Grand succès populaire en France avec plus de 7 millions d'entrées dans les salles de cinéma en 1994, la comédie "Un Indien dans la ville" a fait un flop aux États-Unis, complètement détruit par la critique américaine.
Grand succès en France, "un des pires films"" aux États-Unis
Oh boy... Si le film a marqué toute une génération, a d'abord été jugé drôle et doté d'un certain charme, a fini l'année 1994 à la 2e place du box-office français derrière Le Roi Lion et encaissé 70 millions de dollars de recettes dans le monde, Un Indien dans la ville a reçu un accueil glacial aux États-Unis. "Glacial" semblerait même presque chaleureux tant les critiques se sont montrées assassines envers le film d'Hervé Palud. Le casting était constitué de stars de l'époque, avec Thierry Lhermitte, Patrick Timsit, Miou-Miou et Arielle Dombasle en têtes d'affiche. Ludwig Briand incarnait alors un adorable Mimi-Siku.
Le chiffre flatteur de 7 millions de spectateurs dans les salles ne peut cependant pas lutter contre le temps qui passe. Ce temps qui a fait vieillir très, très vite le film et son histoire grossière de rencontre entre un homme d'affaires cynique et un petit "sauvage" né en Amazonie. Mais les américains, eux, n'ont pas attendu que le temps passe pour le juger excessivement mauvais...
"Un indien dans la ville est l'un des plus mauvais films jamais faits"
Sur Rotten Tomatoes, Un indien dans la ville affiche un Tomatometer à 13% et un Audience Score à 38%. Le légendaire critique Roger Ebert, qui écrivait pour le Chicago Sun-Times, a ainsi cliniquement exécuté le film, ouvrant son texte par la sentence déjà définitive : "Un indien dans la ville est l'un des plus mauvais films jamais faits". La suite est du même tonneau, avec des punchlines assassines, comme par exemple :
"Un Indien dans la ville" est un film français (je ne corromprai pas le joli mot de "comédie" en l'appliquant ici. Ce n'est pas cependant en langue française avec des sous-titres anglais. Le film a été doublé en anglais, un geste prudent, puisqu'il n'a aucun intérêt pour quiconque a appris à lire.
En conclusion de sa critique, il écrit : "Il y a en ce moment un film nommé "Fargo" dans les cinémas. C'est un chef-d'oeuvre. Allez le voir. Si, quelles que soient les circonstances, vous allez voir "Un indien dans la ville", je vous interdirai à tout jamais de lire mes critiques." La messe était dite. On en omettrait presque la mention de la réaction de son collègue, Gene Siskel, avec lequel il avait assisté à une projection tronquée de la dernière partie, pour cause de bobine manquante. Dans leur liste des pires 300 films de l'année 1996, Rogert Ebert et Gene Siskel offrent une belle deuxième place au film...
Même si la troisième bobine avait contenu les rushs de "La Splendeur des Amberson" d'Orson Welles, ce film serait resté une nullité.
La presse américaine unanime
Même son de cloche du côté de l'Austin Chronicle, où Marjorie Baumgarten accordait un 0/5 et écrivait :
Mauvaise idée. Mauvais film. (...) Si les français n'avaient pas déjà inventé le mot "cliché", ils l'auraient fait pour ce film.
Janet Maslin, du prestigieux New York Times, écrivait elle : "Ce qui aurait pu être drôle - possiblement rien - dans la comédie française "Un Indien dans la ville", le public américain peut le voir s'évanouir sous leurs yeux. Le film a été si terriblement doublé en anglais qu'il en devient une horreur discordante. Si les acteurs, dont Thierry Lhermitte, Arielle Dombasle et Miou-Miou, feignent quelques signes visuels de gentillesse et de civilité, ils sont maintenant devenus des rustres grossièrement américanisés sur la pénible piste audio du film."
Peter Stack du San Francisco Chronicle se montre de son côté plus mesuré, relevant le problème de doublage. Mais il conclut tout de même que "tout tombe à plat" dans "cette comédie inepte". James Berardinelli de Reelviews diagnostiquait le film d'Hervé Palud comme "complètement débile" et déclarait que :
Personne, peu importe combien on peut être désespérément à la recherche d'un divertissement familial, ne devrait être soumis à l'indignité de regarder ces quatre-vingt-dix minutes de semblant de film.
Tous les critiques s'accordent ainsi sur un point central : le doublage anglais catastrophique. Très mal fait, celui-ci est en effet venu signer l'arrêt de mort d'un film jugé en lui-même déjà très mauvais. Cette idée de doublage a surpris, et a été perçue comme une préparation maladroite du public au remake américain avec Tim Allen, Un Indien à New York, tourné pendant la distribution américaine de Un Indien dans la ville et sorti en 1997. Un remake qui a alors pris la première place du classement des pires 300 films de l'année 1997 d'Ebert et Siskel. Quand ça veut pas...