En 1990, Ray Liotta entrait dans la grande histoire du cinéma avec "Les Affranchis" de Martin Scorsese. 31 ans plus tard, il est au casting de "Many Saints of Newark", le film de David Chase et Alan Taylor, préquel à la grande série des années 2000 "Les Soprano". On a eu la chance de pouvoir lui poser quelques questions sur son personnage, ce qu'il trouve de commun à Martin Scorsese et David Chase et comment il définirait ce film inédit.
Il n'est évidemment pas besoin de présenter Ray Liotta, une "gueule" du cinéma américain dont la performance en tant qu'Henry Hill dans Les Affranchis de Martin Scorsese est inoubliable. Un rôle qui lui colle à la peau et qui en a fait un voyou iconique du grand écran, un registre qu'il n'a paradoxalement pas tant investi par la suite. À tel point qu'il révélait en 2001 avoir refusé un rôle important dans... Les Soprano. Il voulait alors se concentrer sur le grand écran, mais n'était pas entièrement fermé à l'idée. Quelques années plus tard, une autre opportunité se présente pour intégrer la fameuse série, devenue incontournable, et c'est un autre rendez-vous manqué. Mais la troisième chance de collaborer avec David Chase sera la bonne, puisqu'il est à l'affiche de Many Saints of Newark, film préquel des Soprano. On lui a posé quelques questions sur ce nouveau rôle.
Comment avez-vous intégré le casting de Many Saints of Newark ?
Ray Liotta : J’avais entendu parler du projet. Nous ne nous étions pas encore rencontrés à ce sujet, mais David Chase et Alan Taylor étaient disposés à me voir. Ils étaient à New York et j’ai dit à mon agent que j’aimais beaucoup l’idée. J’avais déjà rencontré David Chase auparavant, qui voulait me proposer d’intégrer Les Soprano, mais ça n'avait pas marché. J’ai toujours admiré ce qu’il a créé, alors je me suis rendu à New York et je les ai rencontrés pour un déjeuner, sans aucune garantie. À la fin de ce déjeuner, ils m’ont demandé si je voulais jouer ce personnage de mafieux. C’est arrivé, et j'en suis heureux parce que je voulais vraiment travailler avec David.
Vous avez un double rôle dans Many Saints of Newark, pouvez-vous nous parler de celui de « Hollywood Dick » Moltisanti ?
R. L. : C’est le boss d’une famille, pendant un temps, avant que son fils n’en prenne la tête. De manière classique, les membre de la famille le payaient, lui redistribuaient l’argent des vols et des méfaits qu’ils commettaient. Mais maintenant il est en retrait, il s’est éloigné de cette vie, et laisse la place à son fils.
J’ai toujours aimé ce type de personnages, mais en réalité je n’ai joué que trois fois un membre de la mafia. Non, en fait seulement deux. Henry Hill dans Les Affranchis ne fait pas réellement partie de la mafia, c’est juste un « errand boy ». J’aime l’histoire qui est racontée dans Many Saints of Newark, j’y ai pris du plaisir, et David est un si bon scénariste… C’était vraiment un bonheur d’y participer.
Film de gangsters autonome, prologue des Soprano, drame familial... Comment définir Many Saints of Newark ?
R. L. : Avant tout, c’est très divertissant, c’est un film qui existe par lui-même, vous n’avez pas besoin de voir la série pour le comprendre et l’apprécier. Mais ces personnages sont aussi ceux qui existent dans Les Soprano, et ce double aspect est précieux. Je crois, si je devais trouver une idée principale du film, que ce serait le récit d’une famille, des liens du sang et de tout ce que cette famille traverse.
Vous êtes un des personnages principaux du très grand film Les Affranchis de Martin Scorsese. Voyez-vous des points communs entre son travail et celui de David Chase ?
R. L. : Martin Scorsese et David Chase ont en commun le pouvoir de vous faire croire au jeu que vous jouez, et c’est exaltant. Comme David, Marty est très attaché à l’écriture et aux scénarios de ses histoires, et ce qui fait leur particularité est qu’ils sont infiniment passionnés par ce qu’ils font. Ils sont tous les deux complètement obsédés par l’idée de « faire croire ».
Ça fait longtemps que je fais ce métier, et j’ai compris que la grande différence se situait au niveau de la passion, parce que les meilleurs films sont toujours ceux dont les auteurs sont exaltés à leur sujet. Et Marty et David en sont des exemples parfaits.
Vous avez plusieurs scènes avec Alessandro Nivola, interprète de Dickie Moltisanti. Comment s'est passée votre collaboration ?
R. L. : Avec Alessandro , c’était du bon travail. Mais je dois dire que je suis plutôt solitaire sur les plateaux et dans Many Saints of Newark nous n’avons pas une relation classique père-fils, au-delà d'une simple histoire d'amour et de dispute, alors j’ai plutôt gardé mes distances ! Et comme mon personnage a une connexion particulière aux autres personnages présents, je me tenais plutôt à l’écart, je ne suis trop pas le genre d’acteur qui « traîne » avec les autres pendant un tournage. Mais c’était agréable de travailler avec lui parce qu’il était très investi dans son travail, ça a été une très belle expérience.