Dans "Vera Cruz" de Robert Aldrich, Burt Lancaster et Gary Cooper se retrouvent au milieu de la guerre civile du Mexique. Un tournage qui n'a pas été de tout repos pour Gary Cooper.
Vera Cruz, le sombre western de Robert Aldrich
Réalisé par Robert Aldrich, Vera Cruz (1954) n'est que le quatrième long-métrage de son auteur. Après cela, le cinéaste a signé de grandes œuvres sombres comme En quatrième vitesse (1955), Le Grand couteau (1955) ou Qu'est-il arrivé à Baby Jane (1962). Mais déjà avec le western porté par Gary Cooper et Burt Lancaster, on trouvait chez le réalisateur une vraie maîtrise. Il faut dire que ce dernier s'était longtemps exercé aux côtés de grands noms comme Jean Renoir ou Richard Fleischer qu'il assiste.
De plus, avant de se lancer dans Vera Cruz, Robert Aldrich a pu s'exercer au genre du western avec Bronco Apache (1954). C'est le succès de ce film qui lui permet d'enchaîner juste après sur Vera Cruz qui, comme son film précédent, se démarque des films du genre de l'époque.
L'histoire suit Benjamin Trane (Gary Cooper) et Joe Erin (Burt Lancaster), deux hommes réunis suite à un malentendu (le premier achetant au second un cheval volé) et finalement engagés par le marquis Henri de Labordière pour escorter un carrosse en pleine guerre civile. D'un côté il y a les fidèles de Benito Juarez, et de l'autre les hommes de l'empereur Maximilen. Et au milieu, Benjamin et Joe, qui acceptent d'escorter le fameux carrosse et la comtesse Marie Duvarre. Notamment parce qu'ils se doutent bien qu'il n'y a pas que la comtesse qui s'y cache, mais un immense trésor.
Gary Cooper, moralement plus juste que Burt Lancaster
Sous ses airs de western à l'ancienne, Vera Cruz est notable pour sa vision sombre et ses personnages peu héroïques. Des protagonistes qui pensent d'abord à leurs intérêts personnels et ne se battent pas pour une cause. Difficile de ne pas penser à ce que sera le western-spaghetti par la suite, tant on peut y voir une influence certaine au classique Le Bon, la Brute et le Truand (1966) de Sergio Leone. D'ailleurs, on retrouvera des années plus tard, dans un autre film de Sergio Leone, Il était une fois dans l'Ouest, Charles Bronson et son harmonica, comme dans Vera Cruz.
Pour autant, le personnage de Benjamin prend position en faveur des révolutionnaires mexicains dans les derniers instants en s'opposant à Joe. Un final, là encore, peu joyeux, avec quantité de cadavres au sol et la sensation de n'avoir aucune éclaircie dans ce monde violent. La présence de Gary Cooper dans le rôle de Benjamin, et ses demandes de réécriture du scénario, ont permis au personnage d'être moralement plus juste.
Un tournage marqué par une blessure
L'acteur était alors âgé de 53 ans et un habitué du genre. Ce qui ne l'a pas empêché de vivre des difficultés sur le tournage. C'est en effet une des anecdotes qu'on trouve sur le site CMH qui raconte que Gary Cooper a été victime d'un accident sur le plateau. Le comédien aurait été blessé au moment où un pont explosait. Les équipes techniques avaient utilisé un peu trop d'explosifs et Cooper fut donc touché et hospitalisé pendant plusieurs jours. Même une fois de retour, les nombreux médicaments qu'il devait prendre l'aurait empêché de travailler durant un moment.
Malgré cet incident, le tournage a pu aller jusqu'au bout. Gary Cooper a continué de tourner dans plusieurs films par la suite, dont le western L'Homme de l'Ouest (1958) avant de décéder en 1961, à 60 ans, des suites d'un cancer de la prostate.