C'est en 2021 que Sami Outalbali révèle tout son talent dans "Une histoire d'amour et de désir". Un film qui explore l'érotisme et l'amour chez un jeune garçon plein d'incertitudes, de doutes, de gêne. Un portrait sublimé par la performance de l'acteur, à l'époque connu pour un rôle diamétralement opposé dans la série "Sex Education".
Quand Sami Outalbali se révèle
Dans le très beau Une histoire d'amour et de désir, deuxième film de la réalisatrice franco-tunisienne Leyla Bouzid sorti en 2021, Sami Outalbali incarne Ahmed. Celui-ci est un étudiant français d'origine algérienne âgé de 18 ans, et sa rencontre sur les bancs de la Sorbonne avec Farah, étudiante tunisienne, va le bouleverser. Amoureux mais sans expérience, effrayé par l'érotisme et l'amour - notions rarement visibles dans la culture arabo-musulmane -, il va ainsi découvrir ces sensations au contact de Farah, et de la littérature érotique qu'ils étudient ensemble, pour une première relation amoureuse bouleversante.
Pour Sami Outalbali, c'est presque un rôle à contre-emploi. En effet, l'acteur français alors âgé de 22 ans est surtout connu pour son rôle dans la série Sex Education. Dans celle-ci, il joue Rahim, étudiant français charismatique et à la sexualité très épanouie. Un personnage diamétralement opposé à celui d'Une histoire d'amour et de désir. En effet, Ahmed est d'abord tétanisé par ses préjugés, sa gêne et son malaise vis-à-vis de ses propres sentiments.
Des costumes "moches" très utiles
Interviewé par Franceinfo Afrique en septembre 2021, quelques jours après avoir été récompensé pour sa performance dans le film de Leyla Bouzid au Festival d'Angoulême, Sami Outalbali expliquait comment il avait abordé et construit son personnage. Tout d'abord, il souligne que ce personnage l'a attiré pour la distance qu'il a avec lui, et sa complexité. Avant d'entrer les détails de son métier d'acteur :
Je me suis dit que pendant le tournage, il ne fallait pas que j'ai quelqu'un dans ma vie et il se trouve que je n'avais personne à cette période-là. Cela tombait bien parce que je trouvais bizarre de jouer toute la journée quelqu'un qui n'a jamais connu l'amour et, le soir, rentrer chez moi et être en couple. J'ai beaucoup cherché Ahmed par le biais du corps. J'ai beaucoup travaillé la démarche d'Ahmed dans la rue en allant dans le bureau de préparation du tournage. Les costumes m'ont beaucoup aidé parce que je ne les aime pas du tout. Je trouve ce qu'il met très moche, ça n'a aucun rapport avec moi (rires).
Une distance, mais des échos
Le corps avant tout donc, et cela apparaît comme une évidence dans Une histoire d'amour et de désir, film d'exploration d'une sensualité naissante. Une des plus jolies séquences du film est d'ailleurs une scène de danse où Ahmed se libère enfin, usant librement d'un corps cadenassé jusque-là (notre critique ici). Si Sami Outalbali pointe une distance entre le caractère de son personnage et le sien sur le plan physique et comportemental, il a néanmoins trouvé dans le personnage des éléments qui font écho à sa jeunesse.
J'ai passé mon enfance en banlieue et, du coup, les conseils de son "grand frère" dans le film, je les ai toujours beaucoup entendus. De même, les discussions avec Saidou sont celles que nous avions quand on n'avait rien vécu. Cette vie de rêve que l'on s'inventait. Ces discussions de grands connaisseurs qui n'y connaissent rien. Tout cela faisait écho à beaucoup de choses de mon adolescence.
Bouleversant dans cette incarnation d'une jeunesse qui s'émancipe et naît au véritable amour, Sami Outalbali est nommé au César du Meilleur espoir masculin en 2022 pour cette brillante performance.