Whiplash : comment Damien Chazelle s'est inspiré de son expérience de batteur ?

Un tempo difficile à suivre

Whiplash : comment Damien Chazelle s'est inspiré de son expérience de batteur ?

Lui-même batteur, le mélomane Damien Chazelle a pris pour inspiration son ancienne expérience au sein d'un jazz-band pour réaliser "Whiplash" d'une main de maître.

Whiplash : le rythme d'un cinéaste batteur

Damien Chazelle est un musicien - ancien batteur - dans l'âme. Accompagné de son fidèle compositeur Justin Hurwitz, le réalisateur américain accorde une place fondamentale à la musique au cœur de son cinéma. Les airs jazzy dansés et chantés par Emma Stone et Ryan Gosling dans la comédie musicale La La Land en témoignent. Tout comme l'odyssée lunaire de First Man : Le Premier homme sur la Lune, dont la bande originale de Justin Hurwitz - encore - accompagne pleinement l'astronaute Neil Armstrong.

Avant ces deux long-métrages, Damien Chazelle entrouvre une porte de son passé avec Whiplash. Sorti en 2014, le film raconte l'histoire d'Andrew, batteur, et de son quotidien rythmé par le jazz.

Whiplash
Whiplash ©Ad Vitam

Interprété par Miles Teller, le jeune musicien devient le batteur du Studio Band de son école. Face à lui, un terrible professeur (J.K. Simmons) incarne la dureté et la pression musicale. En cherchant l'excellence prônée par son chef d'orchestre, Andrew s'acharne jusqu'à épuisement sur les peaux de batterie. Les corps transpirent, les mains saignent, et la chaleur de la salle de répétition orchestrale devient étouffante.

La peur du chef d'orchestre

Dans ce film, le cinéaste s'interroge sur les exigences de l'art et sur la relation professeur/élève. Est-ce que cette souffrance dans l'art, subie par cet élève, est une nécessité absolue ? Damien Chazelle remonte à ses heures d'étudiant et puise dans sa mémoire, qui devient une source d'inspiration pour Whiplash. Au lycée, il fait partie d'un groupe de jazz compétitif. Il en garde des souvenirs impérissables, comme il le confie lors d'un entretien pour AVClub :

C'était un groupe de jazz très compétitif qui s'inspirait des groupes professionnels. Et je me rappelle avoir été terrifié. C'était mon émotion générale pendant ces années. Juste craindre. Et ne pas être capable de manger avant les répétitions, perdre le sommeil et transpirer.

Whiplash
Whiplash © Ad Vitam

Alors apprenti batteur à cette époque, le futur cinéaste rythme son quotidien à coups de baguettes. Son chef d'orchestre suscite en lui un mélange entre admiration et peur :

Tout ce dont j'avais peur en tant que batteur, c'était le chef d'orchestre. C'était son visage. C'était s'il approuvait ou non mon jeu. Et s'il approuvait, ça n'avait pas d'importance si personne ne le faisait, j'étais sur mon petit nuage. Et s'il désapprouvait, aucune importance si le public se levait de leurs sièges et que les gens venaient vers moi et me disaient : 'C'était un super solo'. Je me sentais comme une merde.

J.K. Simmons terrifie le jazz-band

Pour incarner cette figure autoritaire, Damien Chazelle pousse les traits de son personnage au-delà de sa réalité :

Il est tiré de mon professeur, mais je l'ai certainement poussé plus loin. Il y a un peu de Buddy Rich en lui, et de comment il traitait ses musiciens, et un peu d'autres figures tyranniques réputées de leaders de groupes de jazz qui lançaient des choses sur leurs musiciens, les frappaient, leur criaient dessus.

Le réalisateur donne l'entière responsabilité à J.K. Simmons pour devenir Terence Fletcher, cet homme qui va au-delà de la morale. Pour sa performance, l'acteur obtient l'Oscar du meilleur second rôle en 2015.

Au moment de dessiner son parcours professionnel, le réalisateur envisage de poursuivre la musique. Mais sa passion pour le cinéma le mène à Harvard où il apprend les rouages du septième art. En 2023, il poursuivra sa filmographie avec Babylon. Au casting, Margot Robbie et Brad Pitt camperont les rôles principaux.