Philippe Clair, réalisateur de plusieurs comédies cultes des années 70 et 80, est décédé à l'âge de 90 ans.
Philippe Clair : mort d'un réalisateur culte
Le cinéma français perd un de ses cinéastes phares des années 70 et 80. Philippe Clair est en effet décédé samedi 28 novembre, à l’âge de 90 ans. C'est son avocat, Me Gérald Bigle, qui l'a annoncé dans un communiqué de presse voulu par la famille du réalisateur disparu. Voici leurs mots : "Nous vous informons de la disparition hier de Philippe Clair, producteur auteur, réalisateur et comédien de nombreux films de comédies populaires des années 80.".
Le metteur en scène avait connu une période de succès avec des films qui ont souvent été raillés par une partie de l'intelligentsia du cinéma français.
Une carrière au nom du rire
C'est sûr, ses films n'étaient peut-être pas aussi recherchés que ceux de Jean-Luc Godard ou François Truffaut, mais qu'est-ce qu'ils étaient drôles ! Car telle fut la seule ambition de Philippe Clair : faire rire ! Son cinéma, très influencé par son époque, ne passerait peut-être pas aussi bien aujourd'hui auprès du public, mais il marqua le monde de la comédie dans les années 70 et 80.
S'il commença sa carrière en tant qu'acteur de théâtre et de télévision, c'est vers le long-métrage et la mise en scène qu'il se dirigera finalement, se spécialisant dans les comédies un peu lourdes aux légères tendances nanardesques.
Il suffit de lire les titres de ses réalisations pour rire et savoir ce qui nous y attend. Le Führer en folie, Les Bidasses en cavale, La Grande Java, avec les Charlots, Comment se faire réformer, Ces flics étranges venus d'ailleurs... Et puis Rodriguez au pays des merguez qui, comme son nom le cache très bien, est une parodie du Cid de Corneille.
Peu de réalisateurs peuvent se vanter d'avoir dirigé des grands de l'humour américain, ce que fit pourtant Philippe Clair dans Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir dans lequel Jerry Lewis tenait le premier rôle en 1984.
Il trouva en Aldo Maccione un complice de choix avec qui il marqua les années 80 de leur empreinte avec Plus beau que moi tu meurs (plus de 3 millions d'entrées !), Si tu vas à Rio… tu meurs, Tais-toi quand tu parles, ou L'Aventure extraordinaire d'un papa peu ordinaire. Ce dernier est sa première incursion dans le registre dramatique et s'avère être, en 1989, un immense échec au box-office.
Ce bide lui ferma de nombreuses portes de producteurs et marqua la fin de sa carrière de réalisateur après 16 longs-métrages. Il ne revint jamais à la réalisation et sa dernière création fut Au secours, Philippe Clair revient, une pièce de théâtre de 2013 dans laquelle il se mettait en scène.
Le réalisateur/journaliste Gilles Botineau lui a consacré en 2013 un documentaire, Plus drôle que lui, tu meurs, dans lequel il revient sur sa carrière. Le metteur en scène se confie sur son incompréhension face au mépris que certains critiques et collègues avaient pour sa filmographie. Après tout, c'est un cinéma qui ne fait de mal à personne, et qui, au mieux, fait rire. On a vu pire comme intention.
Preuve du manque de reconnaissance de l'oeuvre de Philippe Clair, seul un de ses films (Si tu vas à Rio… tu meurs) n'a connu de sortie DVD. Son décès va-t-il changer la donne en remettant un peu d'attention sur ses longs-métrages qui ont, qu'on le veuille ou non, marqué le cinéma français pendant presque 20 ans ? On l'espère pour ses nombreux fans.