À l'occasion de la sortie de Toy Story 4, et du Festival International du film d'animation d'Annecy, nous avons rencontré le réalisateur Josh Cooley ainsi que les producteurs Jonas Rivera et Mark Nielsen. Le metteur en scène nous a répondu, entre autres, sur la possibilité d'une suite.
C'est sous le soleil magnifique d'Annecy que nous avons eu, il y a quelques jours, rendez-vous avec le réalisateur de Toy Story 4, Josh Cooley et les deux producteurs du film, Jonas Rivera et Mark Nielsen. Tous les trois ont travaillé ensemble sur cette suite que tout le monde attendait au tournant. Il faut dire que l'exercice n'était pas simple.
Pourtant, grâce à une écriture intelligente et une équipe talentueuse, le pari est hautement et brillamment relevé (voir notre critique). À tout juste 39 ans, le réalisateur et scénariste, qui a co-signé un des meilleurs scénarios du studio à la lampe (Vice-Versa), signe son premier long-métrage en tant que réalisateur. Une expérience unique et bouleversante qu'il a souhaité généreusement partager avec nous.
Comment vous êtes vous retrouvé sur ce projet de suite?
Josh Cooley : Je finissais ma participation à Vice-Versa, sur lequel j'étais scénariste, et on m'a proposé d'être co-réalisateur sur Toy Story 4. Évidemment je ne pouvais pas refuser ! John Lasseter, qui était également réalisateur sur le film, n'a finalement pas été au bout car il avait d'autres préoccupations à ce moment là. C'était une nouvelle assez dingue pour moi, car je n'avais jamais mené un long-métrage tout seul. J'étais à la fois surexcité mais aussi très angoissé à l'idée de me retrouver comme le référent du projet. Non, seulement je devais gérer ça mais aussi les attentes autour du film. Je suis moi-même très attaché à la trilogie et aux personnages, ce n'était donc pas de tout repos de devoir porter ce projet.
Pouvons-nous parler de la scène d'ouverture, celle où tous les personnages aident Woody à sauver un jouet coincé sous la pluie ? Cette scène atteint un degré de réalisme et d'animation assez incroyable.
JC : Cette scène était probablement la plus importante à faire. D'abord, d'un point de vue de l'histoire parce qu'elle fait office de flash-back où l'on découvre la nuit où la Bergère s'est retrouvée séparée du reste de la bande. Elle avait donc une importance capitale parce qu'elle montrait quelque chose resté, jusqu'alors, sous silence. Cette scène de sauvetage explique beaucoup de choses. L'héroïsme de Woody, toujours prêt à se mettre en danger pour sauver les autres, mais aussi l'importance de la cohésion de groupe.
JC : Concernant la pluie, je n'arrivais pas à imaginer cette scène sans elle. Elle fait totalement partie de l'ambiance, et mieux encore, elle ajoute un relief incroyable aux émotions. D'un point de vue technique, toute l'équipe était super enthousiaste à l'idée de créer cette pluie. Nous l'avons réalisée grâce à quatre techniques d'animation différentes. C'est ce qui donne ce réalisme et cette texture aux gouttes d'eau. On a pris une technique par spécificité de goutte. Une technique pour les gouttes sur les fenêtres, une autre pour celles qui tombent sur les personnages, etc.
Woody est au centre de cette nouvelle histoire, il parait plus fragile et moins confiant. Pouvez-vous nous en parler ?
JC : C'était presqu'évident pour nous, après avoir fait nos adieux à Andy, de nous concentrer sur Woody. Son évolution s'est réellement faite sur les deux précédents films. Sa posture de super-héros a souvent été remise en cause par ses amis. Pourtant, ce rôle, il le tient parfaitement. Mais ses faiblesses le rendent d'autant plus humain.
JC : Sa relation avec la Bergère est très importante. On le découvre pendant le film mais elle a toujours été essentielle au sein de la vie de Woody. Quand il se retrouve dans la chambre de Bonnie, son environnement change totalement et il n'a plus aucun repère. Pire encore, il se sent inutile. C'est grâce à Fourchette qu'il retrouve un sens à sa vie puisque les autres gèrent très bien sans lui désormais.
Le film parle beaucoup de liberté au sens large. Vous êtes vous sentis libres sur cette suite ?
Jonas Rivera : Oui et non. Parler de liberté sur ce film est une excellente chose. C'est vrai, le film en parle. Quand nous avons commencé à parler de cette suite, notamment sur cette fin, on a vraiment pris le temps d'y réfléchir. Pouvons-nous réellement faire ça ? Est-ce que c'est juste pour les fans ? Et est-ce qu'ils apprécieront cette fin ? Et puis, on s'est dit que c'était presque notre devoir, envers Woody de finir ainsi. Il devait compléter son arc narratif.
Mark Nielsen : Encore une fois, la Bergère devait également avoir sa place au sein de l'histoire parce qu'elle représente la liberté dont Woody a peur. Loin des enfants, loin de ses préoccupations paternelles. Ils ont tous les deux, différentes visions du monde et Woody avait besoin d'être porté par la vision de la Bergère.
Une suite serait envisageable?
JC : On ne peut, pour l'instant, pas l'imaginer. On a complété ce qu'il y avait à compléter soit, ici, l'arc narratif de Woody. On ne veut pas faire des suites, pour faire des suites mais pour réellement apporter de la profondeur aux films. Ne jamais dire jamais donc on finira par dire que si quelqu'un a une nouvelle histoire intéressante à raconter, pourquoi pas la raconter !
Propos recueillis par Pauline Mallet lors du Festival international du film d'animation d'Annecy.
Toy Story 4 de Josh Cooley, en salles le 26 juin 2019. Ci-dessus la bande-annonce.