Un divan à Tunis : comment est né ce superbe film de Manele Labidi ?

Un divan à Tunis : comment est né ce superbe film de Manele Labidi ?

En 2020, la jeune réalisatrice Manele Labidi signe son premier long-métrage : « Un divan à Tunis ». Portée par la comédienne Golshifteh Farahani, l’œuvre raconte le destin de Selma, une femme de 35 ans qui décide d'exercer le métier de psychanalyste dans une banlieue populaire de Tunis. Découvrez la genèse de ce superbe film.

Un divan à Tunis : une superbe création originale

Originaire de Tunisie, Manele Labidi est une auteure et réalisatrice. Au départ, elle n'est pas prédisposée au cinéma. Elle fait des études en sciences politiques et travaille pendant quelques années dans la finance. Puis, elle se tourne vers le théâtre et la télévision. En 2016, elle fait partie du programme d'écriture de la Fémis. En 2018, elle réalise son premier court-métrage : Une chambre à moi. Puis, en 2020, elle dirige son premier long-métrage : Un divan à Tunis.

Porté par Golshifteh Farahani, Un divan à Tunis raconte le quotidien de Selma, une psychologue franco-tunisienne qui décide de retourner dans son pays d'origine pour exercer sa profession dans une banlieue populaire de Tunis. Au lendemain de la révolution arabe, la demande de soins est élevée. Elle se retrouve avec plus de clients qu'elle ne l'aurait cru. Sauf que Selma ne peut légalement pas exercer en Tunisie. Il lui manque une autorisation indispensable pour continuer à aider ses compatriotes...

Un divan à Tunis
Un Divan à Tunis ©Kazak Productions

La genèse du projet

Manele Labidi a toujours été inspirée par son pays d'origine : la Tunisie. Elle a trouvé dans la révolution tunisienne le déclencheur de Un divan à Tunis. C'est en tout cas ce qu'elle a expliqué dans le dossier de presse présenté par Diaphana à l'époque de la sortie du film :

La Tunisie a toujours été pour moi une matière cinématographique puissante, de par ses paysages, sa lumière et la complexité de ses habitants au carrefour entre culture arabo-musulmane et méditerranéenne. Je savais que mon premier film se passerait à Tunis mais c’est la révolution tunisienne qui a été le véritable déclencheur. La révolution a rendu le pays tout d’un coup « bavard » après des décennies de dictature. Et c’est cette effusion de parole intime et collective que j’avais envie de traiter. J’ai aussi compris que la révolution avait eu impact sur le psychisme de la population : la chute brutale de la dictature avait plongé le pays dans un chaos et une incertitude provoquant chez certains des troubles anxieux et dépressifs liés aux interrogations sur l’avenir politique du pays, la crise économique, le spectre islamiste, le terrorisme.

Comment Manele Labidi s'est-elle documentée ?

Après avoir trouvé son sujet, Manele Labidi devait cependant retranscrire une psychanalyste solide et crédible. Pour cela, la cinéaste a rencontré des praticiens de l'hôpital psychiatrique de Razi, à Tunis (qui est l'équivalent de Saint-Anne à Paris). Elle explique que :

Ce sont eux qui m'ont dit que les listes de consultations se rallongeaient. J'ai également interrogé des personnes de mon entourage – famille, amis et voisins – qui étaient très à l'aise à l'idée de parler et d'aller voir un psy.

Un travail de recherche qui a payé puisque Un divan à Tunis a été extrêmement bien reçu par la presse et le public francophone. Le long-métrage a même été nommé à une reprise aux César, dans la catégorie Meilleure première œuvre. Un divan à Tunis est actuellement disponible gratuitement en VOD à la demande sur la chaîne Arte.