Chef-d’œuvre de l'humour sans limite des ZAZ, "Y a-t-il un pilote dans l'avion" fête ses 40 ans ! Retour en trois anecdotes sur ce film.
Y a-t-il un pilote dans l'avion : sommet de l'humour sans fond !
Y a-t-il un pilote dans l'avion ? fait partie de cette liste de films dont on doit parfois se pincer pour être sûr que l'on vient bien de voir ce que l'on vient de voir. Au menu : une succession ininterrompue de gags et de jeux de mots plus énormes les uns que les autres sans qu'une seule seconde du film n'ait vraiment de sens. Ce film écrit et réalisé par David Zucker, Jerry Zucker et Jim Abrahams (connus sous l'acronyme des ZAZ) en 1980 est probablement le sommet du genre, né d'une improbable rencontre entre les trois hommes et un film de 67ème zone.
Dans les années 70, le trio s'est fait une spécialité du détournement de publicités. Leur méthode ? Ils laissent tourner un magnétoscope toute la nuit pour enregistrer ce qui passe à la télé et en faire une parodie. Un jour, ils tombent sur les images de À l'heure zéro, un film catastrophe de 1957 nanardesque à souhait. Les trois hommes commencent à en rire et se disent qu'il y a ici matière à en faire une parodie tordante. Pour être sûr de ne pas avoir de problème avec les détenteurs de l’œuvre originale, ils se décident à en acheter les droits. Les décideurs chez Warner Bros., qui ont complètement oublié l'existence de ce film de série Z, leur cèdent contre un chèque modeste de $2500. Une broutille pour les ZAZ qui ont maintenant le champ libre pour exprimer leur folie.
Ils reprennent donc la même trame que le film, soit un pilote d'avion qui tombe malade et les efforts de l'équipage pour réussir à faire se poser la carlingue. Tout cela bien sûr saupoudré d'absurde et de situations folles.
Résultat ? Près de 3 millions de spectateurs en France et 83 millions de dollars de recettes aux États-Unis, soit presque deux fois plus que Shining de Stanley Kubrick sorti la même année. Pas mal pour une comédie loufoque produite pour $3,5 millions. Pour fêter les 40 bougies de sa sortie, on vous offre trois secrets de tournage.
Dans la zone
Les toutes premières minutes se déroulent dans un aéroport où nous découvrons Elaine Dickinson (Julie Hagerty), l'hôtesse de l'air que nous suivrons tout le film. Derrière le brouhaha de la foule, on peut entendre une voix féminine sortant des speakers du grand hall qui annonce à quoi sert la zone de parking blanche et nous rappelle qu'il est interdit de stationner dans la zone rouge. Puis, une voix masculine prend le relais, contredisant totalement les propos précédemment annoncés. S'en suit une engueulade entre les deux, très longue, tournant au règlement de compte et audible de tous à travers les enceintes.
Une scène déjà très drôle au départ et qui l'est encore plus quand on en connait les dessous. L'acteur et l'actrice étaient en effet les vraies voix qui faisaient les annonces de l'aéroport international de Los Angeles et ils étaient de plus mariés dans la vie. La dispute leur a peut-être rappelé certains moments de leur quotidien.
L'art d'aller toujours plus loin
Ce qui rajoute souvent de la puissance à la force comique du film, c'est que les réalisateurs/scénaristes sont prêts à pousser les gags le plus loin possible sans avoir peur de les étirer autant qu'ils peuvent. Une scène du film est le plus beau symbole de cette façon de faire. Une femme y fait une énorme crise d'angoisse et devient hystérique, demandant à ce qu'on la laisse sortir de l'avion. Une hôtesse de l'air vient la calmer, puis un passager prend le relais et la secoue à son tour.
La blague devait s'arrêter là mais Lee Bryant, l'actrice qui l'incarnait, a proposé aux ZAZ d'aller encore plus loin. L'idée leur a beaucoup plus et c'est comme ça que l'on a pu découvrir cette longue ligne de passagers qui faisaient la queue avec de nombreux ustensiles (gants de boxe, revolver...) pour calmer la pauvre angoissée.
Prise de risque
Un des personnages les plus drôles du film est tenu par Peter Graves qui joue le Commandant Oveur ("Havoux" dans la version française). Le pilote n'est jamais à court d'allusions bizarres et de questions aux légers sous-entendus homosexuels quand il discute avec le petit garçon qui vient visiter le cockpit. On se souvient et on rigole encore de son "Tu aimes les films sur les gladiateurs ?" et autre "Joey, est-ce que tu as déjà visité une prison turque ?".
Sauf que l'acteur qui les prononce dans le film était à l'époque connu pour jouer plutôt des rôles conservateurs et des figures d'autorité. Tout le contraire de celui qu'on lui proposait dans Y a-t-il un pilote dans l'avion ?. Alors il a au départ refusé de le tenir, prenant le scénario au premier degré et le décrivant comme une "merde dégoûtante". Le producteur du film a néanmoins insisté pour qu'ils se rencontrent afin de lui expliquer qu'il jouerait une parodie de lui-même, comme le feraient également Leslie Nielsen et Robert Stack, présents au casting.
Peter Graves comprit le point de vue du producteur mais avait toujours des réserves quand aux lignes de dialogues débridées du commandant. Il a fallu que ses amis et sa famille, qui avaient lu le scénario, insistent eux aussi pour qu'il finisse par être convaincu que le rôle était hilarant. Et ils avaient raison.
Y a-t-il un pilote dans l'avion ? est disponible en streaming sur Amazon Prime Video.