Sorti en 1994, "Tueurs nés" a marqué son époque et créé une controverse historique. Le film d'Oliver Stone, devenu culte, fête ses 30 ans et est actuellement à (re)voir - âmes sensibles s'abstenir - sur Disney+.
Le film culte et sulfureux par excellence
En août 1994, Oliver Stone n'en est pas vraiment à son coup d'essai lorsque sort au cinéma son onzième long-métrage. Scénariste et réalisateur acclamé des années 80, on lui doit alors notamment Salvador, Platoon, Wall Street et Né un 4 juillet, The Doors, JFK... Toujours surprenant et définitivement le plus turbulent des cinéastes hollywoodiens, il réalise alors Tueurs nés, récit ultra-violent du parcours d'un couple de tueurs en série et de masse, sur une histoire originale de Quentin Tarantino. Dans la peau de Mickey et Mallory Knox, Woody Harrelson et Juliette Lewis crèvent l'écran.
Un jeune couple, Mickey et Mallory Knox, décide de s’embarquer dans une virée sanglante. Victimes de mauvais traitements de la part de leurs parents respectifs, ils tuent les gens qu’ils rencontrent sur leur route. Leur déchéance et leur errance sanglante à travers les États-Unis sont scrutées par les médias.
Lors de sa sortie dans les salles, Tueurs nés est un choc, divise radicalement la critique et fait immédiatement controverse. Extraordinairement violent et désespéré, le chaos total que génèrent Mallory et Mickey, version dégénérée et spectaculaire de Bonnie & Clyde, est d'autant plus brutal que la réalisation d'Oliver Stone prend aux tripes. Les plans se succèdent entre noir et blanc et saturation maximum, toutes les valeurs de plan sont exploitées, tordues, la caméra dessine des cadres aussi convenus qu'improbables, et le réalisateur intègre dans son film des codes du reportage télévisé et du style "MTV". Tueurs nés est-il beau ? A-t-il du sens ? Est-il une éblouissante, flashante critique des médias et de la violence ou un pure fabrication esthétique nihiliste et complaisante ?
Un des films les plus controversés de l'histoire
Des questions qui restent toujours ouvertes, 30 ans après sa sortie au cinéma, et qui font de Tueurs nés un film sulfureux et une expérience viscérale, chargé d'une controverse qui ne s'est jamais vraiment éteinte. Le film porte en effet une critique au vitriol du culte de la personnalité soutenu et amplifié par les médias, personnifiés par le journaliste Wayne Gale (Robert Downey Jr.) qui met en scène à la télévision le parcours de Mickey et Mallory. Mais les spectateurs et les critiques se divisent, certains jugeant que la condamnation des médias comme grands responsables du phénomène des meurtres de masse et en série tombe à plat et que par ailleurs Oliver Stone balaie facilement la responsabilité de ses tueurs dans les crimes qu'ils commettent.
Malgré son contenu très polémique et une critique divisée, le film remporte le Grand Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise 1994 et rapporte dans le monde 110 millions de dollars. La controverse sur la violence de Tueurs nés va s'intensifier dans les années qui suivent la sortie du film, avec des liens apparents - mais sans causalités strictement établies - entre certaines tueries survenues aux États-Unis et Tueurs nés.