Une intime conviction : pourquoi Olivier Durandet a voulu faire interdire le film ?

Une intime conviction : pourquoi Olivier Durandet a voulu faire interdire le film ?

Le film "Une intime conviction" avec Marina Foïs revient sur l'histoire vraie de la disparition mystérieuse de Suzanne Viguier en février 2000. Et surtout sur le procès de son mari, Jacques Viguier, principal suspect dans l'affaire. Parmi les témoins clés, l'amant de Suzanne Viguier, Olivier Durandet, a tenté de faire interdire le film.

Une intime conviction : le procès Jacques Viguier

Le 6 février 2019, le film Une intime conviction sort dans les salles françaises. Réalisé par Antoine Rimbault, il revient sur l'affaire Suzanne Viguier, un fait divers ayant défrayé la chronique, dix neuf ans plus tôt à Toulouse.

Un rapide rappel des faits :

Le 27 février 2000, Suzanne Blanch, épouse de Jacques Viguier, disparaît mystérieusement. Rapidement, les soupçons se portent sur son mari après les accusations de l'amant de Suzanne Viguier, Olivier Durandet, qu'elle fréquente depuis 1998. Mais après une enquête et neuf mois d'incarcération, Jacques Viguier est remis en liberté faute de preuves suffisantes.

Après deux procès, dont un en appel, il est définitivement acquitté par le tribunal d'Albi le 20 mars 2010. Il était défendu lors de ce dernier par Éric Dupond-Moretti. Suzanne Viguier n'a quant à elle jamais été retrouvée. Et le mystère autour de sa disparition reste entier.

Jacques Viguier (Laurent Lucas) - Une intime conviction
Jacques Viguier (Laurent Lucas) - Une intime conviction © Memento Distribution

Dans Une intime conviction, le réalisateur Antoine Rimbault a décidé d'inclure un personnage fictionnel, celui de Nora, interprétée par Marina Foïs. Persuadée de l'innocence de Jacques Viguier après avoir assisté à son procès, elle va convaincre un ténor du barreau (campé par Olivier Gourmet) de le défendre pour son second procès en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.

Olivier Durandet a voulu faire interdire le film

Le réalisateur Antoine Rimbault s'est attaché à rester extrêmement fidèle à la réalité du procès. Il a d'ailleurs choisi de ne pas modifier les noms des protagonistes. De plus, on peut également entendre dans le film de vrais enregistrements issus d'écoutes. Notamment d'Olivier Durandet. Une intrusion dans la vie privée que ce dernier n'a pas supportée, et qui l'a conduit à vouloir interdire le film.

Ainsi, en février 2019, Olivier Durandet a demandé à son avocat d'assigner le producteur et distributeur du film en justice. Il dénonçait un portrait mensonger de sa personne et jugeait que le film était "construit pour démontrer sa culpabilité". Il dénonçait également que les écoutes avaient été tronquées dans le but de faire de lui le coupable. Dans l'assignation (via La Depêche), l'avocat y écrivait :

Le préjudice pour Monsieur Olivier Durandet est évident puisque (...) il l'expose sous un jour défavorable (...) Son personnage principal, Marina Foïs qui mène l'enquête, affirme à plusieurs reprises que le coupable c'est l'amant. Ce film fait de l'amant le coupable. On utilise les écoutes pour construire un scénario. Le spectateur sait-il que dans ce dossier, pour le procès en appel d'Albi, 250 heures d'écoutes ont été versées au débat par le président de la cour d'assises. Dans le film, on entend 8 minutes de ces écoutes. Et le reste ?

Finalement, le 22 février 2019, la XVIIème chambre du tribunal de grande instance de Paris a décidé de ne pas interdire le film. D'après Le Parisien, Olivier Durandet réclamait 50 000 euros d'indemnités par jour de diffusion constatée.

Le distributeur du film a par ailleurs poursuivi Olivier Durandet pour recel de contrefaçon. Il avait en effet produit devant le tribunal deux copies pirates d'Une intime conviction, dont une qu'il a fait faire lui-même en demandant à un huissier de filmer dans une salle de cinéma.