C'était en 2003. En plein hiver, sortait sur nos écrans le sulfureux Innocents : The Dreamers de Bernardo Bertolucci venu réchauffer les esprits et les corps. Aux côtés de Louis Garrel et Michael Pitt, une jeune actrice faisait des débuts remarqués devant la caméra. Son nom ? Eva Green. S'il n'est plus utile de la présenter aujourd'hui, c'est en partie grâce au metteur en scène italien qui lui a offert son premier rôle. Au lendemain de sa disparition, Eva Green a tenu à lui rendre hommage.
Le réalisateur italien Bernardo Bertolucci est mort ce lundi 26 novembre à l'âge de 77 ans, laissant derrière lui une filmographie jalonnée de chefs-d'oeuvre parmi lesquels on peut citer Le dernier Tango à Paris, 1900, Le dernier empereur ou encore Little Buddha. Son avant-dernier film, Innocents : The Dreamers, mettant en scène trois âmes errantes dans le Paris de mai 68, faisait la part belle à trois jeunes acteurs en devenir : Michael Pitt, Louis Garrel et Eva Green, qui apparaissait pour la première fois sur grand écran après un passage éclair (très très éclair) dans La Pianiste de Michael Haneke.
À l'annonce de la mort de Bernardo Bertolucci, elle a tenu à rendre hommage dans les colonnes du Hollywood Reporter à celui qui a lancé sa carrière d'actrice de cinéma :
Il m'a donné mon premier rôle - je crois que j'avais 22 ans - alors j'ai toujours eu le sentiment que je lui étais redevable. J'étais une immense fan du Dernier Tango à Paris - j'avais le poster dans ma chambre - alors je voulais terriblement le rôle d'Isabelle. Peut-être est-ce parce que c'était mon premier film, mais c'est probablement une de mes meilleures expériences. Chaque week-end, nous allions dans sa maison, et Bernardo nous racontait des histoires à propos de ses films, de la musique et de l'art des années 60. Il était si gentil et généreux. Une vraie figure paternelle.
a déclaré Eva Green avant d'entrer plus dans les détails du tournage du film :
Je l'appelais Little Buddah. Il y avait une grande sagesse qui émanait de lui (...) j'ai appris énormément de choses à ses côtés. C'était quelqu'un de très ouvert à la spontanéité. Par exemple, nous tournions une scène dans la cuisine et mes cheveux ont pris feu. Michael Pitt a bondi pour éteindre le feu. Bernardo a juste continué à filmer. Si vous regardez le film avec une grande attention, vous pourrez voir mes cheveux en feu pendant une seconde.
Elle évoque enfin la personnalité de Bernardo Bertolucci, en mettant en parallèle l'expérience traumatisante qu'avait vécu l'actrice Maria Schneider sur le tournage du Dernier Tango à Paris et qui avait accusé le réalisateur italien de l'avoir forcée à avoir une relation sexuelle simulée non consentie avec son partenaire de jeu, Marlon Brando :
Comme c'était mon premier film, mes parents étaient inquiets. Ils pensaient que le tournage allait m'abimer. Ils avaient entendu ce qui était arrivé à Maria Schneider sur le tournage du Dernier Tango. Mais j'ai rencontré Bernardo pour quelques tests et le courant est passé tout de suite.
Je n'ai pas envie de minimiser ce qui est arrivé à Maria Schneider. Je suis sûre qu'elle a beaucoup souffert. Si je me base uniquement sur mon expérience, je peux dire que Bernardo s'est toujours conduit en vrai gentleman respectueux. Il savait que je redoutais le tournage des scènes de sexe mais il ne m'a jamais poussée. Il nous a laissés faire à notre rythme. Rien n'était problématique. Il y a tellement de réalisateurs pires que lui - c'était une personne formidable et un maestro.
On pourra très bientôt retrouver Eva Green sur nos écrans dans Dumbo, mis en scène par un autre maestro : Tim Burton. Le film adapté du dessin-animé classique de Disney sortira sur nos écrans le 27 mars prochain.
La bande-annonce émouvante :