Le réalisateur et acteur Emir Kusturica a de nouveau suscité des controverses dans sa dernière interview. Au coeur du sujet: Weinstein, Trump et Poutine.
L'artiste Emir Kusturica, connu pour son franc-parler, s'est de nouveau exprimé lors du interview donné au journal The Hollywood Reporter. Au cœur de la conversation sujette à controverse : le président américain Trump, Weinstein et également Poutine.
De grands projets
Emir Kusturica, cinéaste et acteur Serbe est également détenteur de nombreuses récompenses. Doublement lauréat de la Palme d'or du Festival de Cannes pour Papa est en voyage d'affaires et Underground, il a également reçu le prix de la mise en scène à Cannes pour Le Temps des Gitans. Il détient aussi le prix de la meilleure première œuvre de Venise pour Te souviens-tu de Dolly Bell ? L'Ours d'argent de Berlin pour Arizona Dream et le Lion d'argent du meilleur réalisateur pour Chat noir, chat blanc.
Sans cesse en activité, le réalisateur se confie sur ses deux nouveaux projets. L'un, nommé Just One More Time, devrait mêler L'Idiot de Dostoïevski à Crime et Châtiment, et se dérouler en Chine. L'artiste évoque la question de la moralité, notamment suite à la réponse d'un américain interrogé sur le sujet qui fut "Ce qui est moral, c'est ce que j'aime". Emir Kusturica évoque alors la morale Kantienne et son impératif catégorique : la morale n'est pas ce que j'aime, mais ce qui est universalisable. Dans un sujet très actuel également, le réalisateur évoque son esquisse If Not Now, When? qui pourrait traiter de la question de l'immigration d'une façon très réaliste et dure comme le fait Primo Lévi dans son oeuvre Si c'est un homme.
Un programme à la hauteur des ambitions de l'artiste, qui s'est ensuite exprimé sur les problèmes de la société, de l'exploitation du cinéma, des femmes, à Trump.
"Il a été le pire homme du monde pendant 30 ans"
Interrogé sur Weinstein et sur le mouvement #Metoo, Emir Kusturica a qualifié l'homme et les autres agresseurs de "bâtards". Il avance également que Weinstein a été le pire homme pendant 30 ans, non seulement pour avoir détruit la vie de certaines femmes, mais pour avoir également détruit le cinéma indépendant :
"Je connais cet homme, il fait ceci depuis 30 ans. Pourquoi l'exposer maintenant? Peut-être parce que l'élite politique américaine a changé, et maintenant c'est lui le pire homme du monde."
Un avis qui reste sujet à controverse : si Emir Kusturica savait, pourquoi a-t-il participé à ce silence collectif ? L'artiste précise également que si Hillary Clinton avait gagné les élections américaines, ce "maniaque"n'aurait jamais été traité comme il l'est aujourd'hui.
Concernant Trump, le réalisateur le place comme emblème de la crise que subit les États-Unis, et note le nombre de déclarations inappropriées provenant désormais du pays, chose nouvelle et symbole d'une division.
"S'ils ne peuvent pas résoudre un problème, ils parlent d'autres chose qui n'ont pas de sens pour détourner la discussion."
Un respect pour Poutine
Sans pour autant dénigrer l'Amérique, l'artiste revendique son respect pour le dirigeant Russe. Revenant sur une précédente déclaration, où il avançait: "si j'étais Anglais, j'aurais été contre lui. Si j'étais Américain, je me serais même battu contre lui. Si j'étais Russe, j'aurais voté pour lui", Emir Kusturica avance que nous sommes conditionnées, poussés à haïr la Russie par les services de renseignement. Il qualifie sa relation avec Poutine par un mot : le respect.
L'artiste rappelle également qu'il a même reçu une médaille du dirigeant Russe, et son admiration quant à la façon dont il a relevé le pays. Il avance que l'Occident a une fausse image du dirigeant, qu'il a rencontré plusieurs fois, et qu'il respecte tout autant que l'Amérique. "J'ai été élevé à aimer les deux côtés."