Un ex-sniper de l'armée américaine a analysé plusieurs séquences de tir de précision au cinéma, et se montre implacable concernant une très célèbre séquence de la saga James Bond.
L'action 007 au filtre du réalisme
Enfin passée des bureaux du MI6 au terrain, Moneypenny n'aurait pas pu rêver pire qu'entrée en matière dans l'introduction de Skyfall. Dans celle-ci, 007 lutte sur le toit d'un train lancé à grande vitesse contre sa cible, qui détient un disque dur avec toutes les identités des agents infiltrés de l'OTAN. Moneypenny reçoit alors de M l'ordre d'abattre immédiatement la cible. Elle rate son tir et atteint James Bond.
Ce tir de précision, manqué, a fait l'objet d'un commentaire de Nicholas Irving, ancien militaire, tireur d'élite dans le 3e bataillon de Rangers de l'armée américaine. Devenu auteur à succès, intervenant à la télévision et sur des chaînes YouTube, il a ainsi passé au crible des scènes de "sniper" dans plusieurs films. Leurs méthodes, leurs probabilités de réussite, leurs vraisemblances, le matériel utilisé, il analyse et donne une note sur 10. Et le tir de Moneypenny dans Skyfall est peut-être ce qu'il a vu de plus invraisemblable, comme il l'explique dans une vidéo d'Insider.
Il n'y a aucune opportunité de tir. Elle n'a aucun support, il faut être très musclé pour un tir comme ça. Et puis ce fusil, comment dire... non. Cette arme, un Olympic Arms K23B, a une précision jusqu'à, littéralement, 50 mètres. Là, il y au plus environ 200 mètres, donc il faut ranger ce fusil et en prendre un autre.
Elle n'a pas de "clean shot". Un "clean shot" signifie que vous n'allez pas blesser, tuer quelqu'un, ou toucher quelque chose de manière collatérale. Si la cible est un des deux hommes, le projectile - du 5.56 (munition très perforante, ndlr) - va traverser le corps de la cible et potentiellement blesser ou tuer la personne qu'elle essaye de sauver.
Je lui mettrais 1/10, parce que ce genre de tir ne peut pas exister.
Mission: Impossible, du mieux
À l'instar des films James Bond, la saga d'action-espionnage portée par Tom Cruise n'est pas la franchise la plus réaliste, n'en déplaise à Tom Cruise et ses cascades. Ainsi, sans surprise, Nicholas Irving juge que la séquence à multiples tireurs de l'opéra dans Mission: Impossible - Rogue Nation n'est pas des plus vraisemblables.
Le fusil-flûte ? Improbable, la mécanique d'un fusil de précision nécessitant des pièces d'une certaine taille qui ne permettraient pas de concevoir un tel objet. Il observe qu'Ilsa Faust a une bonne position de tir, que le tireur de la régie ne cherche pas vraiment à se dissimuler et qu'en revanche la position d'Ethan Hunt est mauvaise. Il souligne aussi que la détonation sonore d'un coup de feu ne peut être réduite à ce point, et qu'il est en réalité assez complexe de tirer avec précision sur une source de lumière pour l'éteindre. Verdict : 5/10.
Logiquement, plus les séquences analysées proviennent de films à la dimension militaire appuyée, plus Nicholas Irving y trouve de l'authenticité et du réalisme. Parmi les films où il relève une mise en scène informée et très réaliste, il apporte ainsi sa préférence au film de Peter Berg Du sang et des larmes.