Parmi les séquences les plus mémorables de "Top Gun", la partie de beach-volley qui oppose Maverick et Goose à Iceman et Slider est en très bonne place. De la bonne humeur, un morceau de Kenny Logins et des torses musclés luisants de sueur, bref un vrai délire sur lequel Tony Scott apportait un commentaire particulier...
Top Gun, un condensé de séquences cultes
Alors que Top Gun : Maverick arrive sur les écrans de cinéma le 25 mai 2022, les souvenirs du premier film Top Gun, sorti en 1986, rejaillissent. Blockbuster parfait des années 80, film de la révélation pour Tom Cruise, grand succès financier avec plus de 350 millions de dollars de recettes au box-office global pour 15 millions de budget, Top Gun occupe une place à part dans la mythologie hollywoodienne. Et il doit en partie cette place à ses nombreuses scènes devenues célèbres, pour leurs qualités comme pour leurs défauts.
Deux scène se distinguent particulièrement. La scène d'amour plutôt ratée entre Pete "Maverick" Mitchell (Tom Cruise) et Charlotte "Charlie" Blackwood (Kelly McGillis) sur Take My Breath Away, et la partie de beach-volley qui oppose Maverick et Goose (Anthony Edwards) à Iceman (Val Kilmer) et Slider (Rick Rossovich). Ces deux scènes constituent l'étrange rapport du film à la sensualité. Et n'ont pas manqué de faire émerger des théories sur le sous-texte homosexuel de Top Gun, ou tout du moins son homo-érotisme.
Dans le documentaire qui lui a été consacré, réalisé pendant le tournage de Domino, Tony Scott racontait ainsi son souvenir du tournage de la séquence de beach-volley (ci-dessous).
Tony Scott : "Je n'avais aucune vision de ce que je faisais, sinon faire du "soft porn" !"
Dans cette courte vidéo, Tony Scott revient avec humour et distance sur le tournage de cette séquence, dont il dit comprendre l'enjeu dans le film - montrer les pilotes à leur avantage. Mais il n'avait en revanche aucune idée de comment la tourner. Ce qui lui a donné ainsi sa forme clipée sur le morceau Playing with the Boys de Kenny Logins. Pour un résultat qui vaut surtout pour son aspect fun.
Quant à l'exposition des corps huilés des acteurs, Tony Scott conçoit alors que celle-ci a bien sûr tout du "soft porn".
Cette scène a été désignée pendant trois ans de suite meilleure scène de n'importe quel film par le magazine Suck (magazine pornographique underground fondé en 1969, ndlr). À cause de tous ces gars, dénudés. Mais je ne savais pas quoi faire de cette scène. Je savais qu'elle était dans le film, parce qu'il fallait que je fasse frimer ces gars. Mais je n'avais pas de point de vue pour cette scène, donc j'ai juste lancé le truc et convaincu les gars de ne garder que leurs pantalons, et on les a aspergés d'huile pour bébé et de sueur.
Mais je n'avais aucune vision de ce que je faisais, sinon faire du "soft porn" ! (rires).
Difficile de ne pas rejoindre les mots du cinéaste. En effet, Top Gun est chargé d'un homo-érotisme souvent troublant, dans sa célébration de jeunes héros masculins via leur rivalité finalement tendre, saupoudrée ça et là de symboles phalliques.
Un point que Quentin Tarantino a toujours voulu mettre en exergue, accroché à la théorie que le scénario de Top Gun est le meilleur d'Hollywood si on le lit dans la perspective d'un jeune homme qui se débat contre son homosexualité. Une théorie qu'il développait avec passion dans le film Sleep with me (ci-dessous).