (Dakota Fanning) et Robbie (Justin Chatwin). Alors qu'il est censé les garder quelques jours, de gigantesques robots tentaculaires surgissent du sol et envahissent la planète.
Dans ce chaos, Ray va devoir assurer la survie de ses enfants et la sienne pour les aider à retrouver leur mère Mary Ann (Miranda Otto). Collaboration compliquée entre le cinéaste et la star, La Guerre des mondes est une œuvre désespérée qui résonne avec les attentats du 11 septembre 2001 et avec laquelle Tom Cruise dévoile une facette pathétique et nettement moins flamboyante de sa palette de jeu. Ce qui ne l'empêche pas d'être touchant, bien au contraire.