19ème et dernier film qui conclut la compétition de cette 70ème édition du Festival de Cannes, "You were never really here" a été présenté à la presse. Pour le défendre, Lynne Ramsay et Joaquin Phoenix se sont présentés à la conférence de presse.
Tirée du livre éponyme de Jonathan Ames, l'histoire est celle de Joe un ancien marine qui va décider d'extraire Nina d'un réseau de prostitution. Le film est donc un thriller avec une ambiance anxiogène porté par un Joaquin Phoenix massif et quasi mutique.
La préparation de Joaquin Phoenix pour You were never really here
Afin d'incarner Joe, l'acteur n'a pas eu recours à une méthode spécifique pour se plonger dans la psychologie de son personnage, ni à une préparation physique intense pour lui donner une carrure particulière. Selon lui :
Il est important en tant qu'acteur de ne pas avoir conscience de soi.
Une trop grande préparation n'aurait donc sans doute pas été bénéfique dans l'interprétation de Joaquin Phoenix. Ses anciens rôles n'ont pas eu non plus une influence dans son jeu. Joaquin Phoenix et Lynne Ramsay avaient dans l'idée d'en faire un personnage corpulent et tendre en même temps. Il n'était pas question non plus de faire du personnage un héros ou de mettre l'accent sur sa masculinité.
Le processus créatif
Le script a été écrit très vite selon la réalisatrice, Lynne Ramsay. Cependant selon Ekaterina Samsonov qui interprète Nina, la jeune prostituée, une bonne part a été laissée à l'improvisation des acteurs :
On a beaucoup improvisé lors du tournage. On n’était pas obligé de coller aux dialogues, au script.
Joaquin Phoenix, soutient ses propos en ajoutant :
Tout changeait constamment et ceci reflétait le sentiment du personnage. Finalement tout fonctionnait bien par rapport au personnage. On ne savait jamais d'une minute à l'autre comment les choses allaient se passer, rien n'était figé, rien n'était fixé à l'avance. On s'est donné une règle, telle ou telle scène n'était pas inscrite dans le marbre, tout a évolué, tout a changé. On s'est dit cette scène est écrite de telle ou telle façon, mais elle pourrait devenir tout autre.
À travers ces mots, on peut donc comprendre que le personnage de Joaquin Phoenix s'est construit au fur et à mesure du tournage, en testant plusieurs façons de jouer une scène.
C'était palpitant de faire un film de cette manière.
Un sentiment partagé par la cinéaste :
Une belle expérience pour moi, je me suis régalée tous les jours. Les journées étaient très bien remplies. Parfois, je me disais est-ce que je sais vraiment ce que je fais, mais c'était incroyable. J'ai eu plaisir à venir travailler tous les jours.
Concernant la bande son et la musique (grandement apprécier par les journalistes), elle a été travaillée très tôt avant même de commencer le tournage.
Johnny Greenwood est quelqu'un que j'admire énormément. C'est un honneur pour moi qu'il ait accepté de contribuer à la bande-son du film.
La référence à Taxi Driver ?
À la lecture du synopsis de You were never really here, la référence à Taxi Driver est automatique. Lynne Ramsay répond à la question de savoir si le film de Martin Scorsese (primé à Cannes en 1976) a été sa principale référence :
C'était un magnifique film Taxi Driver. Le genre était très intéressant, mais je ne pensais pas vraiment à ce film en tournant le mien.
Pour Joaquin Phoenix :
Taxi Driver, c'est sans doute l'un des films qui ont fait de moi un acteur. Ce film m'a beaucoup influencé, mais nous n'avons pas décidé d'inclure les références de Taxi Driver dans le film.
On peut penser que l'interprétation de De Niro est à l'opposé de celle de Phoenix. Là où Robert De Niro était amaigri et très bavard avec une voix off pour extérioriser ses démons, Joaquin Phoenix, lui, a dans You were nerver really here une toute autre approche de son personnage.
You were never really here a été très apprécié en général par la presse, en sera-t-il de même pour le jury ?