Ce soir à la TV : 200M de budget, c'est le film français le plus cher de l'histoire et une catastrophe financière pour Luc Besson

Ce soir à la TV : 200M de budget, c'est le film français le plus cher de l'histoire et une catastrophe financière pour Luc Besson

Avec "Valérian et la Cité des mille planètes" (2017), Luc Besson a réalisé le film français le plus cher de l'histoire, mais a connu un énorme échec au box-office qui a eu des conséquences directes sur EuropaCorp. Le film passe ce soir sur TMC.

Valérian et la Cité des mille planètes : une adaptation trop ambitieuse de Luc Besson ?

Luc Besson a souvent fait preuve d'une ambition démesurée. Déjà, lorsqu'il s'est lancé dans Le Cinquième élément (1997), le réalisateur français a imaginé tout un univers fantastique à une époque où les effets numériques étaient en pleine évolution et encore très couteux. Le cinéaste n'a ensuite pas lésiné sur les moyens pour proposer d'impressionnantes batailles dans Jeanne d'Arc (1999). Avant de réaliser la trilogie Arthur et les Minimoys (2006, 2009, 2010) en utilisant de l'animation 3D. C'est donc avec toujours la même folie des grandeurs que le réalisateur a proposé Valérian et la Cité des mille planètes (2017), adaptation de la bande dessinée Valérian et Laureline, dessinée par Jean-Claude Mézières et scénarisée par Pierre Christin.

Valérian et la Cité des Mille Planètes © EuropaCorp
Valérian et la Cité des Mille Planètes © EuropaCorp

Une œuvre qui avait grandement influencé Luc Besson au moment de faire Le Cinquième élément. Il y avait donc une certaine cohérence à le voir s'attaquer à cette œuvre. Reprenant la trame de la BD L'Ambassadeur des Ombres (1975), le film suit les agents spatiotemporels Valérian et Laureline, chargés de maintenir l'ordre dans les territoires humains. Une nouvelle mission les amène sur une métropole intergalactique en constante expansion : la Cité des mille planètes. Alors que ce lieu abrite des millions d'espèces qui y partagent leur savoir, leur culture et leurs technologies, une force obscure va menacer la cité. Au cours de leur mission, le duo découvrira un complot bien plus complexe qu'imaginé.

Pour porter Valérian et la Cité des mille planètes, Luc Besson s'est offert un assez gros casting avec Dane DeHaan et Cara Delevingne dans les deux rôles principaux. À leurs côtés on retrouve Clive OwenRihannaEthan Hawke, mais aussi une apparition d'Alain Chabat, méconnaissable en pirate Bob. Seulement, tout cela a un coût, tout comme les effets spéciaux, les décors et les costumes utilisés pour reproduire cet univers.

Un échec au box-office mondial

Si Le Cinquième Élément avait coûté à l'époque l'équivalent de 75 millions d'euros, Luc Besson a explosé ce record en dépensant 197 millions d'euros pour Valérian et la Cité des mille planètes, grâce à une co-production avec notamment la Chine et les États-Unis. Un chiffre impressionnant, largement supérieur à Astérix aux Jeux olympiques (75 millions) et Miraculous, le film (80 millions), sortis respectivement en 2008 et 2023. Ce qui en fait donc le film français le plus cher de l'histoire. Avant cela, le cinéaste avait connu un important succès grâce à Lucy, qui avait rapporté plus de 460 millions de dollars dans le monde (pour un budget estimé à 50 millions d'euros). Malheureusement, Valérian n'a pas été le carton espéré.

Avec seulement 225 millions de dollars récoltés dans le monde, Valérian et la Cité des mille planètes a été un énorme échec financier. C'est d'abord sur le marché américain que le film a été très en dessous des attentes (seulement 40 millions de dollars de recettes), mais aussi en Chine. Malgré une première semaine fructueuse (50 millions de dollars), le long-métrage s'est ensuite écroulé dès sa deuxième semaine d'exploitation avec une chute de 80%.

Les conséquences sur EuropaCorp

Ce score décevant eu un impact direct sur EuropaCorp, la société de production co-fondée par Luc Besson. Et ce, en dépit des déclarations du cinéaste, qui assurait à Screen Daily que le risque était minime pour la société : "Comme toutes les sociétés de production, nous donnons le feu vert à un projet uniquement si au moins 80% de son budget est couvert. Pour Valérian, nous en avons couvert 96% avec les préventes. (…) Le risque pour EuropaCorp est donc de 4% sur le budget alors il n’y a aucun risque en fait. Il s’agit davantage d’un risque lié à la notoriété. Si le film est un gros flop, on ne nous fera plus confiance pour mettre en œuvre ce type de projet. Ce n’est donc pas tant un risque financier qu’un risque humain".

Mais dans les faits, la valeur d'EuropaCorp chuta en bourse avec une baisse de l'action de 40% entre le début d'année 2017 et le 7 octobre, date de publication de l'article de Capital. L'article spécialisé dans la finance expliquait alors que "après une perte nette record de 120 millions d'euros sur l'exercice 2016-2017, Valérian représentait un enjeu majeur pour le groupe, qui devait se refaire une santé financière et espérait, en cas de succès, lancer une nouvelle franchise avec plusieurs épisodes des aventures de Valérian". Quelques mois plus tard, l'AFP (via le Nouvel Obs) annonçait qu'EuropaCorp allait "supprimer environ un quart de ses effectifs en France", soit 22 des 79 emplois.

En 2019, EuropaCorp fut placé en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Bobigny, en raison de sa situation financière. Notons que les pertes de l'entreprise étaient déjà importantes avant Valérian et la Cité des mille planètes, mais l'échec du film a indéniablement eu un impact important. Ainsi, en 2020, la compagnie a été rachetée par la société américaine Vine Alternative Investments, qui en est devenu l'actionnaire majoritaire à 59,9%.